Projection privée, création en Avignon au théâtre d'outre-mer
Greg Germain monte une pièce guadeloupéenne
En réunissant pour la première fois sur une scène Firmine Richard, Philippe Calodat et Nathalie Coualy, Greg Germain renoue avec ses racines.Greg Germain, Philippe Bourgade (assistant mise en scène), Philippe Calodat et Nzthalie Coualy en répétition au Grand Lavoir à Paris...
Perché au grenier d’un immeuble parisien, le comédien guadeloupéen Greg Germain dirige une répétition théâtrale. Firmine Richard, assise sur un sofa, a les yeux rivés sur la télé et la main posée sur la télécommande. Face à elle, Philippe Calodat (compagnie Grâce Art théâtre), mari oublieux et volage tente de faire croire à son épouse que la jeune femme qu’il ramène (Nathalie Coualy) à la maison est la baby sitter tant recherchée. « Mais nous n’avons pas d’enfant… » La pièce, Projection privée, est signée de Rémi de Vos. Ca commence comme un boulevard, ça ressemble à du boulevard, mais c’est bien plus que du boulevard. Bien plus car si le rire reste très présent, l’objet même de la pièce permet de porter plus haut et plus loin la réflexion. Sur le couple, sur la télévision… La télévision est le quatrième acteur de cette pièce. « C’est une farce cruelle », résume Greg Gemain. Ca se ressent dès le début quand Firmine, la téléphage, balance : « J’adore les vedettes… (elle zappe…) Je voudrais qu’il en crève tous les jours ! » « L’idée est venue de Philippe Calodat, raconte Firmine Richard. Il a appelé Greg… On a travaillé deux jours ensemble et j’ai accepté. Je ne connaissais pas le texte, mais c’est l’envie de nous retrouver qui a primé et puis, c’est la première fois que Greg me dirige… »
Pour interpréter la troisième personne, il fallait une personne jeune et chabine. Ils ont pensé d’abord à Cécile Vernant, la réalisatrice martiniquaise mais elle était prise par la production de son long métrage. « J’ai hésité à aller au bout et quand Greg a suggéré Nathalie Coualy, j’ai dit ok ! » Nathalie avait déjà joué la fille de Greg dans Chap’là de Christian Lara. « J’ai tout de suite vu Firmine dans ce rôle », raconte Nathalie Coualy qui s’est même demandé si ce texte n’avait pas été écrit pour elle.
Création en Avignon
Firmine incarne donc cette femme, un personnage qui n’est pas tout de suite typé. « Elle est d’abord une épouse cocue, une pauvre femme et à la fin on va découvrir qui elle est vraiment. » Nathalie joue la gentille fille, ni totalement idiote, ni très intelligente… Une jeune file qui veut une belle histoire, qui aime les belles paroles… Nathalie Coualy qu’on a vu sur la scène stand up ou dans « Seule en scène « (travail en collaboration avec Pascal Légitimus) s’essaie pour la première fois au travail en troupe. « C’est une expérience géniale que de partager l’affiche avec Firmine. Je l’ai rencontrée l’an dernier en Avignon et je ne savais pas que l’on jouerait ensemble. » Philippe Calodat était lui aussi en Avignon l’an dernier avec Le costume. « Je voulais que Greg mette en scène Derrière la porte, mais la pièce était trop courte. Il a trouvé ce texte et ça m’a plu. » Et voilà Calodat essayant d’incarner en répétition cet homme qui oublie qu’il est marié. Un rôle de salaud ? de naïf ? « Il a sans doute un début d’Alzeimher… » « C’est un rôle très antillais, avance Greg, avec sa femme potomitan et lui papillonnant…. » Projection privée sera créée en Avignon, lors du prochain festival, à compter du 10 juillet à la chapelle du Verbe incarné. Elle devrait ensuite partir aux Antilles. Greg Germain aimerait faire comme il l’a déjà fait en Martinique, venir avec ses comédiens en résidence à la Guadeloupe, jouer au Lamentin, au Moule, à Lauricisque aux Abymes et pourquoi pas à l’auditorium de Basse-Terre.
Projection privée, de Rémi de Vos. Mise en scène Greg Germain. Production Compagnie du Tout monde et Grâce Art Théâtre. Avec Philippe Calodat, Nathalie Coualy et Firmine Richard.
Didascalies créoles
Rémi de Vos n’est pas Antillais et pourtant, il y a de l’antillais dans cette pièce ! Au-delà des situations, le texte a beaucoup de musicalité dans les mots, le phrasé, avec des accélérations du rythme. « C’est très créole », concède le metteur en scène. C’est sans doute pour cela que Greg Germain a voulu faire une pièce guadeloupéenne en réunissant des comédiens de son île. « Ce que je fais en Avignon, la passerelle, ne doit pas être que dans le sens Nord Sud. Là, c’est un homme d’une compagnie guadeloupéenne, Philippe Calodat, qui propose à la diaspora de travailler ensemble ! En cela, c’est exemplaire ! » Sur le plateau, Greg envoie des indications de mise en scène (les didascalies) en créole, et chez les comédiens, certaines répliques fusent naturellement dans cette langue. « L’auteur n’est pas contre », avance Firmine. « Nous échangeons beaucoup en créole alors que d’habitude, je ne le fais jamais, reprend Greg. Je m’appuie sur des situations qu’on a tous vécues en Guadeloupe ». Au-delà des mots, la danse et la musique viennent renforcer cette créolité dans la mise en scène. « Je ne sais pas si j’aurai demandé à des non créoles de danser sur scène… » L’emploi du créole vient tout seul dans la bouche des comédiens. Il n’est pas commandé par le metteur en scène. « Ca amuse l’auteur de voir ses mots triturés et reformulés dans un langage vernaculaire pour lequel il n’a pas écrit cette pièce… » Voilà pourquoi on attend Projection privée dans les théâtres antillais !
En réunissant pour la première fois sur une scène Firmine Richard, Philippe Calodat et Nathalie Coualy, Greg Germain renoue avec ses racines.Greg Germain, Philippe Bourgade (assistant mise en scène), Philippe Calodat et Nzthalie Coualy en répétition au Grand Lavoir à Paris...
Perché au grenier d’un immeuble parisien, le comédien guadeloupéen Greg Germain dirige une répétition théâtrale. Firmine Richard, assise sur un sofa, a les yeux rivés sur la télé et la main posée sur la télécommande. Face à elle, Philippe Calodat (compagnie Grâce Art théâtre), mari oublieux et volage tente de faire croire à son épouse que la jeune femme qu’il ramène (Nathalie Coualy) à la maison est la baby sitter tant recherchée. « Mais nous n’avons pas d’enfant… » La pièce, Projection privée, est signée de Rémi de Vos. Ca commence comme un boulevard, ça ressemble à du boulevard, mais c’est bien plus que du boulevard. Bien plus car si le rire reste très présent, l’objet même de la pièce permet de porter plus haut et plus loin la réflexion. Sur le couple, sur la télévision… La télévision est le quatrième acteur de cette pièce. « C’est une farce cruelle », résume Greg Gemain. Ca se ressent dès le début quand Firmine, la téléphage, balance : « J’adore les vedettes… (elle zappe…) Je voudrais qu’il en crève tous les jours ! » « L’idée est venue de Philippe Calodat, raconte Firmine Richard. Il a appelé Greg… On a travaillé deux jours ensemble et j’ai accepté. Je ne connaissais pas le texte, mais c’est l’envie de nous retrouver qui a primé et puis, c’est la première fois que Greg me dirige… »
Pour interpréter la troisième personne, il fallait une personne jeune et chabine. Ils ont pensé d’abord à Cécile Vernant, la réalisatrice martiniquaise mais elle était prise par la production de son long métrage. « J’ai hésité à aller au bout et quand Greg a suggéré Nathalie Coualy, j’ai dit ok ! » Nathalie avait déjà joué la fille de Greg dans Chap’là de Christian Lara. « J’ai tout de suite vu Firmine dans ce rôle », raconte Nathalie Coualy qui s’est même demandé si ce texte n’avait pas été écrit pour elle.
Création en Avignon
Firmine incarne donc cette femme, un personnage qui n’est pas tout de suite typé. « Elle est d’abord une épouse cocue, une pauvre femme et à la fin on va découvrir qui elle est vraiment. » Nathalie joue la gentille fille, ni totalement idiote, ni très intelligente… Une jeune file qui veut une belle histoire, qui aime les belles paroles… Nathalie Coualy qu’on a vu sur la scène stand up ou dans « Seule en scène « (travail en collaboration avec Pascal Légitimus) s’essaie pour la première fois au travail en troupe. « C’est une expérience géniale que de partager l’affiche avec Firmine. Je l’ai rencontrée l’an dernier en Avignon et je ne savais pas que l’on jouerait ensemble. » Philippe Calodat était lui aussi en Avignon l’an dernier avec Le costume. « Je voulais que Greg mette en scène Derrière la porte, mais la pièce était trop courte. Il a trouvé ce texte et ça m’a plu. » Et voilà Calodat essayant d’incarner en répétition cet homme qui oublie qu’il est marié. Un rôle de salaud ? de naïf ? « Il a sans doute un début d’Alzeimher… » « C’est un rôle très antillais, avance Greg, avec sa femme potomitan et lui papillonnant…. » Projection privée sera créée en Avignon, lors du prochain festival, à compter du 10 juillet à la chapelle du Verbe incarné. Elle devrait ensuite partir aux Antilles. Greg Germain aimerait faire comme il l’a déjà fait en Martinique, venir avec ses comédiens en résidence à la Guadeloupe, jouer au Lamentin, au Moule, à Lauricisque aux Abymes et pourquoi pas à l’auditorium de Basse-Terre.
Projection privée, de Rémi de Vos. Mise en scène Greg Germain. Production Compagnie du Tout monde et Grâce Art Théâtre. Avec Philippe Calodat, Nathalie Coualy et Firmine Richard.
Didascalies créoles
Rémi de Vos n’est pas Antillais et pourtant, il y a de l’antillais dans cette pièce ! Au-delà des situations, le texte a beaucoup de musicalité dans les mots, le phrasé, avec des accélérations du rythme. « C’est très créole », concède le metteur en scène. C’est sans doute pour cela que Greg Germain a voulu faire une pièce guadeloupéenne en réunissant des comédiens de son île. « Ce que je fais en Avignon, la passerelle, ne doit pas être que dans le sens Nord Sud. Là, c’est un homme d’une compagnie guadeloupéenne, Philippe Calodat, qui propose à la diaspora de travailler ensemble ! En cela, c’est exemplaire ! » Sur le plateau, Greg envoie des indications de mise en scène (les didascalies) en créole, et chez les comédiens, certaines répliques fusent naturellement dans cette langue. « L’auteur n’est pas contre », avance Firmine. « Nous échangeons beaucoup en créole alors que d’habitude, je ne le fais jamais, reprend Greg. Je m’appuie sur des situations qu’on a tous vécues en Guadeloupe ». Au-delà des mots, la danse et la musique viennent renforcer cette créolité dans la mise en scène. « Je ne sais pas si j’aurai demandé à des non créoles de danser sur scène… » L’emploi du créole vient tout seul dans la bouche des comédiens. Il n’est pas commandé par le metteur en scène. « Ca amuse l’auteur de voir ses mots triturés et reformulés dans un langage vernaculaire pour lequel il n’a pas écrit cette pièce… » Voilà pourquoi on attend Projection privée dans les théâtres antillais !