Aimé Césaire
Césaire est mort
La disparition d’Aimé Césaire, le 17 avril à Fort-de-France, a soulevé une énorme vague de réactions sous forme de communiqués de presse. De l’Elysée à la place Beauvau, en passant par la délégation interministérielle à l’égalité des chances des Français d’outre-mer, le secrétariat d’Etat à l’Outre-mer comme celui des collectivités locales, du sénateur Larcher au sénateur Le Pensec, l’émoi est unanime. Yves Jego a avancé son déplacement (on ne l’attendait qu’à partir de dimanche aux Antilles) et s’est envolé pour Fort-de-France une heure trente après l’annonce du décès. En Martinique, France-Antilles prépare une édition spéciale avec 24 pages consacrées au poète et homme politique. En Guadeloupe, France-Antilles lui consacre six pages. En métropole, une veillée est prévue samedi 19 avril à 18 heures sur la place de la Sorbonne où il a été étudiant. Une salle du lycée Louis-le-Grand, dans le VIe arrondissement de Paris, devrait être baptisée au nom d’Aimé Césaire. Une initiative du Collectifdom et de son président Daniel Dalin. Victorin Lurel, à l’instar de Claude Ribbe, suggère au chef de l'Etat de « proposer l'entrée d'Aimé Césaire au Panthéon des grands hommes de la République, sauf volonté contraire exprimée de son vivant et si le peuple martiniquais le souhaite ». Le CRAN rendra hommage à Aimé Césaire samedi prochain 19 avril à 17 heures, place du Panthéon et le 10 mai lors de la commémoration du souvenir de l’esclavage et du 160e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Sarkozy aux obsèques
Le poète sera enterré dimanche. Les obsèques seront nationales. Le président de la République doit s’y rendre. Franck Louvrier, conseiller presse du président a confirmé que Nicolas Sarkozy avait reporté l’enregistrement d’une émission télé prévue dimanche à jeudi pour assister aux obsèques. Il pourrait partir samedi soir et emmener Patrick Karam avec lui.
Entretemps France TV rend hommage à Aimé Césaire, sur France 5, France 3, France 2 et France Ô. Un registre des condoléances a été ouverts rue Oudinot par le secrétariat d’Etat qui a aussi ouvert un registre de condoléances virtuel, accessible depuis le site internet du Ministère : http://www.outre-mer.gouv.fr.
Témoignages
Jenny Alpha
"Ca m’a donné un choc… Ca faisait plusieurs jours qu’on me tenait en haleine en me donnant des informations contradictoires. Mais ce matin,ça m’a fait un choc. C’est un garçn que j’aimais beaucoup. Je l’ai connu étant petite fille. Il était en classe avec mes frères et déjeunait souvent à la maison. Après nous nous sommes perdus de vue et je l’ai retrouvé pour le congrès des écrivains noirs en 1957. Je l’ai retrouvé avec Senghor et Damas et ils m’ont parlé de la négritude. Ca tombait comme une pierre dans mon panorama littéraire. J’avais été élevée avec Corneille, Stendhal… Vous connaissez le « décervellement des Antillais ». Il fallait parler le bon français… Je parlais davantage avec Senghor et Damas car Césaire était réservé. Mais j’avais une grande admiration pour lui. J’ai joué don répertoire. J’ai été la favorite du roi Christophe auprès de Douta Seck."
Firmine Richard
« Je me sens tellement petite à côté de lui… Je l’ai découvert en entrant dans le monde du théâtre et je me sens bien petite pour parler de lui… J’ai admiré Césaire à travers ses textes bien dits par de grands comédiens comme Jacques Martial ou Pascal Nzonzi. Les Agricains ont davantage manié dses textes que les Antillais, ils ont magnifié ses textes. Ce sont eux qui m’ont conduite à Césaire. »
Dédé Saint-Prix
« Je ressens un grand vide. Il était le papa de tout le monde. Un orphelinat vient d’ouvrir et on ne peut comptabiliser tous les orphelins. J’ai appris à jouer de la flûte de bambou au SERMAC… Je sais ce que lui dois. La négritude a perdu son chantre, mais le monde a perdu un diamant. »
Olivier Besancenot
« J’ai appris la triste nouvelle depuis le Venezuela où je me trouve depuis plusieurs jours. On en parle d’ailleurs ici et des poètes saluent sa mémoire. Je l’avais rencontré, il y a deux ans, avec Révolution socialiste, Gilbert Pagot et Philippe Pierre-Charles. J’ai beaucoup aimé cette recontre. Ce n’était pas pour me faire adouber et on l’avait fait loin des caméras. C’était d’autant plus important que la plus grosse communauté antillaise se trouve en région parisienne et son apport, la négritude, fait encore beaucoup réfléchir une partie de la jeunesse des quartiers populaires à qui on dit qu’elle est issue de l’immigration alors qu’elle est simplement française. Aimé Césaire m’avait dit : « Je suis un nègre, je suis fier d’être un nègre et ça ne m’empêche pas de vouloir construire un monde avec les autres. Je ne suis pas raciste. » J’ai une grande pensée pour sa famille. »
Krys Obydol
« Il était notre guide spirituel. On avait l’impression qu’il veillait sur les Antilles et la Martinique. On a beaucoup appris de lui, que ce soit sur le plan spirituel comme politique. Il veillait sur nous et on a perdu quelqu’un de très cher. Quand quelqu’un part, surtout un homme de cette envergure, ça fait très mal, quel que soit l’âge. »
Alain Foix
« Un arbre est tombé, de sa belle mort… Mais il est tombé. Ca me rappelle le mot de Toussaint Louverture lorsqu’il a été arraché à la terre haïtienne : « Vous arrachez l’arbre de la liberté des Noirs, mais il repoussera par toutes ses racines qui sont aussi profondes que nombreuses. » Après Aimé Césaire, son œuvre restera ancrée dans la conscience des humains, car il dépasse très largement sa condition de Martiniquais. Sa pensée est universelle. »
José Pentoscrope
"Vient hélas ! de s’éteindre la voix d’un immense Poète, dont le Verbe flamboyant fut de toutes les résistances et de toutes les révoltes, pour que le peuple antillais cessât d’être un « jouet sombre/ au carnaval des autres ». « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche » : jusqu’à son dernier souffle, il aura tenu cette haute promesse, en se faisant , par légitime défense, jusqu’à l’inouï , le maître incomparable d’une langue française superbement détournée de ses fonctions de servitude, où donner droit de cité alors aux « forces éruptives » d’un chant de délivrance. Parce qu’il nous a légué ses armes miraculeuses, il n’est pas permis qu’en ce jour, quelle que soit notre affliction, nous nous laissions aller à de l’accablement. Ce qui s’est à jamais inauguré avec Aimé Cesaire, cet « Orphée noir » qu’en son temps Jean-Paul Sartre salua, ne peut désormais que féconder tous les mûrissements à venir, « car, il n’est point vrai que l’œuvre de l’homme soit finie », comme il l’a su dire une fois pour toutes, en son inoubliable ‘ Cahier d’un retour au pays natal’’."
Roger Anglo
"Aimé Césaire mort, c’est un phare qui s’éteint.
La Martinique perd un « Grand Nègre » dont l’une des préoccupations essentielles était la dignité, notamment du Peuple martiniquais. Nous garderons un souvenir ineffable de ce travailleur infatigable, un éveilleur de conscience dont chacun s’accorde à dire que c’est la figure la plus emblématique de la Martinique."
François Baroin
"Je salue la mémoire du grand homme de la Martinique. Au cours de mes nombreux déplacements en Martinique, j'ai eu l'occasion de nouer des liens particuliers avec lui et je sais combien sa disparition représente comme douleur pour l'ensemble des Martiniquais. C'est une immense épreuve pour eux ; je pense aux Martiniquais, à sa famille et à Pierre Aliker son compagnon de route.
Par sa pensée et ses oeuvres Aimé Césaire aura profondément marqué l'histoire de la Martinique et transformé le regard de tous les Français sur notre façon de vivre ensemble."
La disparition d’Aimé Césaire, le 17 avril à Fort-de-France, a soulevé une énorme vague de réactions sous forme de communiqués de presse. De l’Elysée à la place Beauvau, en passant par la délégation interministérielle à l’égalité des chances des Français d’outre-mer, le secrétariat d’Etat à l’Outre-mer comme celui des collectivités locales, du sénateur Larcher au sénateur Le Pensec, l’émoi est unanime. Yves Jego a avancé son déplacement (on ne l’attendait qu’à partir de dimanche aux Antilles) et s’est envolé pour Fort-de-France une heure trente après l’annonce du décès. En Martinique, France-Antilles prépare une édition spéciale avec 24 pages consacrées au poète et homme politique. En Guadeloupe, France-Antilles lui consacre six pages. En métropole, une veillée est prévue samedi 19 avril à 18 heures sur la place de la Sorbonne où il a été étudiant. Une salle du lycée Louis-le-Grand, dans le VIe arrondissement de Paris, devrait être baptisée au nom d’Aimé Césaire. Une initiative du Collectifdom et de son président Daniel Dalin. Victorin Lurel, à l’instar de Claude Ribbe, suggère au chef de l'Etat de « proposer l'entrée d'Aimé Césaire au Panthéon des grands hommes de la République, sauf volonté contraire exprimée de son vivant et si le peuple martiniquais le souhaite ». Le CRAN rendra hommage à Aimé Césaire samedi prochain 19 avril à 17 heures, place du Panthéon et le 10 mai lors de la commémoration du souvenir de l’esclavage et du 160e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Sarkozy aux obsèques
Le poète sera enterré dimanche. Les obsèques seront nationales. Le président de la République doit s’y rendre. Franck Louvrier, conseiller presse du président a confirmé que Nicolas Sarkozy avait reporté l’enregistrement d’une émission télé prévue dimanche à jeudi pour assister aux obsèques. Il pourrait partir samedi soir et emmener Patrick Karam avec lui.
Entretemps France TV rend hommage à Aimé Césaire, sur France 5, France 3, France 2 et France Ô. Un registre des condoléances a été ouverts rue Oudinot par le secrétariat d’Etat qui a aussi ouvert un registre de condoléances virtuel, accessible depuis le site internet du Ministère : http://www.outre-mer.gouv.fr.
Témoignages
Jenny Alpha
"Ca m’a donné un choc… Ca faisait plusieurs jours qu’on me tenait en haleine en me donnant des informations contradictoires. Mais ce matin,ça m’a fait un choc. C’est un garçn que j’aimais beaucoup. Je l’ai connu étant petite fille. Il était en classe avec mes frères et déjeunait souvent à la maison. Après nous nous sommes perdus de vue et je l’ai retrouvé pour le congrès des écrivains noirs en 1957. Je l’ai retrouvé avec Senghor et Damas et ils m’ont parlé de la négritude. Ca tombait comme une pierre dans mon panorama littéraire. J’avais été élevée avec Corneille, Stendhal… Vous connaissez le « décervellement des Antillais ». Il fallait parler le bon français… Je parlais davantage avec Senghor et Damas car Césaire était réservé. Mais j’avais une grande admiration pour lui. J’ai joué don répertoire. J’ai été la favorite du roi Christophe auprès de Douta Seck."
Firmine Richard
« Je me sens tellement petite à côté de lui… Je l’ai découvert en entrant dans le monde du théâtre et je me sens bien petite pour parler de lui… J’ai admiré Césaire à travers ses textes bien dits par de grands comédiens comme Jacques Martial ou Pascal Nzonzi. Les Agricains ont davantage manié dses textes que les Antillais, ils ont magnifié ses textes. Ce sont eux qui m’ont conduite à Césaire. »
Dédé Saint-Prix
« Je ressens un grand vide. Il était le papa de tout le monde. Un orphelinat vient d’ouvrir et on ne peut comptabiliser tous les orphelins. J’ai appris à jouer de la flûte de bambou au SERMAC… Je sais ce que lui dois. La négritude a perdu son chantre, mais le monde a perdu un diamant. »
Olivier Besancenot
« J’ai appris la triste nouvelle depuis le Venezuela où je me trouve depuis plusieurs jours. On en parle d’ailleurs ici et des poètes saluent sa mémoire. Je l’avais rencontré, il y a deux ans, avec Révolution socialiste, Gilbert Pagot et Philippe Pierre-Charles. J’ai beaucoup aimé cette recontre. Ce n’était pas pour me faire adouber et on l’avait fait loin des caméras. C’était d’autant plus important que la plus grosse communauté antillaise se trouve en région parisienne et son apport, la négritude, fait encore beaucoup réfléchir une partie de la jeunesse des quartiers populaires à qui on dit qu’elle est issue de l’immigration alors qu’elle est simplement française. Aimé Césaire m’avait dit : « Je suis un nègre, je suis fier d’être un nègre et ça ne m’empêche pas de vouloir construire un monde avec les autres. Je ne suis pas raciste. » J’ai une grande pensée pour sa famille. »
Krys Obydol
« Il était notre guide spirituel. On avait l’impression qu’il veillait sur les Antilles et la Martinique. On a beaucoup appris de lui, que ce soit sur le plan spirituel comme politique. Il veillait sur nous et on a perdu quelqu’un de très cher. Quand quelqu’un part, surtout un homme de cette envergure, ça fait très mal, quel que soit l’âge. »
Alain Foix
« Un arbre est tombé, de sa belle mort… Mais il est tombé. Ca me rappelle le mot de Toussaint Louverture lorsqu’il a été arraché à la terre haïtienne : « Vous arrachez l’arbre de la liberté des Noirs, mais il repoussera par toutes ses racines qui sont aussi profondes que nombreuses. » Après Aimé Césaire, son œuvre restera ancrée dans la conscience des humains, car il dépasse très largement sa condition de Martiniquais. Sa pensée est universelle. »
José Pentoscrope
"Vient hélas ! de s’éteindre la voix d’un immense Poète, dont le Verbe flamboyant fut de toutes les résistances et de toutes les révoltes, pour que le peuple antillais cessât d’être un « jouet sombre/ au carnaval des autres ». « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche » : jusqu’à son dernier souffle, il aura tenu cette haute promesse, en se faisant , par légitime défense, jusqu’à l’inouï , le maître incomparable d’une langue française superbement détournée de ses fonctions de servitude, où donner droit de cité alors aux « forces éruptives » d’un chant de délivrance. Parce qu’il nous a légué ses armes miraculeuses, il n’est pas permis qu’en ce jour, quelle que soit notre affliction, nous nous laissions aller à de l’accablement. Ce qui s’est à jamais inauguré avec Aimé Cesaire, cet « Orphée noir » qu’en son temps Jean-Paul Sartre salua, ne peut désormais que féconder tous les mûrissements à venir, « car, il n’est point vrai que l’œuvre de l’homme soit finie », comme il l’a su dire une fois pour toutes, en son inoubliable ‘ Cahier d’un retour au pays natal’’."
Roger Anglo
"Aimé Césaire mort, c’est un phare qui s’éteint.
La Martinique perd un « Grand Nègre » dont l’une des préoccupations essentielles était la dignité, notamment du Peuple martiniquais. Nous garderons un souvenir ineffable de ce travailleur infatigable, un éveilleur de conscience dont chacun s’accorde à dire que c’est la figure la plus emblématique de la Martinique."
François Baroin
"Je salue la mémoire du grand homme de la Martinique. Au cours de mes nombreux déplacements en Martinique, j'ai eu l'occasion de nouer des liens particuliers avec lui et je sais combien sa disparition représente comme douleur pour l'ensemble des Martiniquais. C'est une immense épreuve pour eux ; je pense aux Martiniquais, à sa famille et à Pierre Aliker son compagnon de route.
Par sa pensée et ses oeuvres Aimé Césaire aura profondément marqué l'histoire de la Martinique et transformé le regard de tous les Français sur notre façon de vivre ensemble."