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Publié par fxg

Maël Disa, l'actuel délégué interministériel pourrait prendre la tête de Ladom une fois celle-ci fusionnée avec sa délégation

Maël Disa, l'actuel délégué interministériel pourrait prendre la tête de Ladom une fois celle-ci fusionnée avec sa délégation

Ladom/Délégation à l’égalité des chances : les raisons d’une fusion

Le projet de fusion de Ladom et de la délégation à l’égalité des chances annoncée par le ministre fait suite à un rapport de la Cour des comptes sur la délégation, mais intervient également dans un contexte difficile au sein de l’agence d’Outre-mer pour les mobilités (Ladom, ex-ANT).

« La délégation sera dissoute et sa présidence sera fusionné avec la présidence de Ladom » Ainsi s’est exprimé Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer, jeudi dernier, en marge d’une conférence de presse. Certes, la délégation interministérielle à l’égalité des chances des Français d’outre-mer et la visibilité des outre-mer a dû pâtir du fait que, au début du mandat d'Emmanuel Macron, elle a eu un chargé de mission fantôme qui s'appelait Alexandre Benalla, mais cette annonce fait d’abord suite à la publication le même jour d’un rapport de la Cour des comptes. « La délégation n’a pas réussi à mettre en œuvre de manière satisfaisante ses attributions larges et imprécises », annoncent d’emblée les juges de la rue Cambon qui détaillent leur critique : « En l'absence de mandat précis, les délégués successifs ont pris l’initiative de divers projets, sans continuité ni suivi de leur mise en œuvre. Les rares résultats chiffrés disponibles indiquent un faible niveau de réalisation. Les outils ou dispositifs mis en place à cette occasion se sont révélés éphémères et sans grand impact. »

Réagissant à ce rapport, l’ancien et premier titulaire, en 2007, de la délégation, Patrick Karam est monté au créneau pour défendre l’actuel délégué Maël Disa : « La Cour des comptes lui reproche de ne proposer qu’une petite trentaine de places sur sa plateforme alors qu'en réalité c'est un plus ! Il intervient auprès du CNOUS et des CROUS pour placer les étudiants… Le délégué interministériel a fait son travail ! le problème c'est la Cour des comptes et sa doctrine qui consiste à dire que tous les dispositifs pour les outre-mer ne servent à rien. » Or, Patrick Karam assure que les ratios d'étudiants ultramarins logés dans les soixante mille places dont disposent les CROUS sont très inférieurs à la moyenne nationale. « Or ces étudiants viennent de loin et ne rentre pas chez eux tous les week-ends, poursuit l’ancien délégué ! Ils sont dans une situation plus compliquée et on les traite plus mal ! C’est la délégation qui a imposé la règle : à niveau de bourse équivalent, priorité aux étudiants boursiers ultramarins, et qui, année après année, demande au CNOUS un bilan sur le nombre d'étudiants ultramarins logés, académie par académie ! »

Les juges financiers estiment que pour « mieux assurer l’assistance aux étudiants ultramarins présents dans l'Hexagone en matière d’aide à la mobilité, au logement et aux stages en entreprises, ses attributions doivent être redistribuées entre les acteurs publics déjà investis dans ces missions et son existence remise en cause (...) au profit d’une reprise de ses activités par les acteurs publics engagés dans la mobilité, la formation et l’emploi des ressortissants des outre-mer. » Voilà sans doute ce qui a motivé le ministre dans le choix de fusionner la délégation avec l’Agence d’Outre-mer pour la mobilité dite Ladom, qui elle aussi connaît ses propres difficultés.

Interim à Ladom

Depuis son départ de Ladom, Florus Nestar n'a été remplacé que par une fonctionnaire intérimaire

Cette fusion était déjà un projet du cabinet Girardin, mais il en a été empêché par un verrou juridique. Cette fois la critique de la Cour des comptes devrait faciliter les choses. D’autres part, Ladom n’a toujours pas trouvé de successeur à sa tête depuis le départ de Florus Nestar en février 2022. Son intérim est assuré par un cadre venu du ministère de la justice et cet intérim est mal vécu à l'intérieur de l'agence : « Cette personne méprise les domiens », témoigne un employé (qui a préféré gardé l’anonymat) qui lui reproche en plus de ne pas connaître leur métier. Et comme en plus le secrétaire général adjoint est aussi parti, le désarroi est grand chez les agents de Ladom. Un,e situation d’autant plus préjudiciable que, depuis son dernier conseil d’administration en juin, Ladom n’a toujours pas de président.

Depuis le début de l’année, une petite dizaine de personnels ont quitté l’agence, certains en congés maladie. Prochain à partir, l’agent comptable… MM. Nestar et Tepié, les deux principaux dirigeants de Ladom jusqu’alors ont quitté leurs fonctions juste après la signature d’une convention avec Pôle emploi entrée en vigueur au 1er janvier. Ce partenariat signifie que depuis, quand un Domien veut venir se former ou étudier en mobilité dans l’Hexagone, la personne doit d’abord passer par le filtre de Pôle emploi où son projet doit être validé et quantifié en termes de frais pédagogiques et alors seulement Ladom peut lui payer son billet d’avion. Résultat, ça ne fonctionne pas ! « La période Covid, confie un responsable de Ladom, avait baissé nos chiffres, mais on avait eu une reprise l’an dernier et la plupart des unités territoriales avaient rempli leurs objectifs, mais avec ce nouveau système, le service gestion qui voit passer tous les dossiers constate qu’il n’y a jamais eu si peu de dossiers. » Avant la crise sanitaire, Ladom traitait quelque 12 à 13 000 étudiants bénéficiaires du passeport mobilité de LADOM. Aujourd’hui, on est loin du compte. « Si Pôle emploi ne valide pas nos actions, on n’a rien ! Nous ne sommes plus libres dans les Dom de décider qui peut partir se former, car si Pôle emploi estime la formation particulière demandée dans telle ou telle région existe même à peu près dans le département d’origine, la personne ne partira pas ! » Le service de communication de Ladom, sollicité par France-Antilles, n’a pas donné suite à nos demandes de réaction et ou d’information.

Dans ce contexte de crise interne et de chute du nombre de passeports mobilité, la fusion imaginée par le préfet est bien perçue globalement. C’est en tout cas l’avis de Patrick Karam qui y trouve des avantages : La fusion avec Ladom c'est formidable ! Ladom est des missions très précises mais il n'y a pas de connexion avec certains outils dont le délégué dispose et qui ne peuvent être mobilisés par ladom dont la mission est trop limitée. Ladom, c'est juste la continuité territoriale, payer les billets d'avion pour les étudiants et les personnes en mobilité formation. Un délégué qui cumule ses fonctions et celle du directeur de Ladom ne se contentera pas d'appliquer les réglementations, il pourra aller plus loin et déployer les outils que lui donne Ladom dans d'autres secteurs, notamment en direction des artistes, pour reprendre les missions de feue l’agence de promotion et de diffusion des cultures d’Outre-mer. Cette fusion pourrait ainsi répondre aux problématiques soulevées par la dernière partie de l’appellation de la délégation, apportée sous le mandat d’Emmanuel Macron, « la visibilité des Outre-mer ». Dans ce contexte, on verrait d’un bon œil que l’actuel délégué prenne les rênes de la nouvelle entité.

FXG

Les problèmes de Ladom avec l’AFPA

Jusqu’alors Ladom était lié à l’AFPA par un marché, celle-ci étant en difficulté financière, le marché a été rompu, mais l’AFPA a mis sur place avec Ladom un projet de cinq-cents mille euros pour former des femmes isolées. Les Antilles ont refusé d’y participer, tandis que Mayotte, la Réunion et la Guyane ont accepté. A titre expérimental, on a envoyé douze mères avec leurs enfants à Chambéry où on les a scolarisées pour une remise à niveau avant de leur donner une formation de réceptionniste et employé d’étage en hôtellerie, des modules pourtant existant à la Réunion. Ces mamans souvent mal équipées en matière de vêtements, ont été logées dans des chambres de 9 m2 avec leur. L’une qui est venue avec deux enfants s’est vu refuser la formation après la remise à niveau, et a été dirigée vers un foyer pour femmes isolées. Elle a dû se battre pour faire admettre son refus de ce qu’elle considérait comme voie de garage. Elle a dû renvoyer ses enfants à la Réunion chez ses parents, trouver un hébergement en région parisienne où la mission locale lui a trouvé une formation ! La situation de ces femmes a donné lieu à un rapport au conseil d’administration de Ladom. Plusieurs administrateurs dont la vice-présidente de la Région Réunion sont montés au créneau, mais à une voix près, la direction de Ladom est parvenue à reconduire ce projet cette année. La Guadeloupe et la Martinique refusent toujours d’y participer tout comme un certain nombre d’agents de Ladom répugnent « à faire partie de cette mascarade pour refaire un Bumidom ». Certains agents ont été choqués de voir leur DG ignorer la détresse de ces mères qui pleuraient de leur situation et ce d’autant plus que, quelques jours plus tard, à l'occasion du pot de départ, après trente-cinq ans de bons et loyaux services, d'une employée de Ladom, lorsqu’elle s’est mise à pleurer, elle s’est entendu dire : « Vous n'allez pas pleurer comme ces mamans. » Mais ces mères avaient des larmes de détresse, pas d’émotion.

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