Yves Jégo et la crise aux Antilles avant l'examen de la LODEOM
Yves Jégo : "le plan le plus massif de soutien à l’économie de l’Outre-mer jamais mis en oeuvre"
Il y a eu de sérieux affrontements en Martinique. Etait-il raisonnable d'autoriser la contre-manifestation des socioprofessionnels ?
Le droit de manifester est un droit républicain. Mais il est vrai que ces évènements ont révélé la tension extrême qui règne en Martinique. Cette situation de déchirement nous oblige tous à mesurer encore mieux l’ampleur de cette crise.
En Martinique, les négociations avancent doucement (accord salarial et baisse de certains prix). Croyez-vous pour autant à une issue proche du conflit ?
Je l’espère vraiment. Des acquis sociaux très importants ont été validés. Il me semble qu’aujourd’hui plus rien de sérieux ne justifie qu’un accord de sortie de crise ne soit pas trouvé vite.
Le LKP en Guadeloupe a appelé à la reprise du travail, mais il y a encore des tensions, notamment dans l'hôtellerie avec l'UGTG et Charly Lendo, et dans une société de Jarry avec la CTU d'Alex Lollia. Considérez- vous que ce ne sont que des soubresauts, que la crise est bel et bien derrière nous ?
Après une si longue crise il n’est pas surprenant que de tels évènements se produisent. Mais il faut faire confiance dans l’esprit de responsabilités des principaux acteurs pour que l’on sorte enfin et totalement des affrontements pour rentrer dans la période de reconstruction. Reconstruction de l’économie qui va subir de plein fouet les effets de cette crise et reconstruction du modèle de société grâce aux états généraux.
Après la crise, l'économie locale va devoir faire ses comptes. Au-delà des mesures prévues dans la future loi de développement économique, quelles mesures immédiates de soutien, de relance, sont envisagées pour éviter un trop grand nombre de faillites avec son lot de licenciements ?
L’Etat se mobilise à court terme pour soutenir toutes les entreprises fragilisées par ce conflit et le Préfet est chargé d’installer les outils qui permettront passer au mieux cette mauvaise période. Nous avons mis en place deux numéros verts pour les entreprises de Martinique et de Guadeloupe. Cette cellule d'accueil et d'aide a dejà recueilli une trentaine d'appel vendredi en Guadeloupe. Ce plan de soutien se bâti en liaison avec les banques et les chambres consulaires. Avec Hervé Novelli, le Secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, nous travaillons aussi a un plan de relance de tourisme qui devraient s’appliquer dans les semaines qui viennent.
Mardi, l'examen de votre projet de loi de programme pour le développement économique de l'outre-mer débute au Sénat. Sans être exhaustif, quelles sont les principales améliorations que le gouvernement compte apporter par ses amendements ?
Nous allons aussi apporter 150 millions d’€ de baisse supplémentaire de charges pour les entreprises dans le cadre de la loi pour le développement économique de l’Outre-mer (LODEOM) qui sera discutée cette semaine au Sénat. Permettez moi de vous donner quelques exemples. Les entreprises de moins de 11 salariés vont bénéficier de 75 millions d’€ de baisses de charge dans ce cadre. Nous allons supprimer la majeure partie de la taxe sur le foncier non bâti pour les agriculteurs, créer un plan de soutien au petit commerce doté de 8 millions d’€, exonérer jusqu'à 100% de taxe professionnelle certaines entreprises comme celles du tourisme dés cette année… La loi Girardin qui s’appliquait jusqu'à présent représentait un effort total de l’Etat d’1 milliard 300 millions d’€ pour les entreprises. Nous allons atteindre avec la LODEOM dés cette année 1 milliard 500 millions d’€. C’est le plan le plus massif de soutien à l’économie de l’Outre-mer jamais mis en oeuvre.
Par rapport au projet initial, il y a eu un gros effort financier de l'Etat. Mais n'avez-vous pas l'impression, notamment pour les exonérations des charges, que l'on soit revenu à la situation antérieure ? Celles que la FEDOM et tous les lobbyistes défendaient becs et ongles et que la rue a fini par gagner ?
Le plan proposé par le Gouvernement cible les entreprises les plus fragiles aujourd’hui mais il jette aussi les bases du nouveau modèle économique souhaité pour les DOM. En créant des Zones Franches qui privilégient des secteurs porteurs d’emploi et d’activité comme l’agro-industrie ou les nouvelles énergies, cette loi répond non seulement à la conjoncture du moment mais s’appuie sur une nouvelle logique d’aides destinées avant tout à renforcer la production locale plutôt que l’importation. Ce débat sur le nouveau modèle économique, je l’ai entendu dans la rue, il sera au coeur des états généraux de l’Outre-mer mais il était déjà contenu dans cette loi voulue par le Président de la République dès 2007 !
On a beaucoup critiqué votre gestion de la crise aux Antilles, le décalage entre votre lecture des faits et celle du Premier ministre. Quelles leçons en avez-vous tiré ?
Quand on assume, comme je le fais, une responsabilité importante on doit, dans les moments de crise, se concentrer sur l’essentiel. Pendant toute cette période j’ai mis toute mon énergie pour trouver les meilleures réponses afin de dénouer une situation tout à fait exceptionnelle et d’apaiser les tensions. Il sera temps, quand tout sera redevenu normal, d’en tirer toutes les conclusions.
On vous dit fragilisé comme Secrétaire d'Etat à l'Outre-mer. Pensez-vous pouvoir porter vos projets jusqu'au bout ?
Quand on à l’honneur d’exercer des fonctions gouvernementales et que l’on se trouve en situation pour répondre à ceux qui souffrent et s’angoissent pour leur avenir je pense vraiment qu’il serait parfaitement indécent de s’appesantir sur son sort.
Il y a eu de sérieux affrontements en Martinique. Etait-il raisonnable d'autoriser la contre-manifestation des socioprofessionnels ?
Le droit de manifester est un droit républicain. Mais il est vrai que ces évènements ont révélé la tension extrême qui règne en Martinique. Cette situation de déchirement nous oblige tous à mesurer encore mieux l’ampleur de cette crise.
En Martinique, les négociations avancent doucement (accord salarial et baisse de certains prix). Croyez-vous pour autant à une issue proche du conflit ?
Je l’espère vraiment. Des acquis sociaux très importants ont été validés. Il me semble qu’aujourd’hui plus rien de sérieux ne justifie qu’un accord de sortie de crise ne soit pas trouvé vite.
Le LKP en Guadeloupe a appelé à la reprise du travail, mais il y a encore des tensions, notamment dans l'hôtellerie avec l'UGTG et Charly Lendo, et dans une société de Jarry avec la CTU d'Alex Lollia. Considérez- vous que ce ne sont que des soubresauts, que la crise est bel et bien derrière nous ?
Après une si longue crise il n’est pas surprenant que de tels évènements se produisent. Mais il faut faire confiance dans l’esprit de responsabilités des principaux acteurs pour que l’on sorte enfin et totalement des affrontements pour rentrer dans la période de reconstruction. Reconstruction de l’économie qui va subir de plein fouet les effets de cette crise et reconstruction du modèle de société grâce aux états généraux.
Après la crise, l'économie locale va devoir faire ses comptes. Au-delà des mesures prévues dans la future loi de développement économique, quelles mesures immédiates de soutien, de relance, sont envisagées pour éviter un trop grand nombre de faillites avec son lot de licenciements ?
L’Etat se mobilise à court terme pour soutenir toutes les entreprises fragilisées par ce conflit et le Préfet est chargé d’installer les outils qui permettront passer au mieux cette mauvaise période. Nous avons mis en place deux numéros verts pour les entreprises de Martinique et de Guadeloupe. Cette cellule d'accueil et d'aide a dejà recueilli une trentaine d'appel vendredi en Guadeloupe. Ce plan de soutien se bâti en liaison avec les banques et les chambres consulaires. Avec Hervé Novelli, le Secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, nous travaillons aussi a un plan de relance de tourisme qui devraient s’appliquer dans les semaines qui viennent.
Mardi, l'examen de votre projet de loi de programme pour le développement économique de l'outre-mer débute au Sénat. Sans être exhaustif, quelles sont les principales améliorations que le gouvernement compte apporter par ses amendements ?
Nous allons aussi apporter 150 millions d’€ de baisse supplémentaire de charges pour les entreprises dans le cadre de la loi pour le développement économique de l’Outre-mer (LODEOM) qui sera discutée cette semaine au Sénat. Permettez moi de vous donner quelques exemples. Les entreprises de moins de 11 salariés vont bénéficier de 75 millions d’€ de baisses de charge dans ce cadre. Nous allons supprimer la majeure partie de la taxe sur le foncier non bâti pour les agriculteurs, créer un plan de soutien au petit commerce doté de 8 millions d’€, exonérer jusqu'à 100% de taxe professionnelle certaines entreprises comme celles du tourisme dés cette année… La loi Girardin qui s’appliquait jusqu'à présent représentait un effort total de l’Etat d’1 milliard 300 millions d’€ pour les entreprises. Nous allons atteindre avec la LODEOM dés cette année 1 milliard 500 millions d’€. C’est le plan le plus massif de soutien à l’économie de l’Outre-mer jamais mis en oeuvre.
Par rapport au projet initial, il y a eu un gros effort financier de l'Etat. Mais n'avez-vous pas l'impression, notamment pour les exonérations des charges, que l'on soit revenu à la situation antérieure ? Celles que la FEDOM et tous les lobbyistes défendaient becs et ongles et que la rue a fini par gagner ?
Le plan proposé par le Gouvernement cible les entreprises les plus fragiles aujourd’hui mais il jette aussi les bases du nouveau modèle économique souhaité pour les DOM. En créant des Zones Franches qui privilégient des secteurs porteurs d’emploi et d’activité comme l’agro-industrie ou les nouvelles énergies, cette loi répond non seulement à la conjoncture du moment mais s’appuie sur une nouvelle logique d’aides destinées avant tout à renforcer la production locale plutôt que l’importation. Ce débat sur le nouveau modèle économique, je l’ai entendu dans la rue, il sera au coeur des états généraux de l’Outre-mer mais il était déjà contenu dans cette loi voulue par le Président de la République dès 2007 !
On a beaucoup critiqué votre gestion de la crise aux Antilles, le décalage entre votre lecture des faits et celle du Premier ministre. Quelles leçons en avez-vous tiré ?
Quand on assume, comme je le fais, une responsabilité importante on doit, dans les moments de crise, se concentrer sur l’essentiel. Pendant toute cette période j’ai mis toute mon énergie pour trouver les meilleures réponses afin de dénouer une situation tout à fait exceptionnelle et d’apaiser les tensions. Il sera temps, quand tout sera redevenu normal, d’en tirer toutes les conclusions.
On vous dit fragilisé comme Secrétaire d'Etat à l'Outre-mer. Pensez-vous pouvoir porter vos projets jusqu'au bout ?
Quand on à l’honneur d’exercer des fonctions gouvernementales et que l’on se trouve en situation pour répondre à ceux qui souffrent et s’angoissent pour leur avenir je pense vraiment qu’il serait parfaitement indécent de s’appesantir sur son sort.