Le sénateur Marsin évoque la perte de sa mairie et les prochaines régionales en Guadeloupe
Interview. Daniel Marsin, sénateur, ancien maire des Abymes
« Je ferai entendre ma musique personnelle aux régionales »
Comment avez-vous vécu votre défaite électorale en mars dernier ?
Je suis un homme politique dans un système démocratique. On peut gagner pendant longtemps, on peut aussi perdre. Ca, c’est définitivement acquis pour moi. Pour autant, j’ai assez mal vécu ce qui s’est passé…
Vous avez été bousculé ?
Je n’ai pas été bousculé même s’il y a eu une forme d’agressivité de la part des partisans de mon adversaire alors qu’il avait, en principe, gagnéé. Ce que j’ai eu le plus de mal à accepter, ce sont les conditions dans lesquelles ça s’est passé. J’aurai pu gagner ou perdre, ce sont les conditions… Il y a eu un véritable hold up sur la démocratie, un hold up électoral. Car en réalité, toutes les conditions étaient réunies au deuxième tour pour que je gagne. Ce qui a renversé la donne c’est cette manifestation qu’il y a eu dans la nuit du 15 au 16 mars — une manifestation qui a duré jusqu’à 8 heures du matin, tout cela sur fond de rumeur de fraude électorale. Les gens disaient que le directeur général des services de la ville, Christian Gatoux, aurait été surpris par la police en train de proférer je ne sais quelle fraude. Et ce bruit a couru toute la nuit avec une manifestation à la tête de laquelle se trouvait Eric Jalton. Ils étaient d’abord 30, puis 50, puis 100, puis 300… Bref, même aux informations, on a parlé de fraude électorale aux Abymes. Et on est allé jusqu’à dire pendant le vote que Daniel Marsin était mis en examen, que Christian Gatoux était en garde à vue. Tout ça s’est répété tout le jour de l’élection tant et si bien que 90 % des abstentionnistes qui sont venus voter au deuxième tour ont voté pour l’adversaire. 90 % ! Ce qui montre bien une anomalie. C’aurait été 30, 50, même 60 %, j’aurai compris. 90 %, cela veut dire que les gens qui sont allés voter sur ce fond de rumeur entretenue par les média… Et les gens sont allés voter contre la fraude !
Y a-t-il eu des rapports de police ?
Tous les rapports de police disent que cette manifestation a été organisée par l’adversaire et qu’aucune de ces accusations n’avait de fondement. Mais le mal était déjà fait. C’est la raison pour laquelle il y a chez moi une sorte de sentiment d’injustice, que la démocratie a été bafouée, que cette supercherie a complètement faussé le jeu et surtout trompé les gens qui étaient de bonne foi. Des gens qui ont voté pour moi au premier tour ne se sont pas déplacés au second tour ! C’est dans ces conditions que j’ai perdu. C’est la raison pour laquelle j’ai déposé un recours au tribunal administratif qui sera examiné au mois de septembre ou octobre après que la commission des comptes de campagne soit passée. Ca a été un véritable hold up. Je veux que la vérité soit faite et au-delà du recours administratif, il y a également une dimension pénale car il n’est pas admissible qu’on puisse intenter de telles manœuvres pour changer le cours des élections. Je vais donc déposer une plainte auprès du procureur de la République.
Quels seront vos prochains combats politiques ?
S’il apparaît opportun de proposer ma participation ou ma candidature, je le ferai soit en tant qu’acteur principal, soit en accompagnement. En tout état de cause, je ne serais pas indifférent aux prochains combats à mener. Je pense particulièrement aux régionales où je ferais entendre ma musique personnelle. Mais également j’entends bien participer à tous les combats qui viseraient à redonner du sens à la gestion régionale. La Guadeloupe a une série d’atouts et il faudrait peut-être mettre véritablement la Guadeloupe dans une direction pour pouvoir optimiser ces atouts de telle sorte que la Guadeloupe puisse aller véritablement de l’avant car j’ai conscience qu’aujourd’hui la Guadeloupe est gérée à la petite semaine.
Vous êtes résolument opposé à l’équipe de Victorin Lurel ?
Je considère que la Guadeloupe a la chance de bénéficier non seulement de ressources, d’un certain pouvoir d’achat, d’une jeunesse abondante et d’aides importantes de la part de l’Etat et de l’Europe. Et on ne sait pas combien de temps ça va durer ! Et nous savons tous que nous sommes dans un processus de rationalisation des comptes publics. Et les évolutions qui sont en cours du côté de l’Europe font que nous n’aurons pas de traitement de faveur indéfiniment. Il faut profiter de ces avantages que nous avons aujourd’hui pour en tirer le meilleur parti et enclencher un processus de réel développement. J’ai le sentiment qu’on est plutôt sur des coups politiques.
Quelles alliances sont possibles pour Daniel Marsin ?
Ce ne sera pas en termes d’alliance. Je vois les choses un peu autrement. Vous savez qu’à Paris, j’appartiens au mouvement de Jean-Marie Bockel, la Gauche moderne. J’ai toujours dit qu’il y a une rupture brutale, absolue entre le socialisme dont je suis un partisan et le libéralisme. Je suis très heureux avec Jean-Marie Bockel de constater qu’aujourd’hui Ségolène Royal ou Bertrand Delanoë disent qu’ils sont socialistes et libéraux ! en réalité, on est dans un vrai débat technique qui est celui de la relation du socialisme et du libéralisme. Et en réalité, à la base du socialisme, il y a le libéralisme. Je suis de culture socialiste, mais par ailleurs, je suis ouvert à des idées qui relèvent du réalisme. Je n’ai pas attendu que le président de la République fasse l’ouverture pour penser par moi-même. Et je suis fier de ne pas avoir attendu que Hollande, Delanoë ou Ségolène Royal me disent ce qu’il faut que je pense. Et quand on pense par soi-même, on est soupçonné de toutes sortes de choses ! Je ne ferai pas d’alliance au sens traditionnel du terme. Je crois qu’il est utile de rassembler tous ceux qui veulent penser et agir en Guadeloupéen. Voilà, c’est ça le principe. Sur cette base, je peux rassembler des gens traditionnellement de gauche, des gens plutôt à droite, d’autres qui ne sont ancrés nulle part… Le point commun, c’est cette volonté d’avoir un projet pour la Guadeloupe.
Donc, on peut être sûr que vous irez aux régionales ?
On ne sait jamais… Et on ne connaît pas les conditions qui seront réunies en 2010. Dans tous les cas, je ferai entendre ma part de vérité et je contribuerai à ce que les choses changent d’une manière ou d’une autre. En avant ou pas, mais il serait quand même curieux qu’avec mon attachement pour ce pays, ma réflexion, ma vision, je ne sois pas présent pour cette échéance importante. Mais attention, le combat municipal n’est pas terminé et j’attends avec impatience la décision que prendra le tribunal administratif.
Où en est votre mouvement politique ?
Avec le Renouveau socialiste, en 2004, nous avons voulu changer les pratiques mais les objectifs des uns et des autres n’étaient pas tout à fait cohérents. Nous avons mis ce mouvement en veilleuse. Aux Abymes, j’ai voulu élargir le mouvement abymien avec des petits mouvements qui voulaient participer à cette œuvre de dynamisation des Abymes. Nous avons créé l’unité abymienne. Mais il me semble utile de créer en Guadeloupe un parti qui ne serait ni de gauche, ni de droite, mais un vrai parti guadeloupéen.
Lucette Michaux-Chevry a déjà tenté cela avec le LPG en 1984…
Oui, mais le LPG n’a pas été poursuivi… Je crois même que lorsqu’elle a créé Objectif Guadeloupe, c’était aussi dans cet esprit-là. Moi, à l’époque je n’avais pas forcément bien compris. Parce qu’il y avait la personnalité de Lucette qui était identifiée à droite. Mais l’expérience nous a montré qu’elle était moins réactionnaire que beaucoup de gens qui se placent résolument à gauche. Il faut reconnaître qu’elle m’a inspirée aussi bien que Gerty Archimède. C’est dire que quelles que soient les incompréhensions qui ont pu exister entre Lucette et moi, je ne me sens pas autorisé à être malhonnête pour ne pas reconnaître que c’est une grande dame. Au sénat, c’est une personne que j’ai découverte et qui m’a découvert.
Lucette Michaux-Chevry, Victorin Lurel… Et Jacques Gillot ?
C’est un homme affable. Jacques Gillot est l’homme du consensus. J’ai des relations qu’on peut avoir avec un homme de consensus. Je n’ai pas d’échanges politiques réels avec Jacques Gillot mais des échanges très cordiaux comme on peut avoir avec Jacques Gillot.
« Je ferai entendre ma musique personnelle aux régionales »
Comment avez-vous vécu votre défaite électorale en mars dernier ?
Je suis un homme politique dans un système démocratique. On peut gagner pendant longtemps, on peut aussi perdre. Ca, c’est définitivement acquis pour moi. Pour autant, j’ai assez mal vécu ce qui s’est passé…
Vous avez été bousculé ?
Je n’ai pas été bousculé même s’il y a eu une forme d’agressivité de la part des partisans de mon adversaire alors qu’il avait, en principe, gagnéé. Ce que j’ai eu le plus de mal à accepter, ce sont les conditions dans lesquelles ça s’est passé. J’aurai pu gagner ou perdre, ce sont les conditions… Il y a eu un véritable hold up sur la démocratie, un hold up électoral. Car en réalité, toutes les conditions étaient réunies au deuxième tour pour que je gagne. Ce qui a renversé la donne c’est cette manifestation qu’il y a eu dans la nuit du 15 au 16 mars — une manifestation qui a duré jusqu’à 8 heures du matin, tout cela sur fond de rumeur de fraude électorale. Les gens disaient que le directeur général des services de la ville, Christian Gatoux, aurait été surpris par la police en train de proférer je ne sais quelle fraude. Et ce bruit a couru toute la nuit avec une manifestation à la tête de laquelle se trouvait Eric Jalton. Ils étaient d’abord 30, puis 50, puis 100, puis 300… Bref, même aux informations, on a parlé de fraude électorale aux Abymes. Et on est allé jusqu’à dire pendant le vote que Daniel Marsin était mis en examen, que Christian Gatoux était en garde à vue. Tout ça s’est répété tout le jour de l’élection tant et si bien que 90 % des abstentionnistes qui sont venus voter au deuxième tour ont voté pour l’adversaire. 90 % ! Ce qui montre bien une anomalie. C’aurait été 30, 50, même 60 %, j’aurai compris. 90 %, cela veut dire que les gens qui sont allés voter sur ce fond de rumeur entretenue par les média… Et les gens sont allés voter contre la fraude !
Y a-t-il eu des rapports de police ?
Tous les rapports de police disent que cette manifestation a été organisée par l’adversaire et qu’aucune de ces accusations n’avait de fondement. Mais le mal était déjà fait. C’est la raison pour laquelle il y a chez moi une sorte de sentiment d’injustice, que la démocratie a été bafouée, que cette supercherie a complètement faussé le jeu et surtout trompé les gens qui étaient de bonne foi. Des gens qui ont voté pour moi au premier tour ne se sont pas déplacés au second tour ! C’est dans ces conditions que j’ai perdu. C’est la raison pour laquelle j’ai déposé un recours au tribunal administratif qui sera examiné au mois de septembre ou octobre après que la commission des comptes de campagne soit passée. Ca a été un véritable hold up. Je veux que la vérité soit faite et au-delà du recours administratif, il y a également une dimension pénale car il n’est pas admissible qu’on puisse intenter de telles manœuvres pour changer le cours des élections. Je vais donc déposer une plainte auprès du procureur de la République.
Quels seront vos prochains combats politiques ?
S’il apparaît opportun de proposer ma participation ou ma candidature, je le ferai soit en tant qu’acteur principal, soit en accompagnement. En tout état de cause, je ne serais pas indifférent aux prochains combats à mener. Je pense particulièrement aux régionales où je ferais entendre ma musique personnelle. Mais également j’entends bien participer à tous les combats qui viseraient à redonner du sens à la gestion régionale. La Guadeloupe a une série d’atouts et il faudrait peut-être mettre véritablement la Guadeloupe dans une direction pour pouvoir optimiser ces atouts de telle sorte que la Guadeloupe puisse aller véritablement de l’avant car j’ai conscience qu’aujourd’hui la Guadeloupe est gérée à la petite semaine.
Vous êtes résolument opposé à l’équipe de Victorin Lurel ?
Je considère que la Guadeloupe a la chance de bénéficier non seulement de ressources, d’un certain pouvoir d’achat, d’une jeunesse abondante et d’aides importantes de la part de l’Etat et de l’Europe. Et on ne sait pas combien de temps ça va durer ! Et nous savons tous que nous sommes dans un processus de rationalisation des comptes publics. Et les évolutions qui sont en cours du côté de l’Europe font que nous n’aurons pas de traitement de faveur indéfiniment. Il faut profiter de ces avantages que nous avons aujourd’hui pour en tirer le meilleur parti et enclencher un processus de réel développement. J’ai le sentiment qu’on est plutôt sur des coups politiques.
Quelles alliances sont possibles pour Daniel Marsin ?
Ce ne sera pas en termes d’alliance. Je vois les choses un peu autrement. Vous savez qu’à Paris, j’appartiens au mouvement de Jean-Marie Bockel, la Gauche moderne. J’ai toujours dit qu’il y a une rupture brutale, absolue entre le socialisme dont je suis un partisan et le libéralisme. Je suis très heureux avec Jean-Marie Bockel de constater qu’aujourd’hui Ségolène Royal ou Bertrand Delanoë disent qu’ils sont socialistes et libéraux ! en réalité, on est dans un vrai débat technique qui est celui de la relation du socialisme et du libéralisme. Et en réalité, à la base du socialisme, il y a le libéralisme. Je suis de culture socialiste, mais par ailleurs, je suis ouvert à des idées qui relèvent du réalisme. Je n’ai pas attendu que le président de la République fasse l’ouverture pour penser par moi-même. Et je suis fier de ne pas avoir attendu que Hollande, Delanoë ou Ségolène Royal me disent ce qu’il faut que je pense. Et quand on pense par soi-même, on est soupçonné de toutes sortes de choses ! Je ne ferai pas d’alliance au sens traditionnel du terme. Je crois qu’il est utile de rassembler tous ceux qui veulent penser et agir en Guadeloupéen. Voilà, c’est ça le principe. Sur cette base, je peux rassembler des gens traditionnellement de gauche, des gens plutôt à droite, d’autres qui ne sont ancrés nulle part… Le point commun, c’est cette volonté d’avoir un projet pour la Guadeloupe.
Donc, on peut être sûr que vous irez aux régionales ?
On ne sait jamais… Et on ne connaît pas les conditions qui seront réunies en 2010. Dans tous les cas, je ferai entendre ma part de vérité et je contribuerai à ce que les choses changent d’une manière ou d’une autre. En avant ou pas, mais il serait quand même curieux qu’avec mon attachement pour ce pays, ma réflexion, ma vision, je ne sois pas présent pour cette échéance importante. Mais attention, le combat municipal n’est pas terminé et j’attends avec impatience la décision que prendra le tribunal administratif.
Où en est votre mouvement politique ?
Avec le Renouveau socialiste, en 2004, nous avons voulu changer les pratiques mais les objectifs des uns et des autres n’étaient pas tout à fait cohérents. Nous avons mis ce mouvement en veilleuse. Aux Abymes, j’ai voulu élargir le mouvement abymien avec des petits mouvements qui voulaient participer à cette œuvre de dynamisation des Abymes. Nous avons créé l’unité abymienne. Mais il me semble utile de créer en Guadeloupe un parti qui ne serait ni de gauche, ni de droite, mais un vrai parti guadeloupéen.
Lucette Michaux-Chevry a déjà tenté cela avec le LPG en 1984…
Oui, mais le LPG n’a pas été poursuivi… Je crois même que lorsqu’elle a créé Objectif Guadeloupe, c’était aussi dans cet esprit-là. Moi, à l’époque je n’avais pas forcément bien compris. Parce qu’il y avait la personnalité de Lucette qui était identifiée à droite. Mais l’expérience nous a montré qu’elle était moins réactionnaire que beaucoup de gens qui se placent résolument à gauche. Il faut reconnaître qu’elle m’a inspirée aussi bien que Gerty Archimède. C’est dire que quelles que soient les incompréhensions qui ont pu exister entre Lucette et moi, je ne me sens pas autorisé à être malhonnête pour ne pas reconnaître que c’est une grande dame. Au sénat, c’est une personne que j’ai découverte et qui m’a découvert.
Lucette Michaux-Chevry, Victorin Lurel… Et Jacques Gillot ?
C’est un homme affable. Jacques Gillot est l’homme du consensus. J’ai des relations qu’on peut avoir avec un homme de consensus. Je n’ai pas d’échanges politiques réels avec Jacques Gillot mais des échanges très cordiaux comme on peut avoir avec Jacques Gillot.