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Publié par fxg

Le champion de France de Slam porte la voix de l'outremer

Son père est un Guade-loupéen de Petit-Bourg, sa mère est Réunion-naise d'origine mal-gache. Lui, Jean Yves Bertogal dit JYB, est né à Nouméa. Après un bref séjour en Calédonie, puis en Guade-loupe, il est devenu parisien. A 53 ans, il vient d'être sacré champion de France de slam poésie et participe au championnat du monde en ce moment en Estonie.

"Les mots, ça a toujours été !" JYB, Jean-Yves Bertogal est un grand slameur ! C'est lui qui représente la France aux championnats du monde de slam à Tartu en Estonie ce 17 novembre. 19 pays concourent pour le titre ! Cette place, il l'a remportée en juin dernier à Paris. La compétition est ouverte à des slameurs venus de toute la France. "On se chiktay", raconte JYB. L'esprit de la joute verbale est là. "Je pensais pouvoir gagner, mais pas avant deux ans... Pas avec mes textes parce que le slam est plus urbain, plus populaire..." Cartouche, le favori, est premier au classement au moment du paage de JYB. Avant de monter sur scène, quelqu'un lui dit : "T'es le dernier, fais-toi plaisir !" Il sort un texte de la poche de son pantalon, puis le jette. "Je vais faire poésie", lance-t-il avant de déclamer "Mes mots" : "J'écris pour refroidir cette lave incandescente..." Il est à l'aise, il ne sent plus le poids du concours. "Gardien de l'histoire de mon peuple éparsé, parsemé, je ne saurai caché mes cris et c'est pour ça que j'écris..." JYB ne fait plus la course, il est en pleine sincérité, il prend son temps, il parle aux gens... "Lorsque le temps ne sera plus (...) Je voudrais retrouver mes rires d'enfant chargés du poids de l'innocence sur le trottoir de ma mémoire."

Une émotion s'est posée sur la salle. JYB a fait la différence. "Enfin de la poésie", lui lâche un juré après qu'il a été déclaré vainqueur. JYB a démarré avec Pierre Kobel* dans un club de poésie, on truc, c'est le slam littéraire, alors JYB a accolé à son trigramme "slam litt". "A la base, je disais mes textes, mais je faisais de la poésie. On m'a dit : c'est du slam." On le demande à l'UNESCO, à l'Assemblée nationale... "Par l'habit du tiers-mondisme. Profits de geôliers engraissés. Se faire du beurre sur le séisme fait chialer la moralité." Il teste ses écrits sur Haïti dans tous les lieux officiels. "Pour prévenir tout risque de censure", prévient-il avec malice. Chaque 10 mai, il interprète la déclaration de Louis Delgrès. Il fréquente aussi la scène slam de Belleville et Ménilmontant où l'on gagne ses verres en disant des textes ! C'est sur une de ces scènes, en 2008, que Pascale Desmazières, des éditions Les Xérographes, publie son premier recueil, "L'écho des conques ultramarines". Il recontre Joby Barnabé avec qui il partage une scène. Jyb est subjugué par son "ladja de pawol". "Barnabé est un précurseur du slam", s'enthousiasme-t-il. Son écriture plonge dans sa Kanay natale, ses origines diverses, son altérité : "Un homme aux identités arc-en-ciel ne peut se découvrir en entier que lorsqu'il arrive à apprivoiser son moi multiple prismé." Ses mots jaillissent tel un jet de lave puissante et pourtant, ce n'est que du souffle.

En mars, dernier, un second recueil sort : "Les âmes de la réminiscence". Le livre porte un bandeau jaune : "Champion de France de slam poésie du Grand slam national 2015." Le 16 octobre dernier à Caen, avec le haute-contre martiniquais, Fabrice di Falco, il a connu un grand moment en partageant un instant la scène de Barbara Hendricks !

Après les championnats du monde en Estonie, JYB s'envole le 28 novembre pour Madagascar où il vient représenter la France au 6e festival national de slam poésie.

FXG, à Paris

* Pierre Kobel est le co-auteur de l’anthologie Vive la liberté ! parue dans la collection Poes’idéal aux Éditions Bruno Doucey en novembre 2014.

Dure la vie d'artiste

Pour aller à Madagascar, JYB a sollicité une petite aide financière de la délégation interministérielle à l'égalité des chances des Français d'Outre-mer, du ministère des Outre-mer, de l'agence de promotion et de diffusion des cultures d'outre-mer. Pas un de ces organismes n'a su l'aider financièrement, un seul a su le faire en le renvoyant au ministère de la Culture. Ca sert à rien alors tous ces machins dédiés aux Ultramarins de l'Hexagone ?

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C
Félicitations Jean-Yves !!! Fière de toi et de tes qualités
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