Interview du directeur des activités spiritueux du GBH
Interview de Grégoire Gueden, directeur de l’activité spiritueux au groupe Bernard Hayot
« Pour qu’on puisse négocier avec les entreprises, il faut qu’elles soient en bonne santé »
Vous dirigez les sociétés JM, Clément et Spiridom qui commercialisent à l’export les rhums JM et Clément et ceux du groupe guadeloupéen Damoiseau, soit environ 150 à 200 personnes (en tenant compte du personnel des exploitations agricoles qui produisent la canne à sucre...) A ce stade de la grève, dans quel état se trouvent ces sociétés ?
Elles sont en grave danger. Il faut vraiment prendre conscience que nous sommes dans une situation très grave. Nos salariés ne travaillent pas tant à la Martinique qu’à la Guadeloupe où nos entreprises sont arrêtées. Mais un certain nombre de charges continuent à courir et nous n’avons plus aucune recette. Avec beaucoup de dépense et pas de recettes, la situation passe dans le rouge. Mais encore plus grave, nous avons beaucoup développé nos ventes à l’extérieur pour exporter nos savoir faire (on dit toujours que nous n’exportons pas assez de valeur ajoutée et là on a un produit qui a vraiment de la valeur ajoutée à l’extérieur) et là, on est en train de tuer cette industrie parce que nos activités qui fournissent toute la grande distribution dans l’Hexagone sont arrêtées. Nous n’avons plus de marchandise à vendre et là aussi, ce sont des salariés arrêtés et des charges qui continuent à courir. Je ne vous cache pas qu’aujourd’hui les banquiers ne sont pas prêts à nous donner de nouvelles lignes de crédit.
Dire ça après quinze jours de grève, comme en Martinique, n’est-ce pas excessif, exagéré ?
Mais nous sommes à flux complètement tendus. Nous ne pouvons pas avoir de stock énorme et même si l’activité reprenait demain, il faudra encore trois ou quatre semaines avant que tout reparte et qu’on soit à nouveau approvisionné. Pendant ce temps nos clients en France et à l’international sont complètement arrêtés et le risque c’est que nos produits soient pris ailleurs et donc déréférencés… alors qu’on a eu beaucoup de mal à développer ces marchés.
Vous n’allez pas nous faire croire que des entreprises comme JM, Damoiseau ou Clément sont en phase de disparaître…
Une entreprise qui n’a plus de recettes et qui continue à avoir des dépenses, au-delà de quelques jours, c’est terminé. C’est comme un budget personnel, quand il n’y a plus d’argent sur le compte en banque, les entreprises, elles s’arrêtent et on sait très bien dans quel état sont les banquiers aujourd’hui !
Vous êtes pourtant adossés à un groupe solide, le GBH…
GBH est arrêté pour la moitié de son activité. Il se trouve dans la même situation que nous.
Qu’espérez-vous concrètement ?
Il faut absolument qu’on reprenne le travail, que les gens prennent conscience de ça parce que la situation est dramatique. Quand on ne peut plus payer ses salariés, plus payer ses fournisseurs, on n’est plus livré. Nous sommes dans une impasse très grave. C’est important qu’il y ait de la négociation, mais parallèlement à ça, il faut reprendre le travail. Quand les entreprises seront mortes, ce ne sera plus la peine de venir négocier. Il n’y aura plus rien à négocier… Les entreprises seront à genoux.
N’est-ce pas un contre-feu que vous allumez, un épouvantail que vous dressez ?
Ce n’est pas un contre-feu ou un épouvantail ! La Martinique est arrêtée depuis deux semaines, la Guadeloupe depuis plus d’un mois. Je vais reprendre cet exemple, mais dans un ménage quand il manque un ou deux mois de salaires et bien, on ne termine pas l’année. Dans une entreprise, c’est pareil. Nous vendons des produits agricoles et nous sommes en flux tendu en trésorerie et en marchandise.
Combien avez-vous perdu ?
Il y a eu globalement 100 millions d’euros de perdus en Guadeloupe. Nous pourrons évaluer le chiffre de nos pertes d’ici quelques mois. Mais d’ores-et-déjà, nos clients aux Etats-Unis ont annulé la semaine dernière leur venue en Martinique et ils ne commercialiseront pas nos rhums. Mais plus grave encore, le gouvernement américain a placé nos départements en zone noire, ce qui veut dire qu’ils déconseillent à leurs ressortissants de se rendre en Guadeloupe et Martinique parce qu’ils jugent que c’est trop dangereux.
Vous défendez votre business mais vous vous moquez de la lutte commune contre la vie chère outre-mer ?
Tout le monde est pour une amélioration du pouvoir d’achat que ce soit chez nous ou en France. C’est un problème mondial aujourd’hui. Mais pour qu’on puisse négocier avec les entreprises, il faut qu’elles soient en bonne santé, qu’elles soient vivantes. Négocier avec un mort ne mènera pas loin. Oui pour négocier, oui pour améliorer. C’est normal que chacun défende son bout de pain, mais on n’y arrivera pas en tuant le boulanger qui fait la baguette !
« Pour qu’on puisse négocier avec les entreprises, il faut qu’elles soient en bonne santé »
Vous dirigez les sociétés JM, Clément et Spiridom qui commercialisent à l’export les rhums JM et Clément et ceux du groupe guadeloupéen Damoiseau, soit environ 150 à 200 personnes (en tenant compte du personnel des exploitations agricoles qui produisent la canne à sucre...) A ce stade de la grève, dans quel état se trouvent ces sociétés ?
Elles sont en grave danger. Il faut vraiment prendre conscience que nous sommes dans une situation très grave. Nos salariés ne travaillent pas tant à la Martinique qu’à la Guadeloupe où nos entreprises sont arrêtées. Mais un certain nombre de charges continuent à courir et nous n’avons plus aucune recette. Avec beaucoup de dépense et pas de recettes, la situation passe dans le rouge. Mais encore plus grave, nous avons beaucoup développé nos ventes à l’extérieur pour exporter nos savoir faire (on dit toujours que nous n’exportons pas assez de valeur ajoutée et là on a un produit qui a vraiment de la valeur ajoutée à l’extérieur) et là, on est en train de tuer cette industrie parce que nos activités qui fournissent toute la grande distribution dans l’Hexagone sont arrêtées. Nous n’avons plus de marchandise à vendre et là aussi, ce sont des salariés arrêtés et des charges qui continuent à courir. Je ne vous cache pas qu’aujourd’hui les banquiers ne sont pas prêts à nous donner de nouvelles lignes de crédit.
Dire ça après quinze jours de grève, comme en Martinique, n’est-ce pas excessif, exagéré ?
Mais nous sommes à flux complètement tendus. Nous ne pouvons pas avoir de stock énorme et même si l’activité reprenait demain, il faudra encore trois ou quatre semaines avant que tout reparte et qu’on soit à nouveau approvisionné. Pendant ce temps nos clients en France et à l’international sont complètement arrêtés et le risque c’est que nos produits soient pris ailleurs et donc déréférencés… alors qu’on a eu beaucoup de mal à développer ces marchés.
Vous n’allez pas nous faire croire que des entreprises comme JM, Damoiseau ou Clément sont en phase de disparaître…
Une entreprise qui n’a plus de recettes et qui continue à avoir des dépenses, au-delà de quelques jours, c’est terminé. C’est comme un budget personnel, quand il n’y a plus d’argent sur le compte en banque, les entreprises, elles s’arrêtent et on sait très bien dans quel état sont les banquiers aujourd’hui !
Vous êtes pourtant adossés à un groupe solide, le GBH…
GBH est arrêté pour la moitié de son activité. Il se trouve dans la même situation que nous.
Qu’espérez-vous concrètement ?
Il faut absolument qu’on reprenne le travail, que les gens prennent conscience de ça parce que la situation est dramatique. Quand on ne peut plus payer ses salariés, plus payer ses fournisseurs, on n’est plus livré. Nous sommes dans une impasse très grave. C’est important qu’il y ait de la négociation, mais parallèlement à ça, il faut reprendre le travail. Quand les entreprises seront mortes, ce ne sera plus la peine de venir négocier. Il n’y aura plus rien à négocier… Les entreprises seront à genoux.
N’est-ce pas un contre-feu que vous allumez, un épouvantail que vous dressez ?
Ce n’est pas un contre-feu ou un épouvantail ! La Martinique est arrêtée depuis deux semaines, la Guadeloupe depuis plus d’un mois. Je vais reprendre cet exemple, mais dans un ménage quand il manque un ou deux mois de salaires et bien, on ne termine pas l’année. Dans une entreprise, c’est pareil. Nous vendons des produits agricoles et nous sommes en flux tendu en trésorerie et en marchandise.
Combien avez-vous perdu ?
Il y a eu globalement 100 millions d’euros de perdus en Guadeloupe. Nous pourrons évaluer le chiffre de nos pertes d’ici quelques mois. Mais d’ores-et-déjà, nos clients aux Etats-Unis ont annulé la semaine dernière leur venue en Martinique et ils ne commercialiseront pas nos rhums. Mais plus grave encore, le gouvernement américain a placé nos départements en zone noire, ce qui veut dire qu’ils déconseillent à leurs ressortissants de se rendre en Guadeloupe et Martinique parce qu’ils jugent que c’est trop dangereux.
Vous défendez votre business mais vous vous moquez de la lutte commune contre la vie chère outre-mer ?
Tout le monde est pour une amélioration du pouvoir d’achat que ce soit chez nous ou en France. C’est un problème mondial aujourd’hui. Mais pour qu’on puisse négocier avec les entreprises, il faut qu’elles soient en bonne santé, qu’elles soient vivantes. Négocier avec un mort ne mènera pas loin. Oui pour négocier, oui pour améliorer. C’est normal que chacun défende son bout de pain, mais on n’y arrivera pas en tuant le boulanger qui fait la baguette !
Spiridom en chiffres
Le joint venture Spiridom affichait en 2008 un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros avec un bénéfice de l’odre de 3 à 4 %. « Un bénéfice que nous ne faisons que dans les quinze derniers jours de l’année et qui nous sert à financer le lancement des marques dans de nouveaux pays comme la Chine ou l’Inde », selon M. Gueden qui emploie 47 personnes chez Clément et la société agricole Bamaryl, 70 personnes chez JM dont une cinquantaine d’ouvriers agricoles et 23 personnes chez Spiridom à Paris, aux Etats-Unis et en Chine. Les employés de Damoiseau SA sont une trentaine. Spriridom exporte 100 000 bouteilles aux Etats-Unis, 1,3 millions en France et 200 000 en Europe et Asie (7 000 en Chine).
Le joint venture Spiridom affichait en 2008 un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros avec un bénéfice de l’odre de 3 à 4 %. « Un bénéfice que nous ne faisons que dans les quinze derniers jours de l’année et qui nous sert à financer le lancement des marques dans de nouveaux pays comme la Chine ou l’Inde », selon M. Gueden qui emploie 47 personnes chez Clément et la société agricole Bamaryl, 70 personnes chez JM dont une cinquantaine d’ouvriers agricoles et 23 personnes chez Spiridom à Paris, aux Etats-Unis et en Chine. Les employés de Damoiseau SA sont une trentaine. Spriridom exporte 100 000 bouteilles aux Etats-Unis, 1,3 millions en France et 200 000 en Europe et Asie (7 000 en Chine).