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Publié par fxg

INTERVIEW. Jean-Jacques Seymour, auteur de Une obsession nommée Hugo
Le journaliste Jean-Jacques Seymour publie chez Menaibuc un livre de réflexion autour du président Hugo Chavez et de sa révolution bolivarienne.
« Hugo Chavez est un révolutionnaire »repro-livre.JPG

Pourquoi vous être intéressé à Hugo Chavez ?

Après huit ans au pouvoir, le président vénézuélien Hugo Chavez a été réélu à une écrasante majorité en décembre 2006. Face à un nouveau mandat de six ans, riche des revenus pétroliers du pays et enhardi par une forte cote de popularité, il se dit confiant pour l’avenir de ce qu’il appelle sa révolution bolivarienne et compte bien établir son socialisme du 21ème siècle, encore mal défini. On s’inquiète pourtant que, pour arriver à ses fins, l’ancien colonel, autrefois instigateur d’un coup d’État, soit prêt à sacrifier les principes démocratiques. Il n’est pas encore un dictateur et n’a en général pas tenté de se conduire comme tel mais il a montré une forte tendance à l’autocratie.

Quelle est l’incidence du phénomène Chavez sur la politique régionale et dans l’hémisphère ?

Chavez s’est attelé à reconstruire le Venezuela depuis sa première élection en 1998. Un an plus tard, il a fait adopter une nouvelle constitution mettant fin au condominium des partis traditionnels qui avait dominé le pays depuis plus de deux générations pour le remplacer par une démocratie participative fondée sur une relation directe entre le président et le peuple. Le Congrès bicaméral est devenu une seule Assemblée nationale qui, depuis qu’une opposition fortement divisée a eu l’imprudence de boycotter les élections législatives de décembre 2005, ne compte que des membres pro-Chavez.

Et l’opposition ?

Les traditionnels contre-pouvoirs qui équilibrent l’exécutif ont disparu à mesure que les principales institutions de l’État, comme le bureau du procureur général, la Cour suprême, le Conseil électoral national et les forces armées, sont progressivement passés sous le contrôle du président et de ses fidèles, des officiers et militaires en service actif et des réservistes occupant des postes normalement tenus par des civils. D’importants programmes de services sociaux ont été lancés dans les quartiers pauvres sous le nom de missions et ont aidé le gouvernement à acquérir un soutien populaire

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                (Photos RDG)

Il a pourtant été fortement contesté …

Durant ses cinq premières années au pouvoir, Hugo Chavez a dû faire face à plusieurs tentatives visant à le renverser, que ce soit par des moyens constitutionnels ou non. En avril 2002 et à la fin 2003, il a essuyé d’abord un coup d’État puis une grève nationale prolongée ; en août 2004, il est sorti victorieux d’un plébiscite. Stimulé par ce vote et des prix du pétrole élevés, il agit depuis sur un mode offensif. En janvier 2007, l’Assemblée nationale a adopté après un court débat une loi accordant au président de larges pouvoirs législatifs pour une période de dix-huit mois.

La prolifération des groupes armés ne pourrait-elle pas devenir un problème ?

De nombreux groupes chavistes, notamment à Caracas, ont accès à des armes tandis que d’autres groupes formés par le gouvernement comme le Front Francisco Miranda, une organisation civile qui regroupe des jeunes envoyés depuis Cuba pour suivre une formation idéologique, devraient en recevoir. La Garde territoriale et l’armée de réserve récemment créées sont en dehors de la chaîne de commandement militaire et répondent directement au président. On craint que certains des groupes armés se transforment en mafia criminelles. Chavez devra par ailleurs combler les fissures qui sont apparues au sein de son propre camp sur la question de savoir quelle direction donner à sa révolution.

Peut-il bousculer l’ordre établi ?

Hugo Chavez est un révolutionnaire. Depuis son accession au pouvoir en 1999, il est dans une logique de rupture tant dans sa façon de gérer l’Etat que dans ses relations avec le monde capitaliste. C’est un pays qui avait été mis sous coupe réglée par les multinationales. Un pays plongé pour une grande partie de sa population, dans la pauvreté, dont Chavez hérite. D’un côté, il y a la misère du peuple et de l’autre, les multinationales qui pompent les richesses du pays.

La Banque du Sud peut-elle apporter des solutions ?

Quelques semaines après avoir fini de payer sa dette aux institutions financières iknternationales, le Venezuela est sur le point de se retirer de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. La manne pétrolière a permis de solder, avant terme, la dette du pays et l’un des premiers pays producteurs de pétrole n’entend plus se laisser dicter sa politique par quiconque. C’est donc une affirmation de son indépendance politique et économique. La Banque du sud financerait désormais les chantiers du développement des Etats membres à partir des revenus du pétrole.

Y a-t-il un front international anti-Chavez ?

Les mesures de rétorsions, les intimidations, le chantage et même la subversion ne manqueront certainement pas. Les enjeux sont énormes et il faudrait avoir du cran pour tenir. Les alter mondialistes et les pays du tiers-monde tiennent là un moyen d’affaiblir le système néolibéral en élargissant le cercle des émules du projet Chavez. La défiance prendrait alors une nouvelle ampleur et crédibiliserait ainsi les alternatives des alter mondialistes face à la déferlante néolibérale.

 

 

 

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