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Publié par fxg


Interview. Roselyne Bachelot-Narquin, en visite en Guyane du 1 au 3 mai

« Je veux faire du sur mesure »
Une visite ministérielle de trois jours, ce n’est pas courant. Quelles sont vos motivations ?
Demandez aux Guyanais si trois jours, c’est trop pour faire un point sur leur système de santé, je ne suis pas sure qu’ils soient d’accord! Il y a ici de vrais défis de santé publique à relever, et je suis bien décidé à le faire, que ce soit en terme d’accès aux soins, de répartition des médecins sur le territoire ou de lutte contre le VIH par exemple. Trois jours ne me semblent donc pas de trop pour visiter des hôpitaux, écouter les professionnels de santé, rencontrer les associations qui se battent pour la prévention du sida… Et puis, il faut à la fois écouter, mais aussi réfléchir aux mesures à mettre en œuvre pour agir. Je ne veux pas de décisions prises depuis Paris qui méconnaitraient les réalités du terrain. Je souhaite notamment lancer un plan  « hôpital, santé, Outre Mer » qui permettra que les DOM soient pleinement intégrés à la grande réforme de l’hôpital que nous sommes en train de mener, tout en tenant compte bien sûr de leurs spécificités locales. Je veux faire du « sur mesure » pour un maximum d’efficacité.
Récemment, une étude a fait état de la situation alarmante du SIDA en  Guyane, proche de certains pays du tiers-monde, que faut-il faire ? Le  tests rapides sont-ils une solution ?
La situation est plus qu’alarmante, j’en ai pleinement conscience. C’est l’une des raisons de ma présence ici. La Guyane est en situation d’épidémie généralisée, et, même si il y a quelques améliorations, nous  devons nous battre sans relâche. La prévention est un outil essentiel. C’est pour cette raison que j’ai lancé en janvier dernier dans les DOM une campagne qui a très bien fonctionné, dont le slogan « N’y pense même pas » rappelait que le test de dépistage est indispensable avant tout rapport non protégé. Il faut aussi soutenir les associations : j’irai  d’ailleurs dès jeudi dans les quartiers de Cayenne avec les bénévoles de l’Association Entr’aides. Enfin, sur la question des tests rapides, ils peuvent contribuer à améliorer le recours au dépistage, mais nous avons encore besoin de temps pour finaliser les expérimentations proposées par les associations.
Le rapport a aussi mis en cause les élus locaux pour leur inaction en matière de prévention et de lutte contre le Sida. Quel langage leur tiendrez-vous ?
Je sais que certains élus ont accompli un travail important, qui mérite  d’être reconnu et salué. Certains ont vu dans ce rapport du CNS des  critiques injustes et infondées. Mais il est important de rappeler que la  lutte contre le Sida passe par une mobilisation de la société toute  entière. A travers des discours forts, les élus peuvent contribuer à  combattre ce fléau, lutter contre les préjugés et la stigmatisation des  séropositifs.
La situation est aussi préoccupante avec l’hépatite B. Que préconisez-vous ?
Il existe un vaccin. Il faut donc que les plus jeunes - les nourrissons et les enfants de moins de 13 ans - soient vaccinés, ainsi que les  personnes les plus exposées au risque de contamination. Il y a aussi un important effort à faire pour mieux dépister la maladie notamment chez la femme enceinte et la prévenir chez le nouveau né d'une mère touchée par la maladie. C’est une politique de prévention plus forte qui doit se mettre en œuvre.
Comment apporter la santé dans les villages isolés ? La télémédecine  est-elle une solution ?
Le problème de l'accès aux soins en Guyane est très particulier : nous ne disposons pas des mêmes moyens qu'en métropole en terme de  structures, mais je sais que des solutions spécifiques existent. Je compte sur ma visite aux centres de santé de Maripasoula et Twenke vendredi prochain pour me rendre mieux compte de leur fonctionnement. La télémédecine est une des solutions. Cette technique évite de disperser les professionnels, surtout quand ils sont peu nombreux. La Guyane a d'ailleurs développé de nombreuses initiatives dans ce domaine qui vont de la télétransmission entre certains points reculés et Cayenne, à la mise en oeuvre d'une téléexpertise entre Cayenne, Kourou et Aix-en-Provence, à plusieurs milliers de kilomètres ! Sur cette question, la métropole a beaucoup à apprendre des expériences guyanaises.

Il y a une recrudescence du paludisme sur les fleuves, où en est la lutte contre cette maladie et contre les moustiques ?
Il y a eu des progrès significatifs mais il est vrai que la Guyane reste le seul département français avec la collectivité départementale de Mayotte où le paludisme est toujours à l’état endémique. La lutte a  progressé depuis la mise à disposition de traitements combinés à base  d’artémisinine qui sont très efficaces. Contre les moustiques, l’assainissement des milieux et l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticides restent des moyens de lutte essentiels. En deux ans, les services de l'Etat associés aux collectivités territoriales ont distribué près de 11 000 moustiquaires qui permettent de protéger les populations et de tuer les moustiques.
A-t-il fallu un rapport assassin sur l’état de l’hôpital de Cayenne pour obtenir enfin sa récente restauration ? Les moyens hospitaliers sont-ils adaptés à la population et à sa croissance démographique ?
Je suis heureuse de constater que l'hôpital de Cayenne a pu se rénover  et disposer de locaux adaptés, pour les urgences par exemple.  Mais je
 suis convaincue que nous pouvons encore faire mieux ! Le Centre
 Hospitalier André Rosemond doit à la fois développer des partenariats avec les autres établissements de santé de Guyane, mais il doit aussi se  développer en son sein, avec de nouvelles activités comme l’ORL ou  l’ophtalmologie, filières indispensables pour assurer à la population la  meilleure qualité des soins possible. 




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