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Publié par fxg

INTERVIEW. Christian Estrosi, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer
Nommé à la tête de Médétom, il y a une dizaine de jours, Christian Estrosi ébauche ce que sera son action pour l’outre-mer.
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On se sent Français si on porte la voix de la France"
estrosi-1.jpgQuelles sont vos premières impressions dans ce ministère ?
J’ai fait le tour de tous les services dans cette maison et j’ai trouvé des gens d’une grande qualité en terme de ressources humaines et une grande diversité en terme de compétences
Comment travaillerez-vous avec Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer ?
Ce n’est pas la première fois que l’Outre-mer est rattaché à l’Intérieur. J’ai de véritables liens d’amitié avec Michèle Aliot-Marie et nous serons un vrai tandem au service de l’outre-mer. Nous nous verrons tous les mardis matin rue Oudinot. La ministre se déplacera, c’est un signe important.

Avez-vous prévu des déplacements en outre-mer ?

Je viendrais visiter l’ensemble des territoire d’outre-mer d’ici la fin de l’été. On a dit que je n’aimais pas l’avion ? S’il y a un truc qui ne me fait pas peur, c’est bien ça. A vrai dire, il n’y a pas grand chose qui me fasse peur ! Je me suis rendu fréquemment outre-mer lorsque j’étais ministre délégué à l’Aménagement du territoire et je vais beaucoup me déplacer. Je vais aller d’ici la fin du mois à Mayotte et la Réunion. Puis je prendrai huit jours pour me rendre dans le Pacifique. J’irai partout, sauf sans doute, dans les terres australes françaises. Les manchots ne m’en voudront pas… J’irai ensuite dans les territoires de l’Atlantique.

Vous irez à Saint-Martin et Saint-Barth qui élisent leur nouveaux conseils territoriaux ?
Estrosi-2.jpg
Je me rendrais aux Antilles vers la fin du mois d’août, début septembre. Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont des îles qui sont entrées dans un nouveau paysage. C’est un choix de permettre à des collectivités de mieux marquer leur identité. Je suis un grand décentralisateur et c’est ainsi que j’entends marquer mon passage ici. On parle de l’outre-mer ? L’outre-mer n’est pas un territoire. Je veux parler Polynésie, Réunion, Antilles, Caraïbes… Je vais m’adresser à chacun individuellement. On ne peut pas tenir le même langage à un Breton et un Azuréen ! J’imagine ces femmes et ces hommes qui ont des traditions, des histoires, des cultures si différentes ! Je comprends que si on parle pareillement à un Guadeloupéen ou à un Polynésien, ils ne comprennent pas et moi, je veux être compris. Il y aura une politique spécifique à chacun des territoires. La valeur de chacun sera reconnue pour ce qu’il est. Ca demande un effort de proximité. J’ai mis en place une soixantaine de pôles de compétitivité et il n’y en a que la moitié d’un à la Réunion ! Ce n’est pas suffisant. Les territoires sont la base avancée de la politique étrangère de la France.
Vous plaidez pour une coopération régionale décentralisée ?

Les territoires portent la voix de la France dans leurs relations régionales. On ne le fait pas depuis Paris, même si des choses s’y décident. On se sent Français si on porte la voix de la France et qu’on peut le revendiquer.

Quelle politique de développement allez-vous mettre en branle ?

Il y a des ressources humaines, intellectuelles, scientifiques, des ressources naturelles qui permettent de fonctionner : les énergies renouvelables, la pharmacopée… La France dispose avec les territoires d’une pharmacopée qui permettra d’avoir les molécules pour les médicaments du XXIe siècle.
François Fillon vous a confié, outre ce portefeuille, une mission sur la mer…
Je veux mettre en place une synergie entre des régions maritimes comme la Provence Alpes Côte d’Azur et la Bretagne. Et j’entends faire participer à ce réseau les territoires en établissant des ramifications autour de la culture du risque, des énergies, des ressources marines. On est dans le domaine de l’innovation et de la recherche. La filière des énergies renouvelables est inépuisable : solaire, agriculture…

Estrosi-3.jpgQu’en est-il du gaz qu’on a décelé au large de la Martinique ?

J’avoue ne pas avoir encore approfondi le dossier.

Quelle est votre feuille de route ?

Je rendrai ma copie sur les zones franches globales d’ici dix jours. Il s’agit que les premières dispositions soient applicables dès le budget 2008. Sur la continuité territoriale aérienne, nous allons remettre en cause le statut de délégation de service public. Nous allons revoir tout le cahier des charges. J’engage mes consultations avec les compagnies aériennes. Je finirai avant la fin de l’année. Que ce soit pour le logement social, les zones franches, la continuité aérienne ou numérique, nous proposerons sans doute un texte de loi pour l’outre-mer avec plusieurs chapitres.

Pour relancer le logement social, comment comptez-vous faire ?

Mon idée est de voir comment on peut produire du logement neuf, mais aussi réhabiliter de l’insalubre. Il faut assurer une mixité entre le locatif et l’accession à la propriété. Nicolas Sarkozy veut faire de la France un pays de propriétaires, dans la France d’outre-mer aussi ! On sait qu’il y a des problèmes d’insalubrité, de manque d’espace et de qualité des constructions. Je veux mettre en place un pôle de compétitivité sur l’habitat. Je pense qu’il y a de quoi faire. Le centre ancien de Fort-de-France qui a bénéficié d’un programme de rénovation urbaine est un bon laboratoire. Je souhaite que l’intervention de l’Agence nationale de rénovation urbaine s’étende à tous les centres anciens concernés, y compris les périphéries. Nous allons réfléchir à des dispositions fiscales pour inciter à la construction et à la réhabilitation pour les propriétaires privés. Contre une mise aux normes de leur immobilier, nous proposerons un dispositif incitatif à l’investissement et demanderont à des opérateurs de gestion du patrimoine de s’investir en échange d’un dispositif de garantie des loyers.

Quelle est la philosophie générale de votre politique ?

La philosophie générale, c’est d’utiliser les niches fiscales comme moteur économique. Les territoires doivent pouvoir vivre de leur richesse produite. Pour que chacun soit fier de son pays, il faut se dire que les industries de pointe ne sont pas faites que pour la métropole, que les services ne doivent pas venir que de la métropole. Je veux de l’industrie de pointe, des services et que l’on exporte !

Comment exporter notre rhum si Bruxelles limite nos quotas ?

Je vais avoir des rapports de force importants avec Bruxelles et je les conduirai !

Où en est la nomination du délégué interministériel à la cohésion sociale et à l’égalité des chances pour les ultra-marins ?Estrosi-4.jpg

C’est la volonté du président de la République. Nous devons avoir un message permanent à l’égard des ultra-marins de métropole.

Et le message à l’égard des ultra-marins dans leurs territoires ?

Je veux que chaque citoyen de chaque territoire de la France d’outre-mer aime la France et se sente aimé par la France. Il faut pour cela qu’il ait le sentiment qu’on a réussi à créer une véritable égalité des chances. Y en a t-il aujourd’hui ? Non. L ‘écolier, le collégien a-t-il la même égalité pour son cursus que celui de métropole ? Non. Y a t-il la même égalité sur le haut débit ? Non. Y a t-il la même égalité en matière de santé quand on a des soins à 7 heures de pirogue ? Non. La France doit porter l’égalité des chances à chacun. Vous avez subi des politiques égalitaristes, avec Nicolas Sarkozy, vous allez connaître des politiques d’équité.

Où en est le projet de maison de l’Outre-mer ?

Je souhaite, je ne sais pas encore sous quelle forme, annoncer rapidement quelle excellence nous allons mettre en valeur sur les territoires d’outre-mer. A partir de là, nous devrons voir comment les mettre en valeur… Une maison de l’Outre-mer ? Il faudrait le faire avec l’agence française des investissements internationaux, le commerce extérieur… Je ne crois qu’au décloisonnement. Pourquoi créer une structure de plus alors qu’on cherche de la transversalité.

Vous voulez dire qu’il faut sortir l’outre-mer de son ghetto ?

Oui. Depuis vingt ans, les universitaires, payés sur fonds publics, travaillent dans leur coin et leurs travaux profitent jamais aux industries. On a décloisonné ça. Le potentiel de la recherche publique sera mis au service de l’innovation industrielle et des PME. Les DOM ont intérêt à un tel décloisonnement. L’outre-mer n’a pas besoin d’un nouveau ghetto à Paris. Le devoir de la France est d’aider à commercialiser les innovations techniques de l’outre-mer.

Confirmez-vous l’arrivée de France Ô sur la TNT ?

Je confirme. France Ô sera sur la TNT en septembre et je me battrai pour la TNT en outre-mer. Je voudrais qu’on obtienne un statut qui permette d’apporter la TNT. Quand on paye la redevance audiovisuelle, il faut qu’on est tous droit à la même télévision !

 
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B
Eblouissant !!!!
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