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Publié par fxg

Evaporation de fonds au MACTe

Plaintes croisées au Mémorial Acte

Après un conseil d'administration du Memorial Acte tendu, mardi 16 mars dernier à Pointe-à-Pitre, où devait se jouer l’avenir professionnel de sa directrice générale, cette dernière a   fait savoir aux administrateurs du MACTe qu’elle a porté plainte pour dénonciation calomnieuse et avisé le parquet de la disparition de 420 000 euros. Mardi matin, elle apprenait sa suspension à titre conservatoire...

Peu avant d’être convoquée devant le conseil d’administration du MACTe pour discuter de son « éventuel maintien à son poste », Laurella Rinçon, directrice générale du MACTe, a déposé une plainte auprès du procureur de la République de Pointe-à-Pitre pour dénoncer des faits commis par la CFTC Territoriaux de Guadeloupe représentée par Mario Varo. Le même représentant syndical avait lui aussi en date du 10 février dernier déposé une plainte contre X devant le procureur. M. Varo dénonçait des faits d’emploi fictif au MACTe, des détournements de fonds publics, des irrégularités dans le fonctionnement du conseil d’administration du MACTe, un harcèlement moral exercé sur certains employés par la directrice générale du MACTe et la mise au placard de certains salariés. La plainte est dirigée contre X, mais l’avocate parisienne de Mme Rinçon écrit que M. Varo « a assumé de citer nommément » sa cliente « comme responsable du désordre et des méfaits qualifiés » avant de se répandre dans la presse et sur les réseaux sociaux « causant en cela un préjudice considérable à Mme Rinçon tant en termes d’honorabilité, de respectabilité que de probité. » Ce serait d’autant plus grave que M. Varo se serait targué que sa plainte ne soit que « symbolique ». Quid du harcèlement moral dont elle est accusée ? Selon le syndicaliste, Mme Rinçon serait à l’origine « d’une gestion toxique, d’embauches discrétionnaires et d’inégalité dans le traitement des agents ».

Que s’est-il passé au MACTe depuis le 1er octobre 2019, date à laquelle Laurella Rinçon a pris son poste ? Du 16 mars au 2 juillet 2020, les agents ont été confinés et en télétravail. À partir de cette date, ils sont revenus au MACTe en alternance jusqu’au 1er février 2021. Le président de Région, tutelle du MACTe, a été alerté de faits de harcèlement par un courrier daté du 12 juin 2020, soit 8,5 mois après l’arrivée de Mme Rinçon, dont trois pendant lesquels tous étaient chez eux. Les faits de harcèlement allégués se seraient donc produits pendant une période de 5,5 mois.

L’affaire des notes de taxi

Et c’est là qu’intervient l’affaire des notes de taxi de la directrice générale révélée par nos confrères de Guadeloupe la 1ère. Ne possédant pas de permis de conduire, Laurella Rinçon décide en accord avec le conseiller spécial du président de Région et le président du MACTe de faire appel à un artisan taxi pour effectuer chaque jour le trajet entre son domicile sainte-annais et l’établissement pointois.  Un avenant au contrat de travail de Laurella Rinçon est signé pour permettre la prise en charge de cette dépense par le MACTe. Chaque course est facturée 105,58 euros. La facture totale atteint 5 818,82 euros pour une prestation effectuée du 1er octobre au 13 décembre 2019. Suite au refus du payeur régional d’honorer cette créance, l’artisan taxi puis le syndicat des taxis saisissent les 10 juin et 10 juillet le président de Région qui renvoie la facture au MACTe. Mme Rinçon explique alors qu’en raison de contingences matérielles, l’EPCC MACTe ne disposant pas de sa propre régie d’avances et de recettes, c’est via la régie Région-MACTe constituée depuis 2015 qu’ont été provisoirement encaissées les recettes du MACTe et ce jusqu’au 12 mai 2020, date de clôture de la régie. La Région verse alors « pour solde de tout compte », la somme de 329 878,63 euros au MACTe alors qu’entre le 19 août 2019 et le 12 mai 2020, ses recettes ont été de 753 532,04 euros. La somme de 423 653,41 euros, correspondant aux recettes du second semestre 2019, selon Mme la responsable de la régie Région-MACTe, a été occultée.

Plus de 420 000 euros manquant

Tant que le MACTe n’encaissait pas ses recettes, Laurella Rinçon estimait normal que la régie Région-MACTe paye ses factures de taxi ! Il faudra plusieurs mois pour que le conseil d’administration vote le 9 décembre le principe du reversement quelques 420 000 euros manquants avant que les administrateurs du MACTe annulent ce vote pour des motifs que Mme Rinçon conteste. Elle a d’ailleurs fait un signalement au titre de l’article 40 du code de procédure pénale qui oblige tout fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit, à en aviser sans délai le procureur de la République. A noter qu’elle a aussi signalé un système de surfacturation généralisé. C’est depuis lors, estime l’intéressée, qu’elle fait l’objet d’une campagne de déstabilisation et de dénigrement menée par la section syndicale CFTC du MACTe qui l’accuse entre autres d’emploi fictif : « Nous avons découvert l’existence d’un salarié recruté par la directrice (…) et dont les fonctions réelles ne sont pas portées sur son bulletin de paye »… Il s’agit en fait d’un homme embauché comme chauffeur, un CDD à temps partiel de 70 % du 1er juin au 31 août 2020 pour un salaire de 2217 euros nets, puis un CDD à temps partiel de 50 % du 1er octobre 2020 au 31 mars 2021 pour 1583,79 euros nets. Le contrat stipule que l’employé assurera les déplacements de la directrice, des chercheurs-invités, des artistes en résidence et des commissaires-invités, sans que ces tâches ne soient limitatives. La plainte de Laurella Rinçon vise donc des faits de dénonciation calomnieuse, des faits d’autant plus graves que le 16 mars dernier, elle était convoquée devant le conseil d’administration pour discuter de son éventuel licenciement. La directrice générale du MACTe a reçu une lettre l'informant de sa suspension à titre conservatoire mardi.

FXG

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