Les dix ans du théâtre d'outre-mer en Avignon
Une salle de Théâtre Edouard Glissant
Pendant le 61e festival d’Avignon, la salle de spectacle du théâtre d’outre-mer en Avignon (TOMA) a été baptisée par Marie-Josée Roig, maire de la cité des papes, du nom d’Edouard Glissant.

« Il n’est pas d’usage que les dédicataires prennent la parole car en général ils ne sont plus là, s’est amusé le philosophe du Diamant. Je ne voudrais pas participer à une cérémonie d’honneurs, mais je voudrais que ma participation soit le gage d’une sorte de contrat pour aimer le théâtre plus que le clinquant et la relation plus que le parti pris… » La plaque, sobrement gravée « Salle Edouard Glissant, philosophe, écrivain, poète, né à Bezaudin, Martinique », a été dévoilée par Marie-José Roig, celle qui, il y a dix ans, avait confié les clés d’une chapelle délabrée aux fondateurs du TOMA. « L’outre-mer était alors cantonné dans une banlieue de théâtre », se souvient Greg Germain. Depuis dix ans, le TOMA, c’est 69 spectacles ont été joués, soit 1484 représentations, 60 000 spectateurs assis, 328 comédiens, 51 auteurs, 272 metteurs en scène et techniciens, 23 régions représentées, une collection de vingt films réalisés par Axe Sud avec France Ô, 100 kilos de citrons verts, 200 de boudins et 1 400 litres rhum !
Avignon 2007
Du 6 au 28 juillet, les spectateurs du festival off d’Avignon se sont vu proposer sept pièces, parmi lesquelles Le costume (Guadeloupe - Harry Kancel) notre photo, La route (Guyane – Ewlyne Guillaume), Changer les essuie-glaces (Réunion – Christine Guérin), Hamlet/Lorenzo (métropole – Antoine Bourseiller), Manteca (Martinique – Ricardo Miranda), Pas de quartier (métropole - Eric Checco) et Aztèque (métropole –Quentin Defait). Toutes ces pièces sont des créations de l’année, encore inédite en Avignon. Côté arts plastiques, le TOMA a invité le scénographe Ludwin Lopez qui a fait une installation basée sur Mayétetpiépoutet, une création de Joby Bernabé jouée en ouverture du dernier carnaval de Fort-de-France.
En dehors du TOMA, Avignon a accueilli d’autres ultra-marins. Ainsi on a vu Maryse Condé, José Exélis, Rudy Silaire et Gilbert Laumort au théâtre du balcon qui donnaient leur pièce, Comme deux frères. A la chapelle des miracles, l’auteur guadeloupéen Alain Foix, participait à une lecture mise en espace par le metteur en scène Bernard Bloch. Ce dernier a demandé à Alain Foix d’écrire un texte « sur la concurrence entre les victimes ». Pour répondre à « cette opposition guignolesque entre victimes », Alain Foix a choisi de faire dialoguer deux héros du théâtre shakespearien, le Juif Shylock, du Marchand de Venise et le Noir Othello, de la pièce éponyme… Une réflexion qui renvoie à l’énigme du sphynx…
Enfin, au Paris, c’est Souria Adèle qui a fait beaucoup rire le public avec Marie-Thérèse Bernabé, négresse de France.
Manteca, la pièce des Martiniquais s'est vue récompenser au lendemain du festival du 2e prix du Off. Et mention spéciale du bloger pour le succulent Les Gluck avec un acteur à surveiller, Vincent Lorimy...

Edmond Mondésir,

« Je suis venu pour la cérémonie, mais j’ai eu le temps de voir La manteca, Le costume, La route, Pas de quartier et la pièce de José Exélis, Comme deux frères. »
Marcelle Pennont

« Nous sommes venues participer aux journées d’études d’Avignon. Il y a 80 délégués issus de toutes les scènes nationales et nous abordons de questions syndicales relatives à nos emplois. »
Alvina Ruprecht

« Ma recherche porte sur les expressions d’outre-mer. Je suis venue soutenir le TOMA qui fait un travail très important. Je le suis depuis sa création. »
Claude Kiavué

« Je viens tous les ans voir les spectacles. Le TOMA, c’est un petit morceau de la Guadeloupe en Avignon. J’ai très envie d’acheter La Monteca, le premier spectacle que j’ai vu à la chapelle du verbe incarné. »
Mina Reneaume-Placoly,

« Je suis venue en Avignon pour assister aux réunions du Syndéac, le syndicats des responsables des structures culturelles. »
Pierre Chambert

« Les artistes de la Guyane existent, le TOMA peut aider à montrer cette France là. Et pour apporter un peu plus de lisibilité à ce territoire, la DRAC a signé avec le TOMA une convention qui permet la présence en Avignon des compagnies de Guyane. »
Eric Checco

« J’ai appris le créole enfant, quand j’étais scolarisé en Guadeloupe, entre 1972 et 1980. Mais c’est du créole de vieux… J’ai recruté Blaze (à gauche sur la photo) et Larry, deux jumeaux guadeloupéo-jamaïcains que j’ai rencontrés dans le hip-hop à Sarcelles. Sans les Antillais, le hip-hop en France serait coupé des trois quarts de ses forces ! Notre désir le plus cher est de venir jour Pas de quartier aux Antilles… »