Astérix en créole
Interview
Albert Uderzo, 81 ans, créateur d’Astérix, patron des éditions Albert-René
« Il faudrait trouver une bonne excuse pour envoyer Astérix et Obélix aux Antilles »
Astérix en créole martiniquais et guadeloupéen, c’est la 106e traduction en langues et dialectes. Comment ça s’est fait ?
Je tiens à féliciter Florent Charbonnier d’avoir eu cette idée avec ces deux départements français que je connais pour les avoir tous les deux visiter. Je ne pensais pas qu’un jour la langue créole serait intéressée à faire parler mes personnages. Et ça m’a amusé de savoir que la 106e traduction serait une édition en créole. Je souhaite le plus grand succès à Caraïbeditions, car ce sera un succès. Pour eux, pour moi-même et pour les personnages.
Quel souvenir gardez-vous des Antilles ?
J’ai retrouvé un de mes personnages… Je prenais l’avion pour quitter la Martinique et au comptoir de l’aéroport, un Martiniquais préposé à l’enregistrement m’a félicité en créole. De pures félicitations ! Il m’a parlé de Baba, le vigie du bateau des pirates. C’est un personage caractéristique d’une histoire parue dans Pilote, le Démon des Caraïbes. Il y avait déjà le chef pirate, Barbe rouge, triple-patte et Baba. Et je rencontrai baba qui m’attendait qui a eu l’air très heureux de me connaître. Mais quand je suis en vacances, je ne m’amuse pas à raconter aux gens qui je suis. Ce n’est pas mon genre !
Parlez-vous le créole ?
Je ne parle pas le créole mais j’aime qu’on me le lise pour l’entendre ! C’est sympathique de l’entendre, car lire, ça ne parle pas… En Allemagne, un éditeur a voulu faire une traduction en dialecte souabe. Je ne comprenais pas mais je voyais les journalistes rire car ça prenait une autre dimension dans la langue du pays.
Quel était le cahier des charges des traducteurs ?
On demande toujours aux traducteurs d’adapter les noms, à l’exception de ceux d’Astérix, Obélix, Panoramix et Idéfix. Ils doivent faire référence à la culture locale pour que ce soit amusant.
Vous avez recalé des noms comme Ségrégasionix, Indépendantix ou Chabinix, pourquoi ?
Des choix trop politiques. On s’adresse à des enfants. Astérix a été conçu pour les enfants par deux grands enfants, Gosciny et moi-même, sans nous douter qu’un jour des adultes s’en intéresseraient aussi ! Aujourd’hui, de vieux adultes lisent encore ce personnage qui a bientôt 50 ans. Ils poussent les jeunes à le lire. La politique n’est ni notre domaine, ni notre rôle. Nous ne voulons pas influencer politiquement un enfant. Ca ne doit pas atteindre l’imaginaire d’un enfant !
Au final, vous êtes satisfait ?
J’ai fait confiance à M. Charbonnier et à ses deux traducteurs, Hector Poullet et Jean-Marc Rosier. En général on demande une traduction de la traduction. Si ce n’est pas bon ou trop près du français, on refuse. Nous voulons une adaptation au langage commun pour que ça soit compris et amusant. Nos deux traducteurs créoles ont réussi à traduire les jeux de mots avec des références aux couleurs des Antilles.
Les versions traduites en dialectes locaux marchent-elles ?
Comme le succès des Ch’tis ! En traduction, c’est la version en picard qui a eu le plus de succès, la corse aussi, mais pas le breton ! On n’est pas prophète en son pays ! On a du mal avec les Etats-Unis. Pourquoi ? Il y aurait beaucoup à dire… C’est un pays très fermé. Ils nous envahissent de leurs produits et on ne peut entrer chez eux. Un Japonais a aussi essayer de faire une traduction. Ca n’a pas marché. C’est difficile d’être universel !
Qu’est-ce qu’Astérix a d’antillais?
Je ne connais pas assez les Antillais mais tout le monde se ressemble un peu. La vie est faite de telle manière que les gens se retrouvent : Astérix représente le faible contre le fort. Dans tous les pays, on dit que son succès vient de là. On croyait que c’était l’esprit français mais les Allemand nous ont montré que non par le succès qu’ils lui ont fait, tout comme les Italiens qu’on ne ménage pas !
Et un Astérix aux Antilles ?
C’est une question embarrassante car nous avons décidé de ne pas faire trop d’anachronisme et l’époque gallo-romaine a une géographie restreinte. En Amérique, ils devaient ignorer qu’ils faisaient une découverte et pour la vallée de l’Indus, je me suis basé sur l’existence d’une route de la soie entre la Chine et Rome. Il faudrait trouver une bonne excuse pour envoyer Astérix et Obélix aux Antilles ! Je les y aurais bien envoyé s’il n’y avait eu cet anachronisme exagéré.
Notre consoeur Nella de RFO fait entendre le créole à Uderzo et Florent Charbonnier, l'éditeur.
Quels sont vos projets ?
J’ai une vague idée… Je ne peux encore rien dire. Mais je ferai encore un album avant de quitter ce monde. Je ne suis plus tout jeune… Mais quand je veux dessiner, je suis très heureux. C’est mon métier. Je suis devenu éditeur, mais je suis avant tout dessinateur de petit mickey !
Albert Uderzo, 81 ans, créateur d’Astérix, patron des éditions Albert-René
« Il faudrait trouver une bonne excuse pour envoyer Astérix et Obélix aux Antilles »
Astérix en créole martiniquais et guadeloupéen, c’est la 106e traduction en langues et dialectes. Comment ça s’est fait ?
Je tiens à féliciter Florent Charbonnier d’avoir eu cette idée avec ces deux départements français que je connais pour les avoir tous les deux visiter. Je ne pensais pas qu’un jour la langue créole serait intéressée à faire parler mes personnages. Et ça m’a amusé de savoir que la 106e traduction serait une édition en créole. Je souhaite le plus grand succès à Caraïbeditions, car ce sera un succès. Pour eux, pour moi-même et pour les personnages.
Quel souvenir gardez-vous des Antilles ?
J’ai retrouvé un de mes personnages… Je prenais l’avion pour quitter la Martinique et au comptoir de l’aéroport, un Martiniquais préposé à l’enregistrement m’a félicité en créole. De pures félicitations ! Il m’a parlé de Baba, le vigie du bateau des pirates. C’est un personage caractéristique d’une histoire parue dans Pilote, le Démon des Caraïbes. Il y avait déjà le chef pirate, Barbe rouge, triple-patte et Baba. Et je rencontrai baba qui m’attendait qui a eu l’air très heureux de me connaître. Mais quand je suis en vacances, je ne m’amuse pas à raconter aux gens qui je suis. Ce n’est pas mon genre !
Parlez-vous le créole ?
Je ne parle pas le créole mais j’aime qu’on me le lise pour l’entendre ! C’est sympathique de l’entendre, car lire, ça ne parle pas… En Allemagne, un éditeur a voulu faire une traduction en dialecte souabe. Je ne comprenais pas mais je voyais les journalistes rire car ça prenait une autre dimension dans la langue du pays.
On demande toujours aux traducteurs d’adapter les noms, à l’exception de ceux d’Astérix, Obélix, Panoramix et Idéfix. Ils doivent faire référence à la culture locale pour que ce soit amusant.
Vous avez recalé des noms comme Ségrégasionix, Indépendantix ou Chabinix, pourquoi ?
Des choix trop politiques. On s’adresse à des enfants. Astérix a été conçu pour les enfants par deux grands enfants, Gosciny et moi-même, sans nous douter qu’un jour des adultes s’en intéresseraient aussi ! Aujourd’hui, de vieux adultes lisent encore ce personnage qui a bientôt 50 ans. Ils poussent les jeunes à le lire. La politique n’est ni notre domaine, ni notre rôle. Nous ne voulons pas influencer politiquement un enfant. Ca ne doit pas atteindre l’imaginaire d’un enfant !
J’ai fait confiance à M. Charbonnier et à ses deux traducteurs, Hector Poullet et Jean-Marc Rosier. En général on demande une traduction de la traduction. Si ce n’est pas bon ou trop près du français, on refuse. Nous voulons une adaptation au langage commun pour que ça soit compris et amusant. Nos deux traducteurs créoles ont réussi à traduire les jeux de mots avec des références aux couleurs des Antilles.
Y aura-t-il d’autres traductions d’album d’Astérix ?
C’est à espérer et notre accord de cession de droit le prévoit. Ce serait idiot de ne laisser qu’un titre. Même si ça ne marche pas, ce qui m’étonnerait ! Les versions traduites en dialectes locaux marchent-elles ?
Comme le succès des Ch’tis ! En traduction, c’est la version en picard qui a eu le plus de succès, la corse aussi, mais pas le breton ! On n’est pas prophète en son pays ! On a du mal avec les Etats-Unis. Pourquoi ? Il y aurait beaucoup à dire… C’est un pays très fermé. Ils nous envahissent de leurs produits et on ne peut entrer chez eux. Un Japonais a aussi essayer de faire une traduction. Ca n’a pas marché. C’est difficile d’être universel !
Qu’est-ce qu’Astérix a d’antillais?
Je ne connais pas assez les Antillais mais tout le monde se ressemble un peu. La vie est faite de telle manière que les gens se retrouvent : Astérix représente le faible contre le fort. Dans tous les pays, on dit que son succès vient de là. On croyait que c’était l’esprit français mais les Allemand nous ont montré que non par le succès qu’ils lui ont fait, tout comme les Italiens qu’on ne ménage pas !
Et un Astérix aux Antilles ?
C’est une question embarrassante car nous avons décidé de ne pas faire trop d’anachronisme et l’époque gallo-romaine a une géographie restreinte. En Amérique, ils devaient ignorer qu’ils faisaient une découverte et pour la vallée de l’Indus, je me suis basé sur l’existence d’une route de la soie entre la Chine et Rome. Il faudrait trouver une bonne excuse pour envoyer Astérix et Obélix aux Antilles ! Je les y aurais bien envoyé s’il n’y avait eu cet anachronisme exagéré.
Quels sont vos projets ?
J’ai une vague idée… Je ne peux encore rien dire. Mais je ferai encore un album avant de quitter ce monde. Je ne suis plus tout jeune… Mais quand je veux dessiner, je suis très heureux. C’est mon métier. Je suis devenu éditeur, mais je suis avant tout dessinateur de petit mickey !
L’album sera disponible chez Caz a bulles à compter du 19 avril, puis le 21, dans toutes les autres librairies de Guadeloupe, Guyane, Martinique et métropole.