Badinter soutient Taubira
Robert Badinter, l'ancien ministre de la Justice et garde des Sceaux du premier gouvernement socialiste de la 5e République (1981-1986) que Francois Mitterrand nomma président du Conseil constitutionnel (1986-1995), a commémoré, lundi 25 novembre, avec l'actuelle locataire de la place Vendome, Christiane Taubira, la création, il y a trente ans, d'une peine alternative, le travail d’intérêt général.
Interview
« Tout propos raciste est incompatible avec la République »
Quel regard portez-vous, 30 ans après leur création, sur les travaux d’intérêt général ?
C’est un succès parce que c’est devenu une mesure qu’on prend régulièrement dans les tribunaux. La magistrature judiciaire est conservatrice et il a fallu un lent processus d’acclimatation culturelle. Aujourd’hui, le TIG fait partie de la panoplie des mesures qui permettent d’éviter l’incarcération pour des courtes peines. Je considère que l’exécution de ces peines ne fait qu’ajouter un mal a un autre.
Est-ce que vous défendez le projet de loi de la prévention de la récidive de Mme Taubira et la contrainte pénale ?
Je défends la contrainte pénale et toutes les mesures qui permettent d’éviter l’incarcération des petits délinquants pour des courtes peines en prison. C’est la pire des mesures qu’on puisse prendre dans les conditions actuelles de nos maisons d’arrêt. C’est producteur de récidive.
Vous avez témoigné à la ministre de la Justice de votre « inquiétude sur le climat de la République » après les injures dont elle a été victime…
Que ce soit un outrage à la République ; c’est évident. S’agissant de tout propos raciste, il est incompatible avec la République. Elle est fondée sur quelques valeurs essentielles et parmi ces valeurs, il y a le refus absolu de toute forme de racisme, d’antisémitisme, de discrimination pour des raisons ethniques, religieuses, etc… Mais, ce n’est pas que des mots, c’est ici une exigence première. Il ne peut pas y avoir de République quand vous avez des insultes racistes et a fortiori quand elles s’adressent à un représentant de la République.
Pensez-vous que sa nomination à la tête du Conseil constitutionnel serait une bonne réponse de la République ?
Je n’ai aucune qualité à cet égard pour choisir un successeur à M. Debré.
Propos recueillis par FXG, à Paris
Photos : RDG