Congres des maires d'outre-mer
Les maires d’outre-mer en congrès à Paris
Le congrès des maires de France qui démarre aujourd’hui à la porte de Versailles, à Paris, a commencé par le traditionnel rendez-vous des maires d’outre-mer, hier à l’hôtel de Ville de Paris.
Jacques Pélissard, président de l’association des maires de France avait invité les présidents d’associations des maires de chaque territoire à venir à la tribune. Le Martiniquais Raymond Occolier et le Guyanais Jean-Pierre Roumillac ont animé un premier atelier sur le logement où il a été question de replacer le logement dans la perspective du développement économique. De la construction au programmes de résorption de l’habitat insalubre, d’amélioration de l’habitat rural. Selon Jacques Pélissard, les élus outre-mer ont fait le choix d’une mixité sociale formant les parcours résidentiels. Bien entendu le bilan de 5 500 logements construits pour un objectif de 12 500 a été rappelé… Tout comme l’insuffisance de la ligne budgétaire unique (LBU destinée au financement du logement social), la pression foncière, la cherté des loyers. Les congressistes ont encore exprimé leur inquiétude sur l’efficacité des outils proposés par le gouvernement. Conforter les crédits de la LBU et réduire les écarts entre autorisations d’engagement et crédits de paiement sont les deux thèmes qui ont été martelés.
Réception des maires à l'Elysée
La crainte aussi de voir les produits de la défiscalisation nouvelle version (pour le logement social) venir se substituer à la LBU a été soulignée. La mauvaise santé financière des communes d’outre-mer dans leur ensemble rend difficile la mise en place de partenariat de cofinancement et pour y parer, les élus ont demandé la mise sur pied de nouveaux opérateurs fonciers. Invité à répondre aux questions issus des travaux des élus d’outre-mer, Yves Jégo a indiqué que leur réception à l’Elysée, ce jeudi, par le chef de l’Etat, leur permettrait de mieux mesurer que « toutes les autorités de l’Etat sont conscientes de la réalité des difficultés et soucieuses de donner à l’outre-mer des outils adaptés » avec le nouveau dispositif fiscal pour le logement outre-mer (Yves Jégo a estimé à 170 millions d’euros le produit de cette niche fiscale), la hausse de la LBU de 180 à 253 millions d’euros sur trois ans et la création d’un fonds exceptionnel de 40 millions d’euros pour les aménagements autour des nouveaux logements sociaux.
La deuxième partie de la journée a été consacrée au Grenelle de l’environnement. « C’est un sujet qui couvre tous les domaines dans les communes d’outre-mer », selon M. Pélissard : l’accès à l’énergie et la nouvelle gouvernance énergétique, la préservation de la biodiversité et sa mise en valeur.
Grenelle : une conférence pour la Guyane
Le président Pélissard a consacré dans son allocution sur le Grenelle une large place à la Guyane : « La Guyane est dotée depuis peu d’un parc national amazonien. Un plan d’accompagnement a été mis en lace pour es populations (transport, adduction d’eau, traitement des déchets). Les modes de vie ancestraux ont permis la sauvegarde de la biodiversioté, il faut instaurer un nouveau mode de vie renouvelant les relations entre l’homme et la nature. Les Guyanais ont légitimement droit à un développement économique respectant la biodiversité. » Il s’est alors prononcé en faveur de la tenue d’une conférence pour répondre aux besoins des Guyanais dans une perspective de développement durable. Enfin, sur l’environnement, le président de l’association des maires de France a déclaré : « Il faudra adapter la loi du Grenelle 1 et celle du Grenelle 2 qui suivra pour la Guyane », a admis le président de l’association des maires de France.
« Nos communes sont en difficulté »
Que retenez-vous de cette journée des maires d’Outre-mer ?
C’est la première fois que je viens au congrès des maires. C’est une bonne occasion de prendre conscience que tous les outre-mers rencontrent les mêmes problèmes. Nous ne sommes pas les seuls ! Et ça permet d’échanger des expériences pour être créatifs et offensifs
Un atelier sur les financements des collectivités vous est proposé durant ce congrès. Vous en attendez quoi ?
Nos communes sont en difficulté, en déficit ou en équilibre fragile : incapacité d’autofinancement, diminution des retraites en 2009, problème d’emploi... Je ne vois pas comment les établissements financiers pourront intervenir. L’Etat qui avait mis en place les plans COCARDE est revenu dessus et n’en parle plus. Il y a quelques années, l’Etat pouvait intervenir pour une commune à hauteur de 300 ou 400 000 euros. Désormais, on n’en parle plus. Avec cette crise financière, je ne vois pas qui va s’engager avec les banques et les établissements financiers. Avec les taux variables, ça peut nous coûter extrêmement cher.
Un tel atelier, c’est du vent ?
Non, ce n’est pas du vent. Je dis ça me concernant. Alors qu’est-ce que l’Etat va proposer aux établissements financiers pour nous soutenir ? Je suis en situation de réflexion mais je sais que ce sera difficile. Chez moi, j’ai des prêts… Je n’ose même pas en parler ! Je voulais les renégocier, mais le moment n’est pas le meilleur. En tout cas les communes qui sont en situation précaire ne vont pas hypothéquer l’avenir de leurs populations en ajoutant des prêts.
« Une législation particulière à la Guyane »
Vous avez exposé tous les problèmes de la Guyane ?
Non, aujourd’hui il faut s’attaquer aux problèmes récurrents, comme les problèmes de logements qui ont fait l’objet d’un débat. On n’arrive pas à réaliser de logements alors qu’il y a des besoins qui se font sentir fortement. Plus on attend, plus le besoin augmente en matière d’aménagement. En matière d’environnement, le problème récurrent est celui de l’exploitation de nos ressources qui devraient être préservées et qui ne le sont pas dans la mesure où nous avons à déplorer des interventions spontanées de garimperos qui viennent détruire avant même que nous tentions de protéger pour valoriser. Tout ça demande une intervention énergique de l’Etat. Et que faire pour que l’Etat intervienne ?
Vous abordez aussi la question des financements des communes…
C ‘est un problème aussi important parce qu’on nous informe qu’il y a des crédits mais c’est à nous, communes, de trouver les financements complémentaires qui permettent au projet d’aboutir… Il faut savoir pourquoi les communes ne peuvent pas trouver les compléments de financement. Est-ce que ce n’est pas parce que l’Etat ne cesse de transférer de nouvelles compétences sans moyens que les communes sont ashyxiées ?
Vous avez au programme de ce congrès une visite chez Alliot-Marie, une autre à l’Elysée, vous allez leur dire tout ça ?
Je pense qu’il faudrait adapter une législation particulière à la Guyane. On ne peut pas nous laisser dans cette situation de spectateurs de la destruction de notre faune et notre flore ! Il faut réagir ! Alors on va répéter la même chose au président de la République. Il est venu chez nous et je pense qu’il est déterminé à agir. Il faut le temps, mais faudrait le booster un peu, le président, pour qu’il puisse agir plus rapidement.