100 billets d'avion gratuits pour les Antillais dans la précarité
La case sociale antillaise s’associe avec Air Caraïbes pour une aide au retour
Gaston Calife et son équipe de la Case antillaise viennent de franchir une nouvelle étape dans la lutte contre la pauvreté qui touche la communauté domienne à Paris. Air Caraïbes met 100 billets d’avion gratuits à disposition de l’association
Tout le monde était sur le pont mardi matin pour recevoir le directeur commercial d’Air Caraïbes, Edmond Richard, et Claudy Siar. La compagnie Air Caraïbes et l’association, la Case sociale antillaise, ont signé mardi à Paris, sous l’égide de la délégation de Claudy Siar, une convention de mise à disposition gratuite d’un total de cent billets d’avions par an. Cet signature doit permettre de rompre l’éloignement et de rapprocher les familles en grande précarité sociale. Pour certains, il s’agira d’effectuer un retour définitif dans le pays d’origine. L’aide apportée par la compagnie ne pourra pas concerner plus de trois personnes par famille et une fois seulement. Les dossiers seront sélectionnés, instruits et étudiés en commission sociale avant d’être approuvés après enquête et vérification. Les bénéficiaires voyageront en basse saison et hors vacances scolaires. « On pense qu’à travers cette initiative on arrivera à soulager et à apporter un peu de bonheur à des personnes qui n’ont pas eu l’occasion de voir leur famille, leurs proches depuis longtemps. On espère faire bénéficier à un grand nombre d’Antillo-Guyanais ces facilités, a expliqué le directeur commercial de la compagnie, Edmond Richard. Il y aura certainement un droit de regard, mais surtout pas un droit de vérification. C’est une convention signée en toute confiance. » « Pour moi ça ne pouvait pas se faire, témoigne, la voix chargée d’émotion, le président de la Case sociale, Gaston Calife. Ce n’était pas possible qu’une grosse compagnie comme Air Caraïbes puisse mettre à notre disposition cent billets d’avion. On nous a déjà tellement promis… » Alors quand il a vu le parapheur devant lui qui n’attendait que sa signature, il s’est revu le jour de son mariage, « la dernière fois que j’ai signé un papier… » Avec trente trois ans d’existence, la Case sociale antillaise a une vraie légitimité dans le domaine de la lutte contre la misère et la précarité. Elle a six employés permanents ; offre des consultations gratuites d’avocat, de psychologue, de sociologue, sert des boite aux lettres de domiciliation, organise la distribution de plateaux repas chaque mercredi, aux plus démunis. Dans ses 200 m2 de locaux, la case sociale antillaise reçoit plus de 3000 personnes par an. La case sociale antillaise est une association qui évolue. Aujourd’hui, bien qu’ayant gardé son nom d’origine, elle est devenue le centre social des originaires de l’outre-mer français, d’Afrique, des Caraïbes, du Pacifique et d’Europe. Un coup d’œil sur le registre fait constater que plus de 36 nationalités poussent la porte du 62 rue de la Chapelle, en grande majorité des Maghrébins, des Maliens, des Haïtiens. Ces personnes sont reçus mais pas prises en charges. Seuls les domiens peuvent l’être et ils sont nombreux.
Alfred Jocksan
Trois questions à Gaston Calife
« La communauté est silencieuse, fière et orgueilleuse »
Combien estimez- vous le nombre de bénéficiaires de ces billets d’avion gatuits ?
Chaque année, 3000 personnes nous demandent de l’aide ; nous arrivons à en aider environ 500. Pour un retour définitif au pays, 200 personnes se manifestent. Mais, je ne veux pas déplacer un mal pour le replacer de l’autre coté si nous ne voulons pas que ce type de personnes passent leur temps dans les hôpitaux psychiatriques. La communauté est silencieuse, fière et orgueilleuse, elle ne laisse pas voir sa misère ni sa détresse. On voit aujourd’hui des familles antillaises qui viennent faire la queue dehors pour prendre à manger gratuitement. Il y a dix ans, on n’aurait jamais vu ça. Ça veut dire qu’il y a un problème. Souvent, quand vous vous rendez dans les hôpitaux, vous êtes surpris de voir comment ils sont nombreux. Même, dans le bâtiment des femmes à Fleury-Mérogis ! Aujourd’hui, on vole pour manger , parce que c’est la survie. Nous avons mis en place des dispositifs pour faciliter des retours au pays, même si la famille n’en veut pas. Je pense qu’avec ces billets, il y aura au moins 50 personnes qui pourront aller finir leur vie chez eux.
Quel est le but de la case sociale antillaise ?
Aujourd’hui, notre objectif est d’être d’ici quelques années la première ONG de l’outre-mer. Quand on aura ce titre, on aura des fonds de tous les structures européennes et hors communautaires qui ont des ressortissants français chez eux. On aide les ressortissants des quatre départements d’outremers, Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion pour le moment mais nous recevons tout monde.
N’avez-vous pas l’impression de faire de l’assistanat ?
On ne fait pas de l’assistanat. Nous sommes un garage ! Quand une voiture tombe en panne, on la répare et après elle doit repartir. Nous donnons à toute ces personnes la possibilité de ne pas sombrer dans la folie, mais aussi d’avoir un peu de force pour pouvoir continuer à se battre ici dans l’Hexagone. Beaucoup de ceux qui sont venus à l’époque du BUMIDOM n’ont pas de qualification, ni de diplôme, ni de références. Ils sont marginalisés car ils n’ont pas pu s’intégrer et s’insérer dans la vie économique du pays. Si nous n’aidons pas ces personnes, je pense que les hôpitaux psychiatriques seront remplis d’originaires des DOM.
Propos recueilli par Alfred Jocksan