Romain Ganer
Romain Ganer : 30 ans de création
L’espace Canopy à Paris accueille jusqu’à la fin du mois de septembre une rétrospective de l’oeuvre du Guadeloupéen Romain Ganer. Interview
« Je suis toujours resté dans la culture noire »
Quel regard portez-vous sur vos trente ans de travail ?
On se dit qu’on se fait vieux… C’est pour rire ! C’est un bilan très positif et je suis assez content d’y être arrivé parce que ce n’est pas tellement évident, c’est beaucoup de travail et le résultat n’est pas toujours au bout. Je ne me plains pas.
Quand on est Antillais, qu’on vient de Marie-Galante, comment fait-on pour parvenir à exposer dans le monde entier pendant trente ans ?
Il ne faut pas se voir en tant qu’Antillais mais en tant qu’artiste. Il n’y a qu’à Paris où l’on perçoit des artistes comme étant Antillais. Donc ça devient un peu compliqué. Mais pour les expositions que j’ai eues en Allemagne, au Japon ou aux Etats-Unis, je n’ai pas rencontré ce genre de problème : je suis un artiste. Je ne suis ni un artiste noir, ni un artiste bleu ou jaune ou beige, je suis un artiste.
Comment on acquiert ce statut ? C’est le travail ? La reconnaissance ?
Ce sont les deux. Il faut vraiment travailler et surtout dans sa culture pour montrer ce qu’on a chez soi. On peut aussi regarder ce qui se passe ailleurs, ce que j’ai fait souvent et même fréquemment. Je ne secoue pas mes maracas tout le temps ! Je regarde aussi de l’autre côté, quelqu’un qui joue du shakuhachi, un autre joue des percussions à plat… Je m’intéresse à toutes les cultures différentes pour développer une idée et l’exprimer sur la toile. J’ai voyagé en Europe de mon propre chef. Voulant être artiste, il me fallait connaître l’art européen. J’ai fait ce que les écrivains appellent le grand tour. J’ai visité pratiquement toutes les grandes viles italiennes : Gènes, Venise, Padoue, Sienne pour voir les travaux des maîtres anciens. Une fois que j’ai appris, que je me suis imprégné de tout cela, que j’ai pu voir ce que ça pouvait représenter, je me suis intéressé à ma culture, celle qui m’appartient.
Quelle technique aimez-vous employer ?
Il y a eu plusieurs périodes. Au début, dans les années 1970, j’ai eu une période abstraite un peu plus gestuelle qui était inspirée de la calligraphie japonaise. J’utilisais de l’encre de Chine sur grand format papier. Un peu plus tard, j’ai commencé à mettre des couleurs parce qu’on change, on évolue… Dans le même temps, je suis toujours resté par mes dessins, mes installations, mes petits croquis dans la culture noire en général. Africaine, caribéenne, américaine…
Vous rendez même hommage à Chester Himes…
C’est un écrivain essentiel pour moi. Il fait partie de mon panthéon culturel avec Miles Davis ou mon premier maître d’école, Daniel Forestal, qui est arrivé avec sa guitare… Il y a des tas de personnages comme ça qui peuvent m’aider à être ce que je suis.Que vous reste-t-il de la Guadeloupe et de Marie-Galante ?
Il me reste beaucoup de choses de l’enfance et je tiens à ce que toutes ces choses restent. Surtout le goût de faire, le goût de ne jamais baisser les bras. C’est un peu ce que j’ai appris avec mes parents à Marie-Galante. Quand on veut faire quelque chose, il faut s’y tenir avec courage, avec volonté.
Photos Alban Fatkin
Exposition du 6 au 28 septembre. 19, rue Pajol, Paris 18
Romain Ganer, la bio
Romain Ganer est né en 1953 en Guadeloupe et a vécu son enfance à la Treille, section Monrepos à Grand-Bourg de Marie-Galante. Il a été élève à la rue Schoelcher à Pointe-à-Pitre puis à l’âge de 19 ans, il part étudier le droit en métropole. Vainement puisqu’il intègre à 20 ans l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse. Il vit à Venise et à Paris. Depuis 1981, il a exposé à Paris, à Bilbao, New York, San Francisco, Toronto, Helsinki, Cuba, Kobe (Japon), Catane (Italie), Stuttgart et en province. Il est représenté par la galerie Skoto à New York. L’Espace Canopy l’a exposé en février 2007 pour la première édition du festival Fulgurance Rencontre des cultures noires. Cette exposition parisienne est sa première rétrospective.
L’espace Canopy
Situé à la lisière du 18e arrondissement, côté 19e, l’espace Canopy se trouve tout près des rues de la Guadeloupe et de la Martinique autour du marché de l’Olive. Cette salle d’exposition a été installée dans ce quartier populaire par la volonté de deux femmes amoureuses d’art et de littérature,Charlotte Ferron et Marie-Line Tassius, une parisienne et une Saintannaise mais toutes deux du 18e arrondissement ! « Ce quartier, cest la vraie France avec ses difficultés, ses réalités. Il fallait faire ici quelque chose de qualité », explique Marie-Line Tassius. Après le festival Fulgurance Rencontre des cultures noires inspiré du Black History month, une exposition de poupées sur la représentation de l’enfant noir en 2006 et cette rétrospective Romain Ganer, en 2008, l’espace Canopy devrait recevoir la Guadeloupéenne Gerty Dambury en résidence à partir de janvier 2009.
L’espace Canopy à Paris accueille jusqu’à la fin du mois de septembre une rétrospective de l’oeuvre du Guadeloupéen Romain Ganer. Interview
« Je suis toujours resté dans la culture noire »
Quel regard portez-vous sur vos trente ans de travail ?
On se dit qu’on se fait vieux… C’est pour rire ! C’est un bilan très positif et je suis assez content d’y être arrivé parce que ce n’est pas tellement évident, c’est beaucoup de travail et le résultat n’est pas toujours au bout. Je ne me plains pas.
Quand on est Antillais, qu’on vient de Marie-Galante, comment fait-on pour parvenir à exposer dans le monde entier pendant trente ans ?
Il ne faut pas se voir en tant qu’Antillais mais en tant qu’artiste. Il n’y a qu’à Paris où l’on perçoit des artistes comme étant Antillais. Donc ça devient un peu compliqué. Mais pour les expositions que j’ai eues en Allemagne, au Japon ou aux Etats-Unis, je n’ai pas rencontré ce genre de problème : je suis un artiste. Je ne suis ni un artiste noir, ni un artiste bleu ou jaune ou beige, je suis un artiste.
Comment on acquiert ce statut ? C’est le travail ? La reconnaissance ?
Ce sont les deux. Il faut vraiment travailler et surtout dans sa culture pour montrer ce qu’on a chez soi. On peut aussi regarder ce qui se passe ailleurs, ce que j’ai fait souvent et même fréquemment. Je ne secoue pas mes maracas tout le temps ! Je regarde aussi de l’autre côté, quelqu’un qui joue du shakuhachi, un autre joue des percussions à plat… Je m’intéresse à toutes les cultures différentes pour développer une idée et l’exprimer sur la toile. J’ai voyagé en Europe de mon propre chef. Voulant être artiste, il me fallait connaître l’art européen. J’ai fait ce que les écrivains appellent le grand tour. J’ai visité pratiquement toutes les grandes viles italiennes : Gènes, Venise, Padoue, Sienne pour voir les travaux des maîtres anciens. Une fois que j’ai appris, que je me suis imprégné de tout cela, que j’ai pu voir ce que ça pouvait représenter, je me suis intéressé à ma culture, celle qui m’appartient.
Quelle technique aimez-vous employer ?
Il y a eu plusieurs périodes. Au début, dans les années 1970, j’ai eu une période abstraite un peu plus gestuelle qui était inspirée de la calligraphie japonaise. J’utilisais de l’encre de Chine sur grand format papier. Un peu plus tard, j’ai commencé à mettre des couleurs parce qu’on change, on évolue… Dans le même temps, je suis toujours resté par mes dessins, mes installations, mes petits croquis dans la culture noire en général. Africaine, caribéenne, américaine…
Vous rendez même hommage à Chester Himes…
C’est un écrivain essentiel pour moi. Il fait partie de mon panthéon culturel avec Miles Davis ou mon premier maître d’école, Daniel Forestal, qui est arrivé avec sa guitare… Il y a des tas de personnages comme ça qui peuvent m’aider à être ce que je suis.Que vous reste-t-il de la Guadeloupe et de Marie-Galante ?
Il me reste beaucoup de choses de l’enfance et je tiens à ce que toutes ces choses restent. Surtout le goût de faire, le goût de ne jamais baisser les bras. C’est un peu ce que j’ai appris avec mes parents à Marie-Galante. Quand on veut faire quelque chose, il faut s’y tenir avec courage, avec volonté.
Photos Alban Fatkin
Exposition du 6 au 28 septembre. 19, rue Pajol, Paris 18
Romain Ganer, la bio
Romain Ganer est né en 1953 en Guadeloupe et a vécu son enfance à la Treille, section Monrepos à Grand-Bourg de Marie-Galante. Il a été élève à la rue Schoelcher à Pointe-à-Pitre puis à l’âge de 19 ans, il part étudier le droit en métropole. Vainement puisqu’il intègre à 20 ans l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse. Il vit à Venise et à Paris. Depuis 1981, il a exposé à Paris, à Bilbao, New York, San Francisco, Toronto, Helsinki, Cuba, Kobe (Japon), Catane (Italie), Stuttgart et en province. Il est représenté par la galerie Skoto à New York. L’Espace Canopy l’a exposé en février 2007 pour la première édition du festival Fulgurance Rencontre des cultures noires. Cette exposition parisienne est sa première rétrospective.
L’espace Canopy
Situé à la lisière du 18e arrondissement, côté 19e, l’espace Canopy se trouve tout près des rues de la Guadeloupe et de la Martinique autour du marché de l’Olive. Cette salle d’exposition a été installée dans ce quartier populaire par la volonté de deux femmes amoureuses d’art et de littérature,Charlotte Ferron et Marie-Line Tassius, une parisienne et une Saintannaise mais toutes deux du 18e arrondissement ! « Ce quartier, cest la vraie France avec ses difficultés, ses réalités. Il fallait faire ici quelque chose de qualité », explique Marie-Line Tassius. Après le festival Fulgurance Rencontre des cultures noires inspiré du Black History month, une exposition de poupées sur la représentation de l’enfant noir en 2006 et cette rétrospective Romain Ganer, en 2008, l’espace Canopy devrait recevoir la Guadeloupéenne Gerty Dambury en résidence à partir de janvier 2009.