Portrait d'une slameuse
Marie Martias, slam ô féminin
Le public l’a baptisée Marie corps tremblant, mais elle préfère Marie, juste Marie. Et puis Martias aussi, parce que c’est une Martias, une Guadeloupéenne issue de la bonne société. « Je descends d’un lord anglais et d’une Arawak de la Dominique ! »Marie Martias est éducatrice à l’aide sociale à l’enfance en Seine-Saint-Denis, le jour. Le soir, elle fait du slam. C’est ce jeu avec la langue qui conserve le lien avec une maîtrise de lettres modernes abandonnées quand elle étudiait à Orléans. Une de ses enseignantes lui a dit un jour : « Pourquoi étudiez-vous les lettres modernes, vous qui êtes n’êtes pas française ? » C’est comme ça qu’on déménage et qu’on change d’orientation professionnelle. Après Nancy où elle obtient son diplôme d’éducatrice, elle décide un retour en Guadeloupe. « Je me suis installée à Bouillante. » Athlète de bon niveau, Marie (elle est cousine avec Christine Aron…) n’apprécie pas l’ambiance sur la piste, encore moins dans les vestiaires. « Je ne supporte pas le makrélaj… » Et c’est le retour à Paris en 2001 et l’arrivée du slam. « Le slam ? J’écris depuis l’enfance. Des textes revendicatifs pour compenser un manque d’expression vis-à-vis de mes parents… » Ses mots disent ses maux. « J’écrivais beaucoup quand j’allais aux Saintes ou à Saint-Barth. Et quand je lisais mes textes, je scandais, je déclamais, j’éructais ma colère… »
Tête baissée, âme fière
A Paris, elle s’initie aux slam sessions, écoute beaucoup et, six mois plus tard, elle monte sur la scène, à la Soupière, un café de slameurs. « J’ai lu Tête baissée, âme fière. Je me mets dans la peau d’une Africaine qui parle de Gorée et de boulets aux pieds… » Sa voix est nette mais tout son corps tremble. C’est l’ovation et ce surnom,, Marie corps tremblant, avant même que Fabien ne soit connu sous le nom de Grand corps malade. « J’ai pris conscience que la façon dont je scandais, c’était de l’oralité déclamée. » Mais elle ne se prend pas pour autant pour une slameuse qui se bat sur un ring avec des mots. « Comment peut-on se permettre de noter les gens… J’en ai fait l’expérience et c’est trop dur. » Le slam, selon Marie Martias, c’est d’abord de la poésie orale. « Ca existe depuis nanni nannan avec les griots, les conteurs… Pilot le hot prétend avoir importé le Slam ? Le slam n’est pas né en 1987 ! »
Repérée par Bertrand Dubanchet, celui-ci lui demande de participer à un hommage à Manu Dibango. Elle écrit Le fric de mon Afrique. Manu pleure en l’écoutant… Tout le monde vient voir Marie. En 2003, elle rencontre d’autres filles amoureuses des mots dits. C’est au café culturel de Saint-Denis, puis à l’OPA Bastille, le 8 mars 2003. « A partir de là, on a créé slam ô féminin. Nous sommes 25 % de femmes dans ce milieu macho ! » Et désormais les voilà six dans le collectif poétique : Chantal Carbon, Fleur, Catmat, SheinB, Audrey et Marie Martias. Depuis elles enchaînent les spectacles avec toujours des scènes ouvertes. Elles ont publié un recueil de textes, Flammes de sens (éditions du Ravin bleu), et sortent leur premier album Slam ô féminin à la fin du mois. Marie Martias anime des ateliers de slam auprès des jeunes, écrit pour des artistes de one man show et fait en parallèle une carrière de comédienne radiophonique sur France Culture. Aujourd’hui Marie voudrait mettre la barre un peu plus haut. On vient de lui proposer de lui trouver un agent.Marie Martias animait un atelier de slam pour les enfants, au dernier salon du livre de l’outre-mer.
Tête baissée, âme fière
A Paris, elle s’initie aux slam sessions, écoute beaucoup et, six mois plus tard, elle monte sur la scène, à la Soupière, un café de slameurs. « J’ai lu Tête baissée, âme fière. Je me mets dans la peau d’une Africaine qui parle de Gorée et de boulets aux pieds… » Sa voix est nette mais tout son corps tremble. C’est l’ovation et ce surnom,, Marie corps tremblant, avant même que Fabien ne soit connu sous le nom de Grand corps malade. « J’ai pris conscience que la façon dont je scandais, c’était de l’oralité déclamée. » Mais elle ne se prend pas pour autant pour une slameuse qui se bat sur un ring avec des mots. « Comment peut-on se permettre de noter les gens… J’en ai fait l’expérience et c’est trop dur. » Le slam, selon Marie Martias, c’est d’abord de la poésie orale. « Ca existe depuis nanni nannan avec les griots, les conteurs… Pilot le hot prétend avoir importé le Slam ? Le slam n’est pas né en 1987 ! »
Repérée par Bertrand Dubanchet, celui-ci lui demande de participer à un hommage à Manu Dibango. Elle écrit Le fric de mon Afrique. Manu pleure en l’écoutant… Tout le monde vient voir Marie. En 2003, elle rencontre d’autres filles amoureuses des mots dits. C’est au café culturel de Saint-Denis, puis à l’OPA Bastille, le 8 mars 2003. « A partir de là, on a créé slam ô féminin. Nous sommes 25 % de femmes dans ce milieu macho ! » Et désormais les voilà six dans le collectif poétique : Chantal Carbon, Fleur, Catmat, SheinB, Audrey et Marie Martias. Depuis elles enchaînent les spectacles avec toujours des scènes ouvertes. Elles ont publié un recueil de textes, Flammes de sens (éditions du Ravin bleu), et sortent leur premier album Slam ô féminin à la fin du mois. Marie Martias anime des ateliers de slam auprès des jeunes, écrit pour des artistes de one man show et fait en parallèle une carrière de comédienne radiophonique sur France Culture. Aujourd’hui Marie voudrait mettre la barre un peu plus haut. On vient de lui proposer de lui trouver un agent.Marie Martias animait un atelier de slam pour les enfants, au dernier salon du livre de l’outre-mer.
Le slam
Marc Smith, ouvrier sidérurgiste américain, à la fin des années 1980, avait pris l’habitude de dire des textes à l’usine où il travaillait. En 1987, il a fini par créer une session poésie, spoken words. Et c’est devenu le slam. Slam en anglais signifie claquer mais aussi grand chelem, tournoi. Car le slam est aussi une sorte de jeu, de duel oral qui se pratique sur un ring devant le public. La tradition veut d’ailleurs que tout le monde puisse monter sur le ring et dire un texte. Et pour un texte dit, le patron offre un verre.
Marc Smith, ouvrier sidérurgiste américain, à la fin des années 1980, avait pris l’habitude de dire des textes à l’usine où il travaillait. En 1987, il a fini par créer une session poésie, spoken words. Et c’est devenu le slam. Slam en anglais signifie claquer mais aussi grand chelem, tournoi. Car le slam est aussi une sorte de jeu, de duel oral qui se pratique sur un ring devant le public. La tradition veut d’ailleurs que tout le monde puisse monter sur le ring et dire un texte. Et pour un texte dit, le patron offre un verre.