Un parcours touristique sur l'esclavage dans le grand Est
Voyage sur la route des abolitions
La Franche-Comté, l’Alsace et la Lorraine ont en commun un patrimoine lié à l’histoire des abolitions.
Les tour opérateurs de Pontarlier, Besançon, ou Colmar proposent des circuits touristiques qui permettent de visiter le fort de Joux dans le Haut-Doubs, où périt en captivité Toussaint Louverture, la commune de Champagney en Haute-Saône, le village d’où partirent les premières doléances pour l’abolition de l’esclavage des Noirs en 1789, la ville de Fessenheim, berceau de la famille de Victor Schoelcher, l’abolitionniste de 1848, et le village d’Embermenil en Meurthe et Moselle, où prêcha l’abbé Grégoire, l’abolitionniste de 1794. Le périple mémoriel et patrimonial conçu en 2002 a reçu le soutien de l’Unesco et a pris le nom de Route des abolitions de l’esclavage. Selon l’un des concepteurs de cette route, Philippe Pichot, « les quatre sites du grand Est traduisent de manière opérationnelle et concrète l’engagement de la France dans l’esprit de la loi Taubira… »
Des figures mythiques portées au Panthéon
Au château de Joux, le président de la communauté de communes du Larmont et maire de Pontarlier, Patrick Genre, se souvient avoir rallié la Route de l’abolition au moment de l’anniversaire de la mort de Toussaint, en 2003. « Nous avons compris que nous pouvions faire de ce lieu le phare de la Route de l’abolition. » Ici, dans cette petite partie de la France est concentré l’un des plus grands drames de l’humanité… », déclarait récemment Lionel Etienne, ambassadeur d’Haïti. Le président du comité régional du tourisme de Franche-Comté, Denis Sommer soutient dans cette démarche « la valorisation de figures mythiques que la France a portées au Panthéon ». « Cette route participe à l’éveil des consciences. » Doudou Diène, rapporteur spécial à l’ONU pour les discriminations, grand connaisseur de cette Route, estime que « l’esclavage a souffert de l’invisibilité » : « C’est ici, dans un pays central pour l’esclavage, ce pays où des pervers ont théorisé sur le racisme pour justifier l’esclavage, ce pays où Voltaire a investi dans la traite… que là, à Champagney, des gens ont dit non. » Pour Philippe Pichot, ces quatre sites sont emblématiques et ont une légitimité nationale. Leur proximité géographique et leur complémentarité historique permettent la délivrance d’un message complet sur l’histoire. « La question noire se résoudra sur le terrain », conclut le chef de projet de la route de l’abolition de l’esclavageUne cellule sans fenêtre au fort de Joux, tombeau de Toussaint Louverture
Le site de la Cluse en Mijoux surveille depuis l’Antiquité la route entre la Suisse et la Franche-Comté. Au haut Moyen-âge, les sires de Joux établirent un octroi. Les deux premières enceintes datent du XIIe et XIIIe siècles. Vauban a fait de nouvelles fortifications au XVIIe siècle avant que le fort de Joux ne devienne prison d’Etat. Octave Mirabeau et Toussaint Louverture sont ses prisonniers les plus célèbres… Après la guerre de 1870, le fort est remilitarisé et celui qui n’est encore que le capitaine Joffre fait bâtir deux nouvelles enceintes. Au cours de ces travaux, la chapelle et le cimetière furent détruits et les restes des prisonniers enterrés sur place, dont ceux Toussaint Louverture, furent dispersés. « On a fait disparaître jusqu’aux cendres de notre héros national, se plaint l’ambassadeur d’Haïti venu en pèlerinage, il fallait faire oublier jusqu’à Haïti, la première république noire à un moment où il n’était pas bon de secouer le joug de l’esclavage, le joug colonial. » Passé l’enceinte Joffre de 1880, on aperçoit le château médiéval qui domine l’ensemble. Au sommet, se trouve le donjon. De grandes salles froides, des escaliers de pierre et puis une salle voûtée, (6,5 m sur 3,9 m), dont les fenêtres ont été murées sur les cinq sixième de la hauteur et barrées d’acier. Une vaste cheminée, un lit, une table, deux chaises, une troisième percée et une commode, louée chez l’aubergiste dans la vallée. Toussaint est mort ici. « Un lieu terriblement émouvant », commente sobrement le diplomate Etienne. Mirabeau, le leader de 1789 a été enfermé ici lui aussi, c’est lui qui a importé d’Angleterre les idées que ne parvenaient pas à diffuser les premières sociétés abolitionnistesMais Mirabeau, gentilhomme emprisonné sous Louis VXI au fort de Joux, prenait ses repas avec le gouverneur de la prison… Une salle ccueille une exposition qui relate l’histoire de Toussaint et sa fin. « La composition des nègres ne ressemble à rien à celle des Européens, je me défends de lui donner ni médecin, ni chirurgien qui lui seraient inutiles » écrit le commandant Baille au sujet de son prisonnier, le 30 août 1802. Le 9 février 1803, le commandant Amiot qui remplace Baille signale l’aggravation de son état de santé, puis le 7 avril 1803 à 11 h 30, son décès : « Je l’ai trouvé mort, assis sur sa chaise, auprès de son feu. » Inhumé dans la chapelle détruite en 1879… En 1982, les autorités haïtiennes ont fait transporter une pelletée de terre du fort de Joux en Haïti… « Au fort de Joux, il y a de la signification », indique Philippe Pichot, on ne joue pas dans le registre des polémiques nauséabondes. Ici, on parle de la question de l’esclavage et des Noirs depuis 1968 ! »
L’appel de ChampagneyLa commune de Champagney n’a pas véritablement de charme si ce n’est son église au clocher quadrangulaire franc-comtois, en forme de cloche ! Et puis sa petite Maison de la négritude et des droits de l’Homme. On commence la visite par l’Eglise car c’est là que les habitants de Champagney ont eu la révélation. Nous sommes le 19 mars 1789, un officier de la garde du roi, Briquelert, écoute le prêtre expliquer à ses ouailles qu’elles vont devoir se mettre d’accord pour rédiger des doléances au roi. L’officier qui est un enfant du pays leur parle alors des Africains que l’on capture pour les déporter à bord de navires négriers. Son éloquence est telle que ces gens qui n’avaient jamais vu de Noirs décident de demander au roi l’abolition de l’esclavage. En fait, ils avaient tous déjà vu un Noir.Sur un des murs de l’église, se trouve un tableau de l’Adoration. Il date de 1514 et représente les rois mages… « C’est un de nos semblables », auraient-ils dit en montrant Balthazar. Ainsi est né l’article 29 du cahier de doléances de Champagney. « En 1971, alors que j’étais un jeune élu, raconte le maire Gérard Poivey, un archiviste a découvert le texte. C’est alors qu’on a réfléchi pour ne pas en faire que du simple tourisme. Ca a commencé dans une salle de classe, puis en 1993, grâce à Doudou Diène, on a créé la Maison de la négritude et des droits de l’Homme et ça ne m’a pas empêché d’être réélu ! » Parrainée par Léopold Senghor dès sa création en 1971, la Maison de la négritude est l’écrin de ce document historique, l’original de l’article 29, autour duquel s’élabore une présentation détaillée de l’esclavage.
Fessenheim, berceau des Schoelcher
Depuis 1981, la mairie de Fessenheim est jumelée à la ville de Schoelcher et depuis cette époque, chaque année trois classes primaires de Schoelcher et trois classes primaires de Fessenheim se rendent mutuellement visite. Victor Schoelcher n’a jamais vraiment vécu à Fessenheim, mais c’est le berceau des Schelcher/Schoelcher.Dans la ferme d’un de ses cousins, Gervais, les élus alsaciens ont conçu la Maison de la Hardt (du nom de la microrégion). C’est une sorte de maison musée avec des airs de brocante sympathique. On y découvre autant de chose sur les paysans alsaciens au XIXe siècle, que sur l’art de la faïence des Schoelcher que sur Victor lui-même, son père Marc, et son combat contre l’esclavage. Quelques bouteilles de rhum et autres figurines un peu doudouïstes achèvent de donner à la maison de la Hardt cet air de vide-grenier. « C’est un ensemble typique du temps des Schoelcher, explique un des animateurs bénévoles de l’association Les amis de scoelcher et maire de la commune, Emile Beringer. C’est le choix de Gaston Monnerville et le mien. Je me suis battu pour que ça reste à Fessenheim, car c’est ici qu’on a commencé à parler vrai de l’esclavage. »Fessenheim a redécouvert en 1950 sa filiation avec Schoelcher, au moment de sa pantéonisation. Gaston Monnerville disait au sujet de ce musée : « que cette maison du Pays de la Hardt soit pour le village berceau des Schoelcher un lieu de réflexion où sont rtelatés toutes celles et tous ceux combattants pour la liberté et la justice, mais aussi une vitrine de l’outre-mer, digne de l’attente pour tous ceux qui y viendront en pèlerinage. »
Le curé d’EmbermenilUne route droite traverse un village légèrement vallonné. Avant l’église était placée au milieu de cette route. Elle a été reconstruite. Ce n’est donc pas dans là qu’a prêché l’abbé Grégoire… Mais pour garder intact le souvenir du curé révolutionnaire, la mairie d’Embermenil a ouvert à côté une Maison de l’abbé Grégoire. « Nous l’avons ouverte en 1989, année où l’abbé Grégoire est entré au Panthéon. On l’a fait pour mettre en avant l’action visionnaire et exemplaire d’Henri-Baptiste Grégoire », raconte Jean-Paul Martin, le maire. Le héros local est né à 4 km de là, à Veho, et c’est l’abbé d’Embermenil qui l’a éduqué avant de lui laisser sa chaire. Grégoire a été le curé du village de 1782 à 1789.Défenseur des droits et devoirs du citoyen, il est à l’origine de l’émancipation des Juifs de France et le précurseur de l’abolition de 1794. Professeur de théologie avant de devenir curé en 1775, il a côtoyé Lafayette, Rouget de L’Isle, Lazare Carnot… Elu aux états généraux de 1789, député du tiers-état, il commença par dire : « Le Juif mon frère. » En 1793, il obtient la suppression de la dîme royale avant d’obtenir la fameuse première abolition de l’esclavage en février 1794. Le musée relate l’ensemble de la vie du citoyen Grégoire. Le musée explique, à travers treize vitraux, les grandes étapes de la vie de l’homme qui a créé le conservatoire national des métiers, le bureau des longitudes, celui qui a inventé les mots patrimoine, obscurantisme et instituteur… L’ecclésiastique se demandait : « Les âmes ont-elles une couleur ?"
La maison de l'abbé Grégoire d'Embermenil recèle aussi cette brique, vestige d'un autre esclavage, celui du bagne en Guyane...
Une étape guyanaise sur la route de l’abolition
Une délégation de Guyanais est venue de Mana sur les traces d'Anne-Marie Javouhey (émancipatrice des esclaves en Guyane) à Chamblanc et Jallanges en Côte d'Or et a poursuivi par la visite des sites de Fessenheim, Champagney et du Château de Joux où s'est déroulé en partie le séminaire des sites et musées liés à la traite négrière, l'esclavage et ses abolitions. Ces échanges ont abouti à l’examen des possibilités de collaboration. L’organisation de la Route de l’abolition a d'ailleurs proposé un document de travail lié au projet de réseau de sites au patrimoine mondial de l'Unesco qui regrouperait les sites de Nantes, de la Guadeloupe, de Mana, de Champagney et du Fort de Joux, cette réflexion pourra s’ouvrir rapidement à d’autres sites (travail qui s'étendrait sur 3 ou 4 années). Un autre projet serait de faire correspondre une vingtaine d'élèves du Collège Berthelot en Guyane avec ceux du Lycée à Chamblanc, dès 2008, en inscrivant la Route des abolitions au programme.
La Franche-Comté, l’Alsace et la Lorraine ont en commun un patrimoine lié à l’histoire des abolitions.
Les tour opérateurs de Pontarlier, Besançon, ou Colmar proposent des circuits touristiques qui permettent de visiter le fort de Joux dans le Haut-Doubs, où périt en captivité Toussaint Louverture, la commune de Champagney en Haute-Saône, le village d’où partirent les premières doléances pour l’abolition de l’esclavage des Noirs en 1789, la ville de Fessenheim, berceau de la famille de Victor Schoelcher, l’abolitionniste de 1848, et le village d’Embermenil en Meurthe et Moselle, où prêcha l’abbé Grégoire, l’abolitionniste de 1794. Le périple mémoriel et patrimonial conçu en 2002 a reçu le soutien de l’Unesco et a pris le nom de Route des abolitions de l’esclavage. Selon l’un des concepteurs de cette route, Philippe Pichot, « les quatre sites du grand Est traduisent de manière opérationnelle et concrète l’engagement de la France dans l’esprit de la loi Taubira… »
Des figures mythiques portées au Panthéon
Au château de Joux, le président de la communauté de communes du Larmont et maire de Pontarlier, Patrick Genre, se souvient avoir rallié la Route de l’abolition au moment de l’anniversaire de la mort de Toussaint, en 2003. « Nous avons compris que nous pouvions faire de ce lieu le phare de la Route de l’abolition. » Ici, dans cette petite partie de la France est concentré l’un des plus grands drames de l’humanité… », déclarait récemment Lionel Etienne, ambassadeur d’Haïti. Le président du comité régional du tourisme de Franche-Comté, Denis Sommer soutient dans cette démarche « la valorisation de figures mythiques que la France a portées au Panthéon ». « Cette route participe à l’éveil des consciences. » Doudou Diène, rapporteur spécial à l’ONU pour les discriminations, grand connaisseur de cette Route, estime que « l’esclavage a souffert de l’invisibilité » : « C’est ici, dans un pays central pour l’esclavage, ce pays où des pervers ont théorisé sur le racisme pour justifier l’esclavage, ce pays où Voltaire a investi dans la traite… que là, à Champagney, des gens ont dit non. » Pour Philippe Pichot, ces quatre sites sont emblématiques et ont une légitimité nationale. Leur proximité géographique et leur complémentarité historique permettent la délivrance d’un message complet sur l’histoire. « La question noire se résoudra sur le terrain », conclut le chef de projet de la route de l’abolition de l’esclavageUne cellule sans fenêtre au fort de Joux, tombeau de Toussaint Louverture
Le site de la Cluse en Mijoux surveille depuis l’Antiquité la route entre la Suisse et la Franche-Comté. Au haut Moyen-âge, les sires de Joux établirent un octroi. Les deux premières enceintes datent du XIIe et XIIIe siècles. Vauban a fait de nouvelles fortifications au XVIIe siècle avant que le fort de Joux ne devienne prison d’Etat. Octave Mirabeau et Toussaint Louverture sont ses prisonniers les plus célèbres… Après la guerre de 1870, le fort est remilitarisé et celui qui n’est encore que le capitaine Joffre fait bâtir deux nouvelles enceintes. Au cours de ces travaux, la chapelle et le cimetière furent détruits et les restes des prisonniers enterrés sur place, dont ceux Toussaint Louverture, furent dispersés. « On a fait disparaître jusqu’aux cendres de notre héros national, se plaint l’ambassadeur d’Haïti venu en pèlerinage, il fallait faire oublier jusqu’à Haïti, la première république noire à un moment où il n’était pas bon de secouer le joug de l’esclavage, le joug colonial. » Passé l’enceinte Joffre de 1880, on aperçoit le château médiéval qui domine l’ensemble. Au sommet, se trouve le donjon. De grandes salles froides, des escaliers de pierre et puis une salle voûtée, (6,5 m sur 3,9 m), dont les fenêtres ont été murées sur les cinq sixième de la hauteur et barrées d’acier. Une vaste cheminée, un lit, une table, deux chaises, une troisième percée et une commode, louée chez l’aubergiste dans la vallée. Toussaint est mort ici. « Un lieu terriblement émouvant », commente sobrement le diplomate Etienne. Mirabeau, le leader de 1789 a été enfermé ici lui aussi, c’est lui qui a importé d’Angleterre les idées que ne parvenaient pas à diffuser les premières sociétés abolitionnistesMais Mirabeau, gentilhomme emprisonné sous Louis VXI au fort de Joux, prenait ses repas avec le gouverneur de la prison… Une salle ccueille une exposition qui relate l’histoire de Toussaint et sa fin. « La composition des nègres ne ressemble à rien à celle des Européens, je me défends de lui donner ni médecin, ni chirurgien qui lui seraient inutiles » écrit le commandant Baille au sujet de son prisonnier, le 30 août 1802. Le 9 février 1803, le commandant Amiot qui remplace Baille signale l’aggravation de son état de santé, puis le 7 avril 1803 à 11 h 30, son décès : « Je l’ai trouvé mort, assis sur sa chaise, auprès de son feu. » Inhumé dans la chapelle détruite en 1879… En 1982, les autorités haïtiennes ont fait transporter une pelletée de terre du fort de Joux en Haïti… « Au fort de Joux, il y a de la signification », indique Philippe Pichot, on ne joue pas dans le registre des polémiques nauséabondes. Ici, on parle de la question de l’esclavage et des Noirs depuis 1968 ! »
L’appel de ChampagneyLa commune de Champagney n’a pas véritablement de charme si ce n’est son église au clocher quadrangulaire franc-comtois, en forme de cloche ! Et puis sa petite Maison de la négritude et des droits de l’Homme. On commence la visite par l’Eglise car c’est là que les habitants de Champagney ont eu la révélation. Nous sommes le 19 mars 1789, un officier de la garde du roi, Briquelert, écoute le prêtre expliquer à ses ouailles qu’elles vont devoir se mettre d’accord pour rédiger des doléances au roi. L’officier qui est un enfant du pays leur parle alors des Africains que l’on capture pour les déporter à bord de navires négriers. Son éloquence est telle que ces gens qui n’avaient jamais vu de Noirs décident de demander au roi l’abolition de l’esclavage. En fait, ils avaient tous déjà vu un Noir.Sur un des murs de l’église, se trouve un tableau de l’Adoration. Il date de 1514 et représente les rois mages… « C’est un de nos semblables », auraient-ils dit en montrant Balthazar. Ainsi est né l’article 29 du cahier de doléances de Champagney. « En 1971, alors que j’étais un jeune élu, raconte le maire Gérard Poivey, un archiviste a découvert le texte. C’est alors qu’on a réfléchi pour ne pas en faire que du simple tourisme. Ca a commencé dans une salle de classe, puis en 1993, grâce à Doudou Diène, on a créé la Maison de la négritude et des droits de l’Homme et ça ne m’a pas empêché d’être réélu ! » Parrainée par Léopold Senghor dès sa création en 1971, la Maison de la négritude est l’écrin de ce document historique, l’original de l’article 29, autour duquel s’élabore une présentation détaillée de l’esclavage.
Emile Emica et Paul Julan, bénévoles à la Maison de la négritude
En congés de fin de carrière depuis quatre ans, Emile Emica (dont l’un de ses oncles a dirigé l’ORTF en Martinique) est un ancien technicien supérieur à France-Télécom. C’est un ami d’enfance d’Alfred Almont et il vient du Vauclin. Cela fait cinq ans qu’il œuvre à la Maison de la négritude à Champagney. Il siège au comité de la Maison et est suppléent pour la Route. « Ca permet de parler un peu de nous et de nos frères d’outre-mer… C’est M. Julan qui m’a introduit… » Paul Julan, originaire de Basse-Terre, ancien du club de foot La Gauloise, est arrivé en 1960 en métropole. Employé chez Peugeot, à Montbéliard, il s’est installé à Champagney. Emile est allé le voir un week-end et ils ont créé l’Amicale des Antilles. « Au fur et à mesure que les Antillais arrivaient, on est monté en puissance. On a créé une équipe de foot et nous avons commencé nos actions avec la Maison de la négritude. » Pour Paul Julan, « cette Maison est là pour rappeler les souffrances de nos ancêtres ».
En congés de fin de carrière depuis quatre ans, Emile Emica (dont l’un de ses oncles a dirigé l’ORTF en Martinique) est un ancien technicien supérieur à France-Télécom. C’est un ami d’enfance d’Alfred Almont et il vient du Vauclin. Cela fait cinq ans qu’il œuvre à la Maison de la négritude à Champagney. Il siège au comité de la Maison et est suppléent pour la Route. « Ca permet de parler un peu de nous et de nos frères d’outre-mer… C’est M. Julan qui m’a introduit… » Paul Julan, originaire de Basse-Terre, ancien du club de foot La Gauloise, est arrivé en 1960 en métropole. Employé chez Peugeot, à Montbéliard, il s’est installé à Champagney. Emile est allé le voir un week-end et ils ont créé l’Amicale des Antilles. « Au fur et à mesure que les Antillais arrivaient, on est monté en puissance. On a créé une équipe de foot et nous avons commencé nos actions avec la Maison de la négritude. » Pour Paul Julan, « cette Maison est là pour rappeler les souffrances de nos ancêtres ».
Fessenheim, berceau des Schoelcher
Depuis 1981, la mairie de Fessenheim est jumelée à la ville de Schoelcher et depuis cette époque, chaque année trois classes primaires de Schoelcher et trois classes primaires de Fessenheim se rendent mutuellement visite. Victor Schoelcher n’a jamais vraiment vécu à Fessenheim, mais c’est le berceau des Schelcher/Schoelcher.Dans la ferme d’un de ses cousins, Gervais, les élus alsaciens ont conçu la Maison de la Hardt (du nom de la microrégion). C’est une sorte de maison musée avec des airs de brocante sympathique. On y découvre autant de chose sur les paysans alsaciens au XIXe siècle, que sur l’art de la faïence des Schoelcher que sur Victor lui-même, son père Marc, et son combat contre l’esclavage. Quelques bouteilles de rhum et autres figurines un peu doudouïstes achèvent de donner à la maison de la Hardt cet air de vide-grenier. « C’est un ensemble typique du temps des Schoelcher, explique un des animateurs bénévoles de l’association Les amis de scoelcher et maire de la commune, Emile Beringer. C’est le choix de Gaston Monnerville et le mien. Je me suis battu pour que ça reste à Fessenheim, car c’est ici qu’on a commencé à parler vrai de l’esclavage. »Fessenheim a redécouvert en 1950 sa filiation avec Schoelcher, au moment de sa pantéonisation. Gaston Monnerville disait au sujet de ce musée : « que cette maison du Pays de la Hardt soit pour le village berceau des Schoelcher un lieu de réflexion où sont rtelatés toutes celles et tous ceux combattants pour la liberté et la justice, mais aussi une vitrine de l’outre-mer, digne de l’attente pour tous ceux qui y viendront en pèlerinage. »
Le curé d’EmbermenilUne route droite traverse un village légèrement vallonné. Avant l’église était placée au milieu de cette route. Elle a été reconstruite. Ce n’est donc pas dans là qu’a prêché l’abbé Grégoire… Mais pour garder intact le souvenir du curé révolutionnaire, la mairie d’Embermenil a ouvert à côté une Maison de l’abbé Grégoire. « Nous l’avons ouverte en 1989, année où l’abbé Grégoire est entré au Panthéon. On l’a fait pour mettre en avant l’action visionnaire et exemplaire d’Henri-Baptiste Grégoire », raconte Jean-Paul Martin, le maire. Le héros local est né à 4 km de là, à Veho, et c’est l’abbé d’Embermenil qui l’a éduqué avant de lui laisser sa chaire. Grégoire a été le curé du village de 1782 à 1789.Défenseur des droits et devoirs du citoyen, il est à l’origine de l’émancipation des Juifs de France et le précurseur de l’abolition de 1794. Professeur de théologie avant de devenir curé en 1775, il a côtoyé Lafayette, Rouget de L’Isle, Lazare Carnot… Elu aux états généraux de 1789, député du tiers-état, il commença par dire : « Le Juif mon frère. » En 1793, il obtient la suppression de la dîme royale avant d’obtenir la fameuse première abolition de l’esclavage en février 1794. Le musée relate l’ensemble de la vie du citoyen Grégoire. Le musée explique, à travers treize vitraux, les grandes étapes de la vie de l’homme qui a créé le conservatoire national des métiers, le bureau des longitudes, celui qui a inventé les mots patrimoine, obscurantisme et instituteur… L’ecclésiastique se demandait : « Les âmes ont-elles une couleur ?"
La maison de l'abbé Grégoire d'Embermenil recèle aussi cette brique, vestige d'un autre esclavage, celui du bagne en Guyane...
Une étape guyanaise sur la route de l’abolition
Une délégation de Guyanais est venue de Mana sur les traces d'Anne-Marie Javouhey (émancipatrice des esclaves en Guyane) à Chamblanc et Jallanges en Côte d'Or et a poursuivi par la visite des sites de Fessenheim, Champagney et du Château de Joux où s'est déroulé en partie le séminaire des sites et musées liés à la traite négrière, l'esclavage et ses abolitions. Ces échanges ont abouti à l’examen des possibilités de collaboration. L’organisation de la Route de l’abolition a d'ailleurs proposé un document de travail lié au projet de réseau de sites au patrimoine mondial de l'Unesco qui regrouperait les sites de Nantes, de la Guadeloupe, de Mana, de Champagney et du Fort de Joux, cette réflexion pourra s’ouvrir rapidement à d’autres sites (travail qui s'étendrait sur 3 ou 4 années). Un autre projet serait de faire correspondre une vingtaine d'élèves du Collège Berthelot en Guyane avec ceux du Lycée à Chamblanc, dès 2008, en inscrivant la Route des abolitions au programme.