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Publié par fxg

Antoine Joly, ambassadeur de France à Paramaribo

Antoine Joly, ambassadeur de France à Paramaribo

La vague de migrants haïtiens expliquée par le préfet de Guyane et l’ambassadeur de France au Suriname

La délégation outre-mer de l’Assemblée nationale s’est penchée mercredi 23 juin sur l’arrivée massive et organisée de migrants haïtiens aux Antilles et en Guyane au mois d’avril dernier. Si Stanislas Cazelles, le préfet de la Martinique, n’a pu répondre à l’invitation, son homologue de Guyane, Thierry Quefellec, et Antoine Joly, l’ambassadeur de France au Suriname, ont bien voulu s’exprimer devant la représentation nationale.

Cette « vague haïtienne » venue du Suriname s’est produite dans le contexte de l’arrivée de Syriens, Palestiniens et Erythréens en Guyane depuis le Venezuela. Le préfet Quéfellec a d’ailleurs évoqué le phénomène migratoire en Guyane comme habituel. A ce titre, il a rappelé qu’un Guyanais sur trois dépend de la préfecture pour son titre de séjour. Il a cité le nombre de 92 800 dossiers de cartes de séjour sur 294 000 habitants ! La seule communauté haïtienne en Guyane comporte plus de 135 000 personnes d’après le consulat général de Haïti.

En avril dernier, alors que les frontières étaient fermées, une poussée d’immigration haïtienne a été observée avec l’afflux devant la sous-préfecture de Saint-Laurent de 25 à 40 personnes par jour contre 3 ou 4 habituellement. Parmi les demandeurs d’asile, beaucoup d’enfants pas nécessairement reliés à des familles, ce qui a causé la suspicion d’un trafic organisé. Le préfet de Guyane a donc sollicité l’ambassadeur de France à Paramaribo pour tenter d’en savoir plus. Antoine Joly a ainsi expliqué que depuis deux ans, il est amené à gérer des afflux de migrants haïtiens qui arrivent au Suriname pour aller en Guyane. Le 8 avril dernier, après avoir été alerté par Thierry Quéfellec, il a demandé au gouvernement surinamais d’intervenir. Le 16 avril, Chan Santokhi, président du Suriname, a annoncé l’arrêt de tous les vols charters en provenance d’Haïti ainsi que la mise en place d’une commission d’enquête présidentielle sur les conditions qui ont permis ces vols charter dont on attend encore le rapport. Selon l’ambassadeur Joly, il s’agit d’une « organisation mercantile » dont le responsable est connu pour être un soutien du précédent gouvernement avant de tourner sa veste et de soutenir l’actuel. « C’est un ex-Haïtien connu de la justice française. » Sitôt alertées, les autorités locales ont d’ailleurs déchu de ses fonctions le chef de l’immigration à Paramaribo. En tout, c’est une quinzaine de vols qui ont permis à quelque 1 400 ressortissants haïtiens d’entrer au Suriname. « Tous ne sont pas entrés en Guyane, a précisé l’ambassadeur, car nombre d’entre eux ont choisi d’aller au Guyana pour entrer au Brésil. » Le Guyana a d’ailleurs mis en place la semaine dernière un dispositif de visa pour les Haïtiens. La crise et les violences qui agitent Haïti expliquent sans doute cet afflux de migrants au Suriname, un pays qui a toujours accueilli des Haïtiens (les deux pays appartiennent au Caricom). Selon l’ambassadeur, ces nouveaux migrants semblent plus aisés. Il a évoqué des ingénieurs et des infirmières… « Nous n’avons pas constaté de hausse de la demande d’hébergement d’urgence », a indiqué le préfet qui confirme lui aussi le caractère plus aisé de ces migrants haïtiens.

Cette vague du mois d’avril a aussi posé problème au Suriname qui est dans une période très difficile après la fin du régime de Bouterse. L’ambassadeur a évoqué un Etat quasi en faillite. « Cette vague a eu des répercussions sur la communauté haïtienne présente au Suriname de longue date. » C’est-à-dire que même aux yeux de ces Haïtiens, la Guyane française est redevenue attractive. Or, si la Guyane a une tradition d’accueil et d’intégration, elle arrive, selon le préfet Quéfellec, à une « saturation, un trop plein. C’est une poussée migratoire de moins en moins acceptée. » Pour l’heure, les vols charter en provenance de Haïti ont cessé comme les afflux devant la sous-préfecture de Saint-Laurent. Et c’est tant mieux, explique le préfet, car « la gestion de la frontière reste sensible. On ne partage pas une frontière, mais une population. L’identité du fleuve est souvent plus forte que l’identité guyanaise ou surinamaise. »

FXG

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