L'autre voix du Cap-Vert
INTERVIEW. Gabriela Mendes
« Ce n’est pas facile de venir après Césaria, mais ça motive ! »
La nouvelle égérie du chant traditionnel cap-verdien, Gabriela Mendes, sort un album, Tradiçao. Rencontre à l’issue d’un concert donné au Satellit Café, mercredi soir à Paris.
Qu’est-ce qui qualifie votre chant ?
C’est du traditionnel, ce qui identifie le Cap-Vert, ce qu’on a toujours fait. J’ai toujours chanté. A l’église, j’étais soliste du groupe choral et depuis 1998, je me produis dans les nuits cap-verdiennes. La morna, c’est le blues du Cap-Vert. C’est plus triste et ça exprime de la nostalgie. Je suis née à Mindelo à Sao Vincente et j’ai vécu deux ans à Foro, l’île où la tradition est la plus puissante.
Vous chantez vos compositions ?
J’écris des morceaux, mais je ne suis pas pressée de les chanter. Je suis d’abord une interprète. Mais mes compositions, si je dois les chanter, cela se fera !
Comment êtes-vous passée de l’Eglise à la scène professionnelle ?
Un producteur français, Didier Jeanne de Casa de Morna, est venu au Cap-Vert. Il m’a entendue chanter dans un pub et ça lui a plu. On a décidé de faire un parcours ensemble… Ca a été un long parcours. J ‘aimais chanter mais je ne pensais pas en faire un métier. Je me disais que je ne gagnerais jamais ma vie mais quand tu aimes, tu insistes et les projets naissent.
Vos parents vous ont suivi ?
J’ai galéré comme tout le monde. J’ai été secrétaire… Il y avait trop de papiers… Ma mère adore car elle a toujours voulu chanter. Elle se voit en moi. Mon père… Il m’a dit : gagne ta vie maintenant. Maintenant, il y croit un peu plus depuis qu’il sait que notre musique existe dans le monde.
Vous venez après l’immense Césaria Evora…
J’ai vu Césaria en concert en France. Je la connaissais déjà et quand j’ai vu ce concert, je me suis dit : pourquoi ne pas faire cette vie là ? J’ai rencontré son guitariste, Bau et il m’a donné un coup de main en acceptant de faire les arrangements de mon album. Césaria est ma référence mais c’est aussi une copine. Depuis que je suis petite, je l’entends. J’ai chanté ses morceaux. Elle a fait du bon travail et a ouvert des portes pour la nouvelle génération. Je suis en marche sur les traces qu’elle a insufflées. On n’a qu’à essayer de continuer son parcours. Ce n’est pas facile de venir après Césaria, mais ça motive !
Vous sortez une réédition de l’album Tradiçao. Quelles sont les nouveautés ?
Nous avons ajouter des titres en français dont le titre éponyme, Tradition, a été traduit par Théofilo Chantre.
Quelles sont vos liens avec les Antilles et la Guyane ?
Je connais le zouk qui se joue énormément chez nous. Nous sommes très éloignés, mais on est des frères. On a quelque chose en commun. J’aimerais bien venir y jouer, je sais que je m’y sentirai chez moi ! Mon percussionniste est Guyanais, c’est Fabrice Thomson.
En attendant de vous écouter ici, où allez-vous vous produire ?
Je serai au Nice jazz festival, le 25 juillet, auparavant je serai le 3 juillet au Sob’s, le New Morning world de New York où tous les zoukers se sont produits, puis à Boston et enfin aux Nuits d’Afrique au Canada.
CD Tradiçao, Casa da Morna/VSPLe tap dancer guyanais, Tamango, arrivé tout juste de New York, est venu écouter la nouvelle égérie de la morna cap-verdienne.