Petits arrangements entre ennemis
Drôles de coïncidences dans le ciel des Antilles-Guyane
La décision du secrétaire d’Etat aux transports, Dominique Bussereau, de passer outre l’avis du conseil supérieur de l’aviation marchande (CSAM) et d’autoriser Air France à exploiter les lignes reliant les trois DFA à Sint-Maarten et Saint-Domingue n’a provoqué aucune réaction de la part des dirigeants de la compagnie Air Caraïbes. Pourtant, cette dernière, déjà présente sur ces lignes, sait qu’il y a péril en la demeure avec la venue d’un 2e Airbus A320 sur ce réseau. C’est d’ailleurs ce qui avait conduit le CSAM à rendre un avis défavorable aux demandes d’Air France. Dans la future situation de concurrence, selon le rapporteur pour le CSAM, Pierre-Yves Schmit, ces liaisons vont connaître une évolution de l’offre qu’il qualifie de « critique ». Ainsi, le nombre de sièges entre Pointe-à-Pitre et Saint-Domingue va augmenter de 525 %, celui, entre Pointe-à-Pitre et Saint-Domingue, de 826 % ! Et dans cette configuration, le rapporteur n’a même pas tenu compte des liaisons assurées par Air Antilles Express… C’est l’association des pilotes professionnels antillo-guyanais (APPAG) qui monte au créneau au nom de la défense de l’emploi, tandis que Victorin Lurel (président de la Région Guadeloupe et membre du CSAM) s’est étonné, lors du débat au CSAM, de la timidité du président d’Air Caraïbes, Jean-Paul Dubreuil. Apprenant l’autorisation accordée à Air France, ce dernier s’est contenté de prendre acte de la décision « préjudiciable au transport aérien dans l’Arc antillais », avant d’annoncer : « La compagnie adaptera ses moyens à cette concurrence nouvelle. » Ainsi, au lieu des deux Embraers 190 qu’elle comptait mettre en place sur le réseau régional, il n’y en aura plus qu’un, et un redéploiement du personnel est en cours. Cinq commandant de bord sont affectés sur le réseau long courrier et trois autres sur le réseau régional (un retour sur ATR mal ressenti par les personnels naviguant techniques).
Un Airbus défiscalisé
Jean-Paul Dubreuil a donc choisi de ne pas introduire de recours. Ce choix s’explique par la compensation que lui a accordée le secrétaire d’Etat aux Transports. Le jour même où il informait M. Dubreuil de sa décision favorable à Air France, il lui signifiait son soutien pour obtenir la défiscalisation d’un Airbus A330-300. Un avion prévu pour desservir, entre autres, la ligne Paris-Cayenne. Ces discussions ont été conduites par le directeur de cabinet de Dominique Bussereau, Michel Wachenheim, l’ancien patron de la direction générale de l’aviation civile.
Air Caraïbes, qui a annoncé lors du dernier Top résa, le renforcement de sa flotte long courrier avec la commande de deux Airbus A330-300, a besoin d’ouvrir la ligne Cayenne-Paris. Ses dirigeants y travaillent depuis longtemps en liaison avec Antoine Karam, président de la Région Guyane. De l’aveu de M. Dubreuil, « les deux ministères, de l’Outre-mer et des Transports, se sont dits favorables à ce développement mais ne préjugent en rien de l’avis final donné par Bercy ». Et c’est bien ce qui inquiète.
La décision du secrétaire d’Etat aux transports, Dominique Bussereau, de passer outre l’avis du conseil supérieur de l’aviation marchande (CSAM) et d’autoriser Air France à exploiter les lignes reliant les trois DFA à Sint-Maarten et Saint-Domingue n’a provoqué aucune réaction de la part des dirigeants de la compagnie Air Caraïbes. Pourtant, cette dernière, déjà présente sur ces lignes, sait qu’il y a péril en la demeure avec la venue d’un 2e Airbus A320 sur ce réseau. C’est d’ailleurs ce qui avait conduit le CSAM à rendre un avis défavorable aux demandes d’Air France. Dans la future situation de concurrence, selon le rapporteur pour le CSAM, Pierre-Yves Schmit, ces liaisons vont connaître une évolution de l’offre qu’il qualifie de « critique ». Ainsi, le nombre de sièges entre Pointe-à-Pitre et Saint-Domingue va augmenter de 525 %, celui, entre Pointe-à-Pitre et Saint-Domingue, de 826 % ! Et dans cette configuration, le rapporteur n’a même pas tenu compte des liaisons assurées par Air Antilles Express… C’est l’association des pilotes professionnels antillo-guyanais (APPAG) qui monte au créneau au nom de la défense de l’emploi, tandis que Victorin Lurel (président de la Région Guadeloupe et membre du CSAM) s’est étonné, lors du débat au CSAM, de la timidité du président d’Air Caraïbes, Jean-Paul Dubreuil. Apprenant l’autorisation accordée à Air France, ce dernier s’est contenté de prendre acte de la décision « préjudiciable au transport aérien dans l’Arc antillais », avant d’annoncer : « La compagnie adaptera ses moyens à cette concurrence nouvelle. » Ainsi, au lieu des deux Embraers 190 qu’elle comptait mettre en place sur le réseau régional, il n’y en aura plus qu’un, et un redéploiement du personnel est en cours. Cinq commandant de bord sont affectés sur le réseau long courrier et trois autres sur le réseau régional (un retour sur ATR mal ressenti par les personnels naviguant techniques).
Un Airbus défiscalisé
Jean-Paul Dubreuil a donc choisi de ne pas introduire de recours. Ce choix s’explique par la compensation que lui a accordée le secrétaire d’Etat aux Transports. Le jour même où il informait M. Dubreuil de sa décision favorable à Air France, il lui signifiait son soutien pour obtenir la défiscalisation d’un Airbus A330-300. Un avion prévu pour desservir, entre autres, la ligne Paris-Cayenne. Ces discussions ont été conduites par le directeur de cabinet de Dominique Bussereau, Michel Wachenheim, l’ancien patron de la direction générale de l’aviation civile.
Air Caraïbes, qui a annoncé lors du dernier Top résa, le renforcement de sa flotte long courrier avec la commande de deux Airbus A330-300, a besoin d’ouvrir la ligne Cayenne-Paris. Ses dirigeants y travaillent depuis longtemps en liaison avec Antoine Karam, président de la Région Guyane. De l’aveu de M. Dubreuil, « les deux ministères, de l’Outre-mer et des Transports, se sont dits favorables à ce développement mais ne préjugent en rien de l’avis final donné par Bercy ». Et c’est bien ce qui inquiète.
Officiellement pas d’arrangement
La semaine dernière, l’agence France-presse évoquait un « arrangement entre Air Caraïbes et Air France pour se partager le réseau ». Jean-Paul Dubreuil a démenti tout accord tout comme le délégué régional d’Air France, Philippe Lacoste. On peut pourtant bien parler d’un deal même si officiellement et surtout vis-à-vis de la direction de la concurrence à Bruxelles, on parlera plutôt de coïncidence... Le ministère de l’Outre-mer ne s’en serait pas mêlé et, à l’Elysée, on se contente de dire : « Sur le plan du droit de la libre concurrence, l’Etat pouvait-il s’opposer ? » Du côté de l’APPAG, le scepticisme est de mise. S’il n’y a pas eu d’arrangement, pourquoi Jean-Paul Dubreuil n’attaque-t-il pas l’arrêté de Bussereau alors que ses juristes ont déjà planché sur le dossier ? L’APPAG et le Collectifdom ont écrit à Michèle Alliot-Marie, au président de la République pour protester. En vain jusqu’alors. Victorin Lurel a décidé d’interpeller Dominique Bussereau le 9 novembre prochain, lors de la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale. Et tant qu'à faire, il devrait demander la création d'une commission d'enquête parlementaire chargée d'étudier comment Air France fixe ses prix...
La semaine dernière, l’agence France-presse évoquait un « arrangement entre Air Caraïbes et Air France pour se partager le réseau ». Jean-Paul Dubreuil a démenti tout accord tout comme le délégué régional d’Air France, Philippe Lacoste. On peut pourtant bien parler d’un deal même si officiellement et surtout vis-à-vis de la direction de la concurrence à Bruxelles, on parlera plutôt de coïncidence... Le ministère de l’Outre-mer ne s’en serait pas mêlé et, à l’Elysée, on se contente de dire : « Sur le plan du droit de la libre concurrence, l’Etat pouvait-il s’opposer ? » Du côté de l’APPAG, le scepticisme est de mise. S’il n’y a pas eu d’arrangement, pourquoi Jean-Paul Dubreuil n’attaque-t-il pas l’arrêté de Bussereau alors que ses juristes ont déjà planché sur le dossier ? L’APPAG et le Collectifdom ont écrit à Michèle Alliot-Marie, au président de la République pour protester. En vain jusqu’alors. Victorin Lurel a décidé d’interpeller Dominique Bussereau le 9 novembre prochain, lors de la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale. Et tant qu'à faire, il devrait demander la création d'une commission d'enquête parlementaire chargée d'étudier comment Air France fixe ses prix...