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Publié par fxg

Moïse Tite, le dernier fabriquant de Manche a sab de Sentann (Guadeloupe)
Depuis quarante ans, Moïse Tite fait des manches de coutelas à Maudette, Sainte-Anne en Guadeloupe. Un savoir faire qu'il tient de son grand-père et que, sans doute, il ne transmettra pas, faute d'apprenti.

« I pli bon é i pa ka fenn' fasil ! » Moïse Tite fabrique ses manches de coutelas en bois de calbasse. Pas n'importe quelle branche et pas n'importe quand... « Il faut apprendre à couper le bois et le prendre après la leine lune... » Moïse Tite est le dernier fabiquant de manche a sab de Sainte-Anne. Son secret de fabrication, il le tient de son grand-père, Sonson Virolan qui, comme lui, habitait Maudette, précisément à Rochel. « J'ai commencé à en faire vers l'âge de 10 ans, en regardant mon grand-père qui travaillait avec des ciseaux à bois. Au début, je prenais les ciseaux aussi, mais rapidement, je suis passé à la rape. Ça donne plus de facilité. » Moïse n'a pas toujours été exclusivement fabriquant de manche de sabre. Avant le cyclone Hugo et un accident de la route qui lui a laissé des traces, il fabriquait des panniers et des meubles en bambou.
Une signature
Aujourd'hui, il ne quitte plus son échoppe d'artisan au bord de la voie n°3 de Maudette, saluant d'un « Vwé, okay ! » les automobilistes de passage. Il fabrique une dizaine de manches par mois qu'il vend 20 euros ou 30 s'il fournit la lame. Ses clients viennent des environs de Sainte-Anne et du Gosier. « C'est le bouche à oreille qui lui amène ses clients. Un bon manche dure trois à quatre ans. Sa réputation, Moïse la tient d'un savoir faire précis. L'espace pour la saisie du manche doit faire 10 cm ; la fente dans laquelle se glisse la lame doit être bouchée pour éviter à l'eau de rentrer ; et puis, il y a sa signature, son insigne, dit-il : des croisillons tracés sur le manche à la lame de scie et rebouchés avec de la colle à bois. De part et d'autre, du fil de fer enroulé pour cercler le manche. « Si vous voyez un coutelas comme ça, c'est Tite Moïse qui l'a fait ! », avance-t-il fièrement. Issu d'une famille de cultivateurs, Moïse a sept frères et trois soeurs. Il est pourtant le seul à avoir repris ce métier d'antan lontan. « Mon frère regarde comme ça, mais il n'est pas intéressé... Si on moun vlé, an pé montré... » Mais jusqu'alors, personne n'est venu lui demander de partager son savoir. Moïse a 56 ans et il annonce déjà : « Après moi, c'est fini... »

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K
J'espère qu'après MOïse, ce ne sera pas fini, ce serait vraiment dommage de perdre ce savoir-faire traditionnel !
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