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Publié par fxg

Jean Crusol, Pap Ndiaye, Béatrice Tanaka et James Noël lauréats du Fetkann 2008Le prix  de la mémoire a été décerné à l’universitaire Pap Ndiaye pour son ouvrage, La condition noire. Stéphane Pocrain s’est chargé de l’éloge du lauréat parti à peine arrivé, avant le début de la cérémonie ! Son Essai sur une minorité française, publié chez Calmann-Lévy, est « une invitation à avoir une réflexion complexe sur la société française et la condition noire, sur la question minoritaire au sein d’un groupe majoritaire ». Pocrain a rappelé le compagnonage de Pap Ndiaye avec le CRAN, et en fait le « fondateur d’un courant black studies à la française ». Le comité d’excellence du prix littéraire Fetkann a décerné ensuite le prix de la recherche au Martiniquais Jean Crusol pour sa somme historique éditée chez aux Perséides, Les îles à sucre. « Un pavé pas facile à lire ! » José Pentoscrope a rappelé son propos : « Toutes les sociétés insulaires de la Caraïbe, l’océan Indien ou le Pacifique ont la même origine historique : la colonisation et l’économie sucrière. »Le prix de la jeunesse a été remis à la Brésilienne Béatrice Tanaka. A 77 ans est l’auteur d’une bande dessinée éditée chez Kanjil (elle en a déjà réalisé une cinquantaine), La légende de Chico Rei. L’histoire du roi Chico arrivé au Brésil en 1740. Lise Bourquin-Mércadé, son éditrice a reçu le prix. Béatrice Tanaka est au Brésil. Enfin, le prix poésie a été remis à l’Haïtien James Noël pour son ouvrage Le sang visible du vitrier aux éditions Cidihca. « Je suis celui qui se lave les mains avant d’écrire… » Après avoir lu ses vers, le jeune poète a dédié son prix à Haïti, «  terre où la négritude s’est mise debout la première fois et au peuple haïtien ». Evoquant les « rafales ratures » de James Noël, Yves Letourneur, universitaire membre du comité d’excellence, a cité le poète Paul Valéry pour qui « l’écriture est une longue rature ».
Photos : RDG

Les recalés
Les autres années au prix Fetkann, on voyait Claude Ribbe qui prenait son petit-déjeuner au rez-de-chaussée du Flore. Il ne montait pas ; il n’était pas nominé. Cette fois, il l’était (catégorie mémoire) pour Le nègre vous emmerde chez Buffet-Chastel, mais on le l’a pas vu. Son poulain, Jean-Marc Rosier (Noirs Néon, Alphée Jean-Paul Bertrand) était aussi sur les rangs. Pas vu non plus Alain Foix, pourtant averti la veille par son éditeur, Gallimard, qu’il était sur les rangs pour son Aujourd’hui en Guadeloupe, Lou à Sainte-Anne, dans la catégorie Jeunesse. Lassé après un Fetkann et un prix RFO passés sous son nez, il n’est pas venu. Les autres recalés (liste partielle) sont Ernest Pépin, Olivier Pétré-Grenouilleau, Jean-Philippe Omotundé, Aïssatou Thiam, Gisèle Pineau, José Vatin, Kettly Mars, Patrice Louis, Maryse Condé, Fabienne Kanor, Alain Mabanckou…

Café littéraire
« Ca s’est passé chez Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ! » a rappelé José Pentoscrope quand il a clôturé la cérémonie de remise des prix littéraires Fetkann, mémoire des pays du sud, mémoire de l’humanité, hier au Café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés. A l’étage du célèbre café parisien, il y avait la presse, une partie du comité d’excellence (jury). Laetitia Guédon est venue remettre les trophées de bronze créés par feu son père, Henri. Mme Ambroise de l’ambassade d’Haïti avait été avertie de la possibilité d’un prix pour un compatriote et attendait assise au fond de la salle. Un hommage à son pays, victime de catastrophes à répétition ces derniers mois, a été rendu après celui fait à Aimé Césaire. Le peintre Ferdinand Bourdet a exposé un tableau représentant le poète disparu, et M. Prat exposait une toile hommage à Delgrès, une autre sur Haïti. L’ancien chroniqueur de Laurent Ruquier à la télé, Stéphane Pocrain, porte-parole du prix Fetkann, n’a pas manqué de rappeler publiquement mais courtoisement les divergences de point de vue qu’il avait avec Patrick Karam concernant le CRAN par exemple. Le délégué interministériel venu remettre des prix en a profité pour faire sa com’ et rappeler — longuement — son action pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer. « Pocrain n’est pas resté pour m’écouter », a-t-il ironisé. James Noël, lui, l’a bien écouté, qui lui a demandé pourquoi il n’en faisant pas autant pour les ressortissants haïtiens de métropole…

Interview de James Noël, lauréat du prix Fetkann, catégorie poésie
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Les mots m’ont choisi"
Vous êtes celui qui se lave les mains avant d’écrire…
L’écriture requiert d’avoir les mains pures. Elle est un champ d’expérimentation où les mots sont des armes miraculeuses. Donc on ne peut permettre d’user des mots juste pour le plaisir. Se laver les mains avant d’écrire, c’est se dépouiller de tout pour entrer sainement dans la poésie.
Depuis quand utilisez-vous les mots comme des armes miraculeuses ?
A l’école ! J’avais 13 ans mais c’était sans prétention. Je n ‘écrivais pas pour devenir poète, ni écrivain, ni pour gagner des prix ! Les mots m’ont choisi, je crois.
Expliquez-nous cela…
Avant, c’était mon frère aîné, en Haïti, qui était poète à l’école. Il était même connu comme une figure poétique. Et moi, pour le taquiner, une fois, j’ai écrit par supercherie un poème que j’ai signé Victor Hugo. En lisant le poème, il m’a confié qu’il le trouvait très beau et qu’il aimerait atteindre la maturité de Victor Hugo. Je lui ai avoué que j’en étais l’auteur… C’est comme ça que je suis entré de plain-pied dans la poésie !
Qu’est-ce que le sang visible du vitrier ?
Il y a une expression haïtienne qui dit : ôte-toi de là, ton père n’est pas vitrier. Au départ, ça m’a inspiré mais aussi, c’est un souci de transparence. Le sang visible du vitrier est mon sang que j’ai livré au lecteur.
Que représente ce prix pour vous ?
Un tel prix voué à la mémoire des pays du sud va m’aider à mieux me situer, à viser juste comme le franc tireur, parce que c’est un combat réel.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ? Continuer d’écrire ?
Oui ! C’est un vœu majeur.



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