Bako dans Safari avec Kad Merad
"Mandela a lu Césaire"
Vous venez de terminer un film avec Kad Mérad et son complice Olivier Baroux, qu’est-ce que ça fait de jouer avec un acteur qui a tant de succès avec les Ch’tis ?
Ca me plaît que ce soit un acteur issu de la diversité qui soit celui qui a fait le plus d’entrées, de tous les temps !
Quel rôle jouez-vous à ses côtés ?
Safari est une fiction où je joue le rôle d’un Noir. Un homme qui a une boîte de safari et qui travaille avec Kad, à Pretoria, à Johanesbourg. Mon personnage est Bako. Ce n’est pas dit s’il est Africain ou Antillais. Il parle français et il a une société qui organise des safaris. Son complice et associé, c’est Kad. Et comme Kad perd au poker, il va devoir livrer un dispositif de mise à feu de fusée contre lequel on doit lui remettre 1 million de dollars.
Comment s’est passé le tournage en Afrique du Sud ?
C’est un grand choc civilisationnel. Il y a moins de quatorze ans, on aurait pu croire que ce pays allait se déchirer à pleines dents. Mais un homme, Nelson Mandela, qui a lu Aimé Césaire, a voulu la réconciliation dans ce pays. Il y a encore des townships et de la richesse insolente dans les villes blanches mais devant les écoles, lycées, universités, il y a des torrents d’enfants noirs, portant uniformes et cravates, qui sortent de ces écoles. Dans moins d’une génération, ce pays sera un dragon !
Le théâtre d’outre-mer en Avignon que vous dirigez depuis onze ans rendra-t-il hommage à Aimé Césaire ?
Si j’ai fait du théâtre en Avignon, c’est peut-être parce que j’ai du Césaire ! Dans mon Panthéon littéraire à moi, il y a Victor Hugo, Lautréamont et les poètes de la Pléïade, mais en premier, il y a Césaire. Et le poète a rejoint mon Panthéon des hommes politiques où il y a Ignace, César et Delgrès, quand il écrit le discours sur le colonialisme ! Trois fois Césaire a été joué à la chapelle du Verbe incarné et nous organisons, samedi prochain, au théâtre des Carmes, en Avignon, une lecture de ses textes, avec des auteurs et des acteurs avignonais car les Avignonais doivent aussi être porteurs de cette parole là.