Vincent Byrd Lesage, De la race en Amérique de Barack Obama
Interview. Vincent Byrd Lesage, comédien
" Obama est dans le post-racial "
Il interprète Barack Obama dans une mise en scène de José Plyia et donne le discours de Philadelphie sur la diversité. Un spectacle donné au Lavoir moderne parisien jusqu’à la fin février et… facilement transportable.
N’est-ce pax impressionnant de jouer Barack Obama ?
Je ne suis pas Barack Obama, nous ne sommes pas aux Etats-Unis, le public n’est pas le Parti démocrate durant les primaires, le metteur en scène José Plyia n’est pas mon directeur de campagne. On n’est pas du tout dans l’identification à Obama, mais plutôt dans le fait de restituer une parole, de faire entendre un texte qui me paraît très fort.
Comment José Plyia vous a t-il choisi ?
Les rencontres théâtrales sont toujours des histoires à tiroir… C’est une histoire qui remonte à une dizaine d’années mais récemment, je suis allé en Guadeloupe et j’ai retrouvé José dans l’avion. On a eu une discussion très animée sur la notion de diversité en France et quelque temps plus tard, il avait déjà ce texte en tête, il m’a demandé d’en faire une lecture…
Dire un texte politique… Quel est le travail du comédien ?
Il y a deux pièges. Le premier est de se prendre pour Obama. C’est l’échec absolu parce que d’abord ce n’est pas dans sa langue, je ne suis pas Obama et le discours est sur YouTube ! Donc il ne s’agissait pas de se remettre dans la position ou de singer le personnage. Ce qui nous intéresse ce qui nous a touché dans le texte, dès le début, c’est quand j’ai commencé à le lire à voix haute, je me suis mis à pleurer et j’ai eu du mal à finir. José s’est retrouvé dans le même état que moi. Du coup, ce qu’on a voulu défendre, c’est le texte. Il s’avère que c’est un discours politique, certes, mais ça pourrait être une confection comme la lettre de Baldwyn à son neveu. Il y a quelque chose de très intime là-dedans, de très universel.
Dans son spectacle « Nous étions assis sur le rivage du monde, José Plyia arrivait à une impasse dans les relations entre Noir et Blanc, avec ce texte, il semble avoir trouvé une réponse plus favorable. Savez-vous combien de fois vous répétez le pot race dans ce texte ?
Non, je n’ai pas compté. Beaucoup. Mais c’est normal. Moi quand je suis né (le même jour que Barack Obama), mon père qui est afro-américain, ne montait pas dans les bus des Blancs, Mais ce que j’ai compris d’Obama c’est qu’il est au-delà du fait de choisir un camp ! Il ne serait pas reconnu par ceux du camp qu’il aurait choisi. Il est dans le post-racial, le post-ségrégation et l’expérience des métis est extrêmement proche de celle-là car le métis qui assume intègre toutes ses données, blanc et noir, catholique et juif, arabe et français… Il intègre.
Vous présentez ce discours de Philadelphie come un texte aussi fort que le célèbre I have a dream de Luther-King, mais, pour paraphraser Cioran, n’avez-vous pas peur que l’investissement projeté sur la personne d’Obama ne produise que de la déception, tant l’espoir qu’il fait naître est grand ?
C’est couru d’avance ! Un soir dans la salle, après le spectacle, une dame a dit qu’il avait été élu et qu’il allait faire la guerre en Afghanistan. Je lui ai répondu que chez les êtres humains, il y avait des gens de différentes couleur dont des Noirs, que chez les êtres humains, il y avait des gens imparfaits et même des Noirs sont imparfaits !
Vous semblez prendre beaucoup de plaisir à prononcer ce discours…
Il y a beaucoup de bienveillance et c’est ça qui nous manque terriblement.
Vous y mettez beaucoup de douceur…
Je pense à toutes les fois où j’ai vu des textes de Césaire montés, je pense à lui tel que je l’ai vu physiquement à la mairie de Fort-de-France, et je me rappelle que chez Césaire, il y avait une grande force et une immense douceur. Ce que j’ai envie de transmettre, c’est cette bienveillance et cette douceur. Je trouve ça fondamental.
Ca change de la Baie des Flamboyants…
Oui, mais moi je suis ravi de faire la Baie des Flamboyants. C’est une des seules séries télé en France où il y a des gens de toutes les couleurs,peut-être une des séries où il y a le plus de métis. Et puis, la Baie des Flamboyants, c’est la première série depuis le début de l’histoire de la télé qui fait deux saisons de suite dans le département de la Guadeloupe. Qui serais-je pour ne pas aller sur un projet comme celui-là et lui donner, tant que je peux, le meilleur de moi-même. Je pense que c’est la même chose qui se raconte, de la bienveillance.
" Obama est dans le post-racial "
Il interprète Barack Obama dans une mise en scène de José Plyia et donne le discours de Philadelphie sur la diversité. Un spectacle donné au Lavoir moderne parisien jusqu’à la fin février et… facilement transportable.
N’est-ce pax impressionnant de jouer Barack Obama ?
Je ne suis pas Barack Obama, nous ne sommes pas aux Etats-Unis, le public n’est pas le Parti démocrate durant les primaires, le metteur en scène José Plyia n’est pas mon directeur de campagne. On n’est pas du tout dans l’identification à Obama, mais plutôt dans le fait de restituer une parole, de faire entendre un texte qui me paraît très fort.
Comment José Plyia vous a t-il choisi ?
Les rencontres théâtrales sont toujours des histoires à tiroir… C’est une histoire qui remonte à une dizaine d’années mais récemment, je suis allé en Guadeloupe et j’ai retrouvé José dans l’avion. On a eu une discussion très animée sur la notion de diversité en France et quelque temps plus tard, il avait déjà ce texte en tête, il m’a demandé d’en faire une lecture…
Dire un texte politique… Quel est le travail du comédien ?
Il y a deux pièges. Le premier est de se prendre pour Obama. C’est l’échec absolu parce que d’abord ce n’est pas dans sa langue, je ne suis pas Obama et le discours est sur YouTube ! Donc il ne s’agissait pas de se remettre dans la position ou de singer le personnage. Ce qui nous intéresse ce qui nous a touché dans le texte, dès le début, c’est quand j’ai commencé à le lire à voix haute, je me suis mis à pleurer et j’ai eu du mal à finir. José s’est retrouvé dans le même état que moi. Du coup, ce qu’on a voulu défendre, c’est le texte. Il s’avère que c’est un discours politique, certes, mais ça pourrait être une confection comme la lettre de Baldwyn à son neveu. Il y a quelque chose de très intime là-dedans, de très universel.
Dans son spectacle « Nous étions assis sur le rivage du monde, José Plyia arrivait à une impasse dans les relations entre Noir et Blanc, avec ce texte, il semble avoir trouvé une réponse plus favorable. Savez-vous combien de fois vous répétez le pot race dans ce texte ?
Non, je n’ai pas compté. Beaucoup. Mais c’est normal. Moi quand je suis né (le même jour que Barack Obama), mon père qui est afro-américain, ne montait pas dans les bus des Blancs, Mais ce que j’ai compris d’Obama c’est qu’il est au-delà du fait de choisir un camp ! Il ne serait pas reconnu par ceux du camp qu’il aurait choisi. Il est dans le post-racial, le post-ségrégation et l’expérience des métis est extrêmement proche de celle-là car le métis qui assume intègre toutes ses données, blanc et noir, catholique et juif, arabe et français… Il intègre.
Vous présentez ce discours de Philadelphie come un texte aussi fort que le célèbre I have a dream de Luther-King, mais, pour paraphraser Cioran, n’avez-vous pas peur que l’investissement projeté sur la personne d’Obama ne produise que de la déception, tant l’espoir qu’il fait naître est grand ?
C’est couru d’avance ! Un soir dans la salle, après le spectacle, une dame a dit qu’il avait été élu et qu’il allait faire la guerre en Afghanistan. Je lui ai répondu que chez les êtres humains, il y avait des gens de différentes couleur dont des Noirs, que chez les êtres humains, il y avait des gens imparfaits et même des Noirs sont imparfaits !
Vous semblez prendre beaucoup de plaisir à prononcer ce discours…
Il y a beaucoup de bienveillance et c’est ça qui nous manque terriblement.
Vous y mettez beaucoup de douceur…
Je pense à toutes les fois où j’ai vu des textes de Césaire montés, je pense à lui tel que je l’ai vu physiquement à la mairie de Fort-de-France, et je me rappelle que chez Césaire, il y avait une grande force et une immense douceur. Ce que j’ai envie de transmettre, c’est cette bienveillance et cette douceur. Je trouve ça fondamental.
Ca change de la Baie des Flamboyants…
Oui, mais moi je suis ravi de faire la Baie des Flamboyants. C’est une des seules séries télé en France où il y a des gens de toutes les couleurs,peut-être une des séries où il y a le plus de métis. Et puis, la Baie des Flamboyants, c’est la première série depuis le début de l’histoire de la télé qui fait deux saisons de suite dans le département de la Guadeloupe. Qui serais-je pour ne pas aller sur un projet comme celui-là et lui donner, tant que je peux, le meilleur de moi-même. Je pense que c’est la même chose qui se raconte, de la bienveillance.
De la race en Amérique
En mars 2008, l’image de Barack Obama est ternie par le long reportage que ABC News consacre à son pasteur, le révérend Wright. Ce conseiller spirituel qu’il considère comme quelqu’un de sa famille a écrit que les attentats du 11 septembre étaient « un signal d’alarme » pour l’Amérique « afin qu’elle se rende compte que les Noirs et les Arabes existent toujours ». Le révérend hurle : « Dieu maudisse l’Amérique ! » Pour Obama, il va falloir autre chose que des démentis… L’opinion est troublée. Il faut agir. Obama se met au travail et décide qu’il s’exprimera le 18 mars, à Philadelphie. En quarante minutes, le sénateur de l’Illinois est interrompu 17 fois par des applaudissements. Sur la scène, un comédien, un pupitre et un éclairage bleu en fond pour une mise en voix plus qu’une pièce de théâtre.
En mars 2008, l’image de Barack Obama est ternie par le long reportage que ABC News consacre à son pasteur, le révérend Wright. Ce conseiller spirituel qu’il considère comme quelqu’un de sa famille a écrit que les attentats du 11 septembre étaient « un signal d’alarme » pour l’Amérique « afin qu’elle se rende compte que les Noirs et les Arabes existent toujours ». Le révérend hurle : « Dieu maudisse l’Amérique ! » Pour Obama, il va falloir autre chose que des démentis… L’opinion est troublée. Il faut agir. Obama se met au travail et décide qu’il s’exprimera le 18 mars, à Philadelphie. En quarante minutes, le sénateur de l’Illinois est interrompu 17 fois par des applaudissements. Sur la scène, un comédien, un pupitre et un éclairage bleu en fond pour une mise en voix plus qu’une pièce de théâtre.