L'outre-mer à Cannes avec RFO
Journée de l’Outre-mer au 62e festival de Cannes
Avec Serge Siritsky, directeur de la publication de la revue professionnelle Ecran total, RFO organisait pour la deuxième année une journée consacrée au cinéma et à l’outre-mer, sur la Croisette, mardi dernier, au festival de Cannes. Une question au programme : peut-on faire du cinéma en outre-mer ?
« Le facteur crédit d’impôt en outre-mer est très attractif pour les producteurs », indiquait, mardi à Cannes, Franck Priot, responsable de Film France, tête de ligne du réseau des bureaux d’accueil des tournages en France et outre-mer. Les autres facteurs sont souvent simplement géographiques, de proximité. Si la Nouvelle-Calédonie ne souffre pas vraiment de concurrence, Tahiti qui reste un vocable fascinant, est 40 % plus chère que les Fidji par exemple. Pariant sur un avantage « porteur de mythologie », Film France et les autorités polynésiennes préparent un voyage de découverte à l’adresse des professionnels américains du cinéma. « Il s’agira de leur montrer nos atouts, nos décors et leur faire rencontrer des responsables pour créer de la relation humaine. » Mais les territoires du Pacifique sont des sites nettement moins concurrentiels que les Caraïbes. Et si la Guadeloupe dispose depuis une année d’un bureau d’accueil des tournages, la Guyane n’en a plus (Film France l’a radiée de son réseau, il y a quelques années) et la Martinique n’en est qu’à l’état de projet. Pourtant, l’outre-mer français est désormais favorisé par un crédit d’impôt au bénéfice des producteurs et la loi d’orientation pour l’outre-mer, depuis 2000, et maintenant la Lodeom permet des remises de charges sociales. Reste que tout cela est encore fragile. Le CNC outre-mer a vu son fonds réduire de 762 000 euros à 300 000 et les télévisions qui jouent un rôle indispensable dans les processus de productions sont encore timorées dès qu’il s’agit d’outre-mer. Ainsi Aliker, le 4e film de Guy Deslauriers, n’a pas bénéficié du soutien des filiales cinéma de France-Télévision tandis qu’Orpailleur, de Marc Barrat (dont la sortie est imminente) a été soutenu par France 3 Cinéma. Son responsable, Daniel Gobineau, s’en explique : « On a eu le scénario d’Aliker… Sur 350 scénarii, il se fait 22 films. Je dis non une fois par jour et oui deux fois par mois. Orpailleur est un film qui, comme la Première étoile, vise au-delà de la communauté. » Pourtant Daniel Héros, responsable de France 2 Cinéma, reconnaît que « la diversité passe par l’émergence de nouveaux réalisateurs, mais leurs structures économiques sont trop fragiles ».
Avec Serge Siritsky, directeur de la publication de la revue professionnelle Ecran total, RFO organisait pour la deuxième année une journée consacrée au cinéma et à l’outre-mer, sur la Croisette, mardi dernier, au festival de Cannes. Une question au programme : peut-on faire du cinéma en outre-mer ?
« Le facteur crédit d’impôt en outre-mer est très attractif pour les producteurs », indiquait, mardi à Cannes, Franck Priot, responsable de Film France, tête de ligne du réseau des bureaux d’accueil des tournages en France et outre-mer. Les autres facteurs sont souvent simplement géographiques, de proximité. Si la Nouvelle-Calédonie ne souffre pas vraiment de concurrence, Tahiti qui reste un vocable fascinant, est 40 % plus chère que les Fidji par exemple. Pariant sur un avantage « porteur de mythologie », Film France et les autorités polynésiennes préparent un voyage de découverte à l’adresse des professionnels américains du cinéma. « Il s’agira de leur montrer nos atouts, nos décors et leur faire rencontrer des responsables pour créer de la relation humaine. » Mais les territoires du Pacifique sont des sites nettement moins concurrentiels que les Caraïbes. Et si la Guadeloupe dispose depuis une année d’un bureau d’accueil des tournages, la Guyane n’en a plus (Film France l’a radiée de son réseau, il y a quelques années) et la Martinique n’en est qu’à l’état de projet. Pourtant, l’outre-mer français est désormais favorisé par un crédit d’impôt au bénéfice des producteurs et la loi d’orientation pour l’outre-mer, depuis 2000, et maintenant la Lodeom permet des remises de charges sociales. Reste que tout cela est encore fragile. Le CNC outre-mer a vu son fonds réduire de 762 000 euros à 300 000 et les télévisions qui jouent un rôle indispensable dans les processus de productions sont encore timorées dès qu’il s’agit d’outre-mer. Ainsi Aliker, le 4e film de Guy Deslauriers, n’a pas bénéficié du soutien des filiales cinéma de France-Télévision tandis qu’Orpailleur, de Marc Barrat (dont la sortie est imminente) a été soutenu par France 3 Cinéma. Son responsable, Daniel Gobineau, s’en explique : « On a eu le scénario d’Aliker… Sur 350 scénarii, il se fait 22 films. Je dis non une fois par jour et oui deux fois par mois. Orpailleur est un film qui, comme la Première étoile, vise au-delà de la communauté. » Pourtant Daniel Héros, responsable de France 2 Cinéma, reconnaît que « la diversité passe par l’émergence de nouveaux réalisateurs, mais leurs structures économiques sont trop fragiles ».
Nouvelle-Calédonie
En Nouvelle-Calédonie, le bureau d’accueil des tournages de la Province sud dirigé par Aline Marteaud, fonctionne depuis 2005. « Le Caillou attire les pays voisins même s’il y a pas mal de productions françaises chaque année. En quatre ans, le nombre de tournages a été multiplié par 5 et la demande est exponentielle. » Mais le point faible reste l’éloignement et le coût même s’il est compensé par un fonds de soutien de 600 000 euros par an. Des négociations ont été ouvertes à ce sujet avec le Centre national du cinéma (CNC). Le territoire commence à disposer d’un parc de matériel conséquent, mais les problèmes de maintenance imposent un soutien de la Nouvelle-Zélande ou de l’Australie. S’il y a encore peu de techniciens, un noyau dur s’est toutefois constitué, facilitant le retour de sociétés de production. « Les productions viennent essentiellement de l’extérieur et ce sont elles qui contribuent à former les techniciens locaux », poursuit Aline Marteaud qui regrette que le statut d’intermittent du spectacle n’existe pas en Nouvelle-Calédonie.
En Nouvelle-Calédonie, le bureau d’accueil des tournages de la Province sud dirigé par Aline Marteaud, fonctionne depuis 2005. « Le Caillou attire les pays voisins même s’il y a pas mal de productions françaises chaque année. En quatre ans, le nombre de tournages a été multiplié par 5 et la demande est exponentielle. » Mais le point faible reste l’éloignement et le coût même s’il est compensé par un fonds de soutien de 600 000 euros par an. Des négociations ont été ouvertes à ce sujet avec le Centre national du cinéma (CNC). Le territoire commence à disposer d’un parc de matériel conséquent, mais les problèmes de maintenance imposent un soutien de la Nouvelle-Zélande ou de l’Australie. S’il y a encore peu de techniciens, un noyau dur s’est toutefois constitué, facilitant le retour de sociétés de production. « Les productions viennent essentiellement de l’extérieur et ce sont elles qui contribuent à former les techniciens locaux », poursuit Aline Marteaud qui regrette que le statut d’intermittent du spectacle n’existe pas en Nouvelle-Calédonie.
La Réunion
Depuis 14 ans, la Réunion a signé un accord avec le CNC. Au début, c’était un simple dispositif d’aide à la diffusion et la distribution. Depuis 2000, il a évolué et permet de soutenir les productions. Selon, la déléguée générale de l’association pour le développement du cinéma (ADCAM), Françoise Kersebet, 1 million d’euros sont budgétisés chaque année. « Depuis le début, ce sont 40 millions d’euros qui ont permis de soutenir 280 projets terminés. » L’aide est soumise à une obligation, celle de dépenser localement 25 % mais l’ADCAM souhaiterait pouvoir desserrer cet étau pour attirer plus de fictions lourdes, de téléfilms, de séries et d’animation. L’enjeu est aussi d’aider plus en amont les projets pour favoriser la production locale. Ainsi dès cette année, les auteurs peuvent bénéficier de coaching et l’aide au développement est plus importante. Sur 110 projets présentés aux sept commissions dédiées, 58 sont soutenus ! De même l’aide aux courts-métrages a été renforcée. Le bilan existe : William Cali a vu son premier court-métrage sélectionné au festival de Brest et à Groix ; Alexandre Boutier a vu son film La boutique chinoise retenu pour le festival de Durban et primé à Paris. Alain Dufaut est venu tourner Cap noir et le producteur local Rémi Tézier a connu un bon succès en métropole avec Catherine Destivel distribué par Pathé. Depuis 2001, l’ADCAM appartient au réseau Film France.
Depuis 14 ans, la Réunion a signé un accord avec le CNC. Au début, c’était un simple dispositif d’aide à la diffusion et la distribution. Depuis 2000, il a évolué et permet de soutenir les productions. Selon, la déléguée générale de l’association pour le développement du cinéma (ADCAM), Françoise Kersebet, 1 million d’euros sont budgétisés chaque année. « Depuis le début, ce sont 40 millions d’euros qui ont permis de soutenir 280 projets terminés. » L’aide est soumise à une obligation, celle de dépenser localement 25 % mais l’ADCAM souhaiterait pouvoir desserrer cet étau pour attirer plus de fictions lourdes, de téléfilms, de séries et d’animation. L’enjeu est aussi d’aider plus en amont les projets pour favoriser la production locale. Ainsi dès cette année, les auteurs peuvent bénéficier de coaching et l’aide au développement est plus importante. Sur 110 projets présentés aux sept commissions dédiées, 58 sont soutenus ! De même l’aide aux courts-métrages a été renforcée. Le bilan existe : William Cali a vu son premier court-métrage sélectionné au festival de Brest et à Groix ; Alexandre Boutier a vu son film La boutique chinoise retenu pour le festival de Durban et primé à Paris. Alain Dufaut est venu tourner Cap noir et le producteur local Rémi Tézier a connu un bon succès en métropole avec Catherine Destivel distribué par Pathé. Depuis 2001, l’ADCAM appartient au réseau Film France.
La Guadeloupe
La Région Guadeloupe est la dernière région à avoir signé un accord avec le CNC et son bureau d’accueil des tournages a été ouvert en 2008. Depuis 2005, elle dispose d’un fonds d’aide pour le financement de films, séries ou téléfilms. Tony Coco-Viloin a eu des entretiens avec 79 techniciens pour leur expliquer la commission régionale du film « dans sa dimension d’apprentissage collectif ». 50 projets ont été soutenus, entre l’écriture, le développement ou la production. La Guadeloupe est la seule région à proposer une aide au développement pour le court-métrage, d’après le Groupe de recherche et d’essais cinématographiques (GREC). Il y a 153 structures en lien avec l’audiovisuel ce qui fait dire à Tony Coco-Viloin que c’est un secteur qui pèse plus lourd que le secteur automobile ! Les aides octroyées doivent être dépensées localement à hauteur de 25 %. Les producteurs savent aussi qu’il existe des mesures incitatives pour les charges sociales, un soutien réel des compagnies aériennes ou du comité du tourisme qui offre des puces de portable ! Seul l’octoi de mer échappe aux dérogations demandées… L’an passé, deux longs-métrages ont été soutenus (Le bonheur d’Elsa et Retour au pays), une dizaine de courts-métrages. En 2009, ces aides touchent vingt productions dont trois ou quatre longs-métrages.
La Région Guadeloupe est la dernière région à avoir signé un accord avec le CNC et son bureau d’accueil des tournages a été ouvert en 2008. Depuis 2005, elle dispose d’un fonds d’aide pour le financement de films, séries ou téléfilms. Tony Coco-Viloin a eu des entretiens avec 79 techniciens pour leur expliquer la commission régionale du film « dans sa dimension d’apprentissage collectif ». 50 projets ont été soutenus, entre l’écriture, le développement ou la production. La Guadeloupe est la seule région à proposer une aide au développement pour le court-métrage, d’après le Groupe de recherche et d’essais cinématographiques (GREC). Il y a 153 structures en lien avec l’audiovisuel ce qui fait dire à Tony Coco-Viloin que c’est un secteur qui pèse plus lourd que le secteur automobile ! Les aides octroyées doivent être dépensées localement à hauteur de 25 %. Les producteurs savent aussi qu’il existe des mesures incitatives pour les charges sociales, un soutien réel des compagnies aériennes ou du comité du tourisme qui offre des puces de portable ! Seul l’octoi de mer échappe aux dérogations demandées… L’an passé, deux longs-métrages ont été soutenus (Le bonheur d’Elsa et Retour au pays), une dizaine de courts-métrages. En 2009, ces aides touchent vingt productions dont trois ou quatre longs-métrages.
Guyane : Le coup de gueule d’Alain Maline
Il y a une dizaine d’année, Alain Maline et la société Transpalux recevaient les éloges du délégué de Film France, Franck Priot, pour leur projet de construction de studios de cinéma et la création de Tainos productions. Il n’y avait pourtant pas (et toujours pas) de commission régionale du film. « Ce n’est pas une priorité, tonne Alain Maline, il y a des problèmes politiques en Guyane ! » L’homme estime être arrivé « au milieu d’un conflit politique entre Léon Bertrand et Antoine Karam ». « J’ai perdu beaucoup d’agent ! C’est un échec personnel mais aussi pour les amis de la Guyane… » Il pense aux techniciens, décorateurs, machinistes avec lesquels il a formé « de vraies équipes » Pourtant il assure que le cinéma existe en Guyane. « Depuis 1987, une génération s’est formée et aujourd’hui, les studios sont en vente. La Région ne m’a pas aidé et seul le spatial, l’Europe et EDF ont financé ces studios. Si j’avais été Guyanais… Mais je viens de partout et je n’habite nulle part ! » Le producteur de La môme (Oscar 2008) voudrait venir en Guyane, selon M. Maline, mais l’octroi de mer entre les DFA est trop lourd. « C’est moins cher de faire venir un groupe électrogène de Paris que de Guadeloupe ! » Deux films se sont pourtant faits… Une gageure ! Alain Maline pense que la solution peut venir des téléfilms, comme ça s’était fait naguère avec deux épisodes de L’Instit, mais il soupçonne un blocage de France Télévision : « Il y a 250 téléfilms qui se tournent par an et aucun en outre-mer ! Il ne peut ainsi y avoir d’industrie cinématographique, ni de techniciens. » La solution passe pour lui par l’établissement de quotas. « On pourrait tourner des séries récurrentes, imposons-les ! »
L’expérience ultramarine de Tita productions
Le Marseillais Fred Premel a participé l’an passé à la première table ronde organisée à Cannes par RFO sur les tournages en outre-mer et il a osé l’aventure « One short, one movie » en Guadeloupe avant de lancer une deuxième collection de courts-métrages en Nouvelle-Calédonie qu’il produira en 2010. Il a emmené en Guadeloupe, en plein dans la crise LKP, deux réalisateurs de Marseille, deux de Nouméa, deux de la Réunion et deux de Guadeloupe. Sur place, il s’est associé avec les sociétés locales Kkyprod et Kontras et en un mois, ils ont tourné huit films. Auparavant, il avait eu de nombreux échanges avec Tony Coco-Viloin, en charge du bureau d’accueil des tournages. « Je n’y étais jamais allé », confie le producteur marseillais qui s’est enquis de connaître quel matériel, quels techniciens, quels comédiens il pourrait trouver en Guadeloupe. « Quand il y a le désir, ça devient simple mais la Guadeloupe a fait son coming out trois semaines après notre arrivée et on a dû passer en les gouttes ! » Les films existent désormais et ils sont diffusés pendant cette semaine cannoise tous les soirs à 20 h 35 sur le réseau de RFO. Désormais, Fred Premel ne lâche plus Aline Marteaud du bureau d’accueil des tournages de la Province sud de Nouvelle-Calédonie qui a déjà participé au financement, avec les Régions Guadeloupe et Provence Alpes Côte-d’Azur de la première collection.
Il y a une dizaine d’année, Alain Maline et la société Transpalux recevaient les éloges du délégué de Film France, Franck Priot, pour leur projet de construction de studios de cinéma et la création de Tainos productions. Il n’y avait pourtant pas (et toujours pas) de commission régionale du film. « Ce n’est pas une priorité, tonne Alain Maline, il y a des problèmes politiques en Guyane ! » L’homme estime être arrivé « au milieu d’un conflit politique entre Léon Bertrand et Antoine Karam ». « J’ai perdu beaucoup d’agent ! C’est un échec personnel mais aussi pour les amis de la Guyane… » Il pense aux techniciens, décorateurs, machinistes avec lesquels il a formé « de vraies équipes » Pourtant il assure que le cinéma existe en Guyane. « Depuis 1987, une génération s’est formée et aujourd’hui, les studios sont en vente. La Région ne m’a pas aidé et seul le spatial, l’Europe et EDF ont financé ces studios. Si j’avais été Guyanais… Mais je viens de partout et je n’habite nulle part ! » Le producteur de La môme (Oscar 2008) voudrait venir en Guyane, selon M. Maline, mais l’octroi de mer entre les DFA est trop lourd. « C’est moins cher de faire venir un groupe électrogène de Paris que de Guadeloupe ! » Deux films se sont pourtant faits… Une gageure ! Alain Maline pense que la solution peut venir des téléfilms, comme ça s’était fait naguère avec deux épisodes de L’Instit, mais il soupçonne un blocage de France Télévision : « Il y a 250 téléfilms qui se tournent par an et aucun en outre-mer ! Il ne peut ainsi y avoir d’industrie cinématographique, ni de techniciens. » La solution passe pour lui par l’établissement de quotas. « On pourrait tourner des séries récurrentes, imposons-les ! »
L’expérience ultramarine de Tita productions
Le Marseillais Fred Premel a participé l’an passé à la première table ronde organisée à Cannes par RFO sur les tournages en outre-mer et il a osé l’aventure « One short, one movie » en Guadeloupe avant de lancer une deuxième collection de courts-métrages en Nouvelle-Calédonie qu’il produira en 2010. Il a emmené en Guadeloupe, en plein dans la crise LKP, deux réalisateurs de Marseille, deux de Nouméa, deux de la Réunion et deux de Guadeloupe. Sur place, il s’est associé avec les sociétés locales Kkyprod et Kontras et en un mois, ils ont tourné huit films. Auparavant, il avait eu de nombreux échanges avec Tony Coco-Viloin, en charge du bureau d’accueil des tournages. « Je n’y étais jamais allé », confie le producteur marseillais qui s’est enquis de connaître quel matériel, quels techniciens, quels comédiens il pourrait trouver en Guadeloupe. « Quand il y a le désir, ça devient simple mais la Guadeloupe a fait son coming out trois semaines après notre arrivée et on a dû passer en les gouttes ! » Les films existent désormais et ils sont diffusés pendant cette semaine cannoise tous les soirs à 20 h 35 sur le réseau de RFO. Désormais, Fred Premel ne lâche plus Aline Marteaud du bureau d’accueil des tournages de la Province sud de Nouvelle-Calédonie qui a déjà participé au financement, avec les Régions Guadeloupe et Provence Alpes Côte-d’Azur de la première collection.
Le miracle de La première étoile
Marie-Castille Mention-Schaar est la coscénariste, avec le Martiniquais Lucien Jean-Baptiste, et la productrice de La Première étoile. Elle est venue témoigner de ce qu’elle appelle « le petit miracle » puisque le film sorti fin mars a déjà fait 1,7 millions d’entrées. Avec un coût de 3,8 millions d’euros, ça en fait un des films les plus rentables de l’année. « Histoire oblige, on ne pouvait tourner en outre-mer, relate la productrice, mais on nous sollicite beaucoup pour écrire la suite ! La fin du film est ouverte puisque les Morgeot (Bernadette Lafont et Jean Jonasz) se disent prêts à échanger leur chalet contre la maison de famille en Martinique… Peut-être la suite sera-t-elle tournée là-bas. » La Première étoile a bénéficié du soutien de la commission outre-mer du CNC, « significativement », selon Mme Mention-Schaaar qui parle d’une commission « très sollicitée mais qui se réunit peu ». L’ACCE aussi a financé le projet. « C’est un processus compliqué et lent. On a mis plus d’un an à savoir si on serait aidé par la diversité… Naïvement, j’avais sollicité les collectivités locales car je pensais qu’un premier film d’un comédien Martiniquais allait avoir son importance. Aucune ne m’ont suivi, voire répondu tout court. » Faire un premier film est difficile et malgré un bon casting et la notoriété de Firmine Richard, les interlocuteurs craignent au moement de la sortie du film sa faible exposition même s’ils croient au scénario. Ce film ouvre des portes et remet en cause une démarche : quand il y a une histoire que les gens ont envie de voir, ça marche ! France 2 Cinéma a dit oui avec Canal + et deux SOFICA, mais nous n’avons pas eu l’avance sur recette car c’est un film trop commercial. » Marie-Castille Mention-Schaar a beaucoup plaidé l’ouverture sur des acteurs noirs, mais elle considère que ce n’est pas un film communautaire. « Il n’y a pas eu l’effet Ch’tis qui se sont emparés du sujet, les Antillais ont été les derniers à venir ! »
Marie-Castille Mention-Schaar est la coscénariste, avec le Martiniquais Lucien Jean-Baptiste, et la productrice de La Première étoile. Elle est venue témoigner de ce qu’elle appelle « le petit miracle » puisque le film sorti fin mars a déjà fait 1,7 millions d’entrées. Avec un coût de 3,8 millions d’euros, ça en fait un des films les plus rentables de l’année. « Histoire oblige, on ne pouvait tourner en outre-mer, relate la productrice, mais on nous sollicite beaucoup pour écrire la suite ! La fin du film est ouverte puisque les Morgeot (Bernadette Lafont et Jean Jonasz) se disent prêts à échanger leur chalet contre la maison de famille en Martinique… Peut-être la suite sera-t-elle tournée là-bas. » La Première étoile a bénéficié du soutien de la commission outre-mer du CNC, « significativement », selon Mme Mention-Schaaar qui parle d’une commission « très sollicitée mais qui se réunit peu ». L’ACCE aussi a financé le projet. « C’est un processus compliqué et lent. On a mis plus d’un an à savoir si on serait aidé par la diversité… Naïvement, j’avais sollicité les collectivités locales car je pensais qu’un premier film d’un comédien Martiniquais allait avoir son importance. Aucune ne m’ont suivi, voire répondu tout court. » Faire un premier film est difficile et malgré un bon casting et la notoriété de Firmine Richard, les interlocuteurs craignent au moement de la sortie du film sa faible exposition même s’ils croient au scénario. Ce film ouvre des portes et remet en cause une démarche : quand il y a une histoire que les gens ont envie de voir, ça marche ! France 2 Cinéma a dit oui avec Canal + et deux SOFICA, mais nous n’avons pas eu l’avance sur recette car c’est un film trop commercial. » Marie-Castille Mention-Schaar a beaucoup plaidé l’ouverture sur des acteurs noirs, mais elle considère que ce n’est pas un film communautaire. « Il n’y a pas eu l’effet Ch’tis qui se sont emparés du sujet, les Antillais ont été les derniers à venir ! »
Une Polynésienne et un Guyanais lauréats du 7e Hohoa, concours de scénario d’outre-merDe gauche à droite, en haut : Yves Garnier (DG de RFO), Jacques Martial (président du jury Hohoa), Olivier Sagne (1er prix 2009), Osange Silou (Co-organisatrice), Solange Maréva Sidolle(2e prix 2009), Olivier Beaudot Montézume (prix 2003), Gary Pierre-Victor (prix 2007), Marie-Noëlle euzèbe (jurée). En bas : Luc Laventure (directeur des Antennes télé e RFO), Imanou Petit (prix 2006) et Marie-Josée Allie (co-organisatrice).
Accroitre la visibilité de l’outre-mer à Cannes et au cinéma… Depuis six ans, c’est l’objectif du prix Hohoa, créé en 2003 par Osange Silou d’Invariance noire et Marie-Josée Allie, de RFO. Pour cette septième édition, le jury présidé par le comédien Jacques Martial, a récompensé une Polynésienne et un Guyanais. Mardi soir, sur la scène du Miramar où a lieu la Semaine internationale de la critique qui accueille les Hohoa depuis le début, la comédienne Marie-Noëlle Euzèbe et Luc Laventure, de RFO, ont d’abord récompensé du 2e prix Solange Maréva Sidolle pour son scénario intitulé « D’un monde à l’autre ». « C’est un cadeau fait à la Polynésie », a indiqué la jeune femme. Son scénario veut « exprimer à travers le cinéma ce que la perte d’identité peut avoir de fracassant dans une vie »… Jacques Martial a ensuite remis le trophée au premier prix, le Guyanais, Olivier Sagne. Celui-ci s’est penché, à travers le scénario « Sweet Micky », sur « l’identité ou la diversité culturelle vue de la Guyane ». Olivier Sagne a dédié ce prix à la Guyane qui lui a offert ses premières expériences professionnelles à l’âge de 17 ans, et à Haïti, sa « muse ». Il sait que l’expérience demandera du temps, mais qu’elle sera « excitante » par son caractère créatif : « On pénètre dans un cinéma naissant, peu connu, peu valorisé et qui doit prendre ses marques dans le cinéma français. » La soirée s’est poursuivie avec la projection de trois films issus des scénarios primés en 2003, 2006 et 2007 : Au nom du père (28’ avec Joby Bernabé, Max Cadenet, Jeanne Allaguy…), du Martiniquais Olivier Beaudot-Montezume, Guyane (12’50 avec Xavier Lau…) du Martniquais Imanou Petit, et Négropolitain (17’22 avec Alex Descas et Julien Béramis) du Guadeloupéen Gary Pierre-Victor.
Accroitre la visibilité de l’outre-mer à Cannes et au cinéma… Depuis six ans, c’est l’objectif du prix Hohoa, créé en 2003 par Osange Silou d’Invariance noire et Marie-Josée Allie, de RFO. Pour cette septième édition, le jury présidé par le comédien Jacques Martial, a récompensé une Polynésienne et un Guyanais. Mardi soir, sur la scène du Miramar où a lieu la Semaine internationale de la critique qui accueille les Hohoa depuis le début, la comédienne Marie-Noëlle Euzèbe et Luc Laventure, de RFO, ont d’abord récompensé du 2e prix Solange Maréva Sidolle pour son scénario intitulé « D’un monde à l’autre ». « C’est un cadeau fait à la Polynésie », a indiqué la jeune femme. Son scénario veut « exprimer à travers le cinéma ce que la perte d’identité peut avoir de fracassant dans une vie »… Jacques Martial a ensuite remis le trophée au premier prix, le Guyanais, Olivier Sagne. Celui-ci s’est penché, à travers le scénario « Sweet Micky », sur « l’identité ou la diversité culturelle vue de la Guyane ». Olivier Sagne a dédié ce prix à la Guyane qui lui a offert ses premières expériences professionnelles à l’âge de 17 ans, et à Haïti, sa « muse ». Il sait que l’expérience demandera du temps, mais qu’elle sera « excitante » par son caractère créatif : « On pénètre dans un cinéma naissant, peu connu, peu valorisé et qui doit prendre ses marques dans le cinéma français. » La soirée s’est poursuivie avec la projection de trois films issus des scénarios primés en 2003, 2006 et 2007 : Au nom du père (28’ avec Joby Bernabé, Max Cadenet, Jeanne Allaguy…), du Martiniquais Olivier Beaudot-Montezume, Guyane (12’50 avec Xavier Lau…) du Martniquais Imanou Petit, et Négropolitain (17’22 avec Alex Descas et Julien Béramis) du Guadeloupéen Gary Pierre-Victor.
Trois questions à Osange Silou, co-organisatrice du prix Hohoa
« 14 films à la fin de l’année »
En sept ans, qu’est-ce qui a changé ?
On a de plus en plus de jeunes qui ont fait des écoles de cinéma, des techniciens, des scénaristes aboutis et les films se montent de plus en plus facilement. Cette année, des lauréats d’il y a deux ans viennent montrer leur film.
Combien de films au catalogue ?
On aura à la fin de l’année quatorze films. On a créé ce concours pour identifier une nouvelle génération de scénaristes et on a été au-delà, car un concours de scénarios s’arrête à la remise des prix. Nous on a voulu les accompagner pour qu’il puisse faire leur film, les aider à trouver des producteurs, appuyer les demandes pour qu’ils obtiennent les aides…
Il y avait déjà un cinéma antillais, mais vous avez contribué à faire émerger un cinéma ultramarin…
S on veut vraiment avoir un cinéma ultramarin qui mérite ce label, il faut que toutes les composantes de la population ultramarine s’expriment.
« 14 films à la fin de l’année »
En sept ans, qu’est-ce qui a changé ?
On a de plus en plus de jeunes qui ont fait des écoles de cinéma, des techniciens, des scénaristes aboutis et les films se montent de plus en plus facilement. Cette année, des lauréats d’il y a deux ans viennent montrer leur film.
Combien de films au catalogue ?
On aura à la fin de l’année quatorze films. On a créé ce concours pour identifier une nouvelle génération de scénaristes et on a été au-delà, car un concours de scénarios s’arrête à la remise des prix. Nous on a voulu les accompagner pour qu’il puisse faire leur film, les aider à trouver des producteurs, appuyer les demandes pour qu’ils obtiennent les aides…
Il y avait déjà un cinéma antillais, mais vous avez contribué à faire émerger un cinéma ultramarin…
S on veut vraiment avoir un cinéma ultramarin qui mérite ce label, il faut que toutes les composantes de la population ultramarine s’expriment.
Interview Solange Maréva Sidolle, 2e prix Hohoa 2009
« Participer à l’émergence d’un cinéma polynésien »
Comment êtes-vous entrée dans cette aventure des Hohoa ?
C’est une belle histoire ! J’écris depuis longtemps, des nouvelles, des romans, des poèmes… Là, un ami scénariste qui s’appelle Airbone, me suggère de m’essayer à ce genre. Et en même temps, j’apprends l’existence de ce concours. Je me suis mis à travailler sur l’histoire de Tané. Une déchirure, l’histoire d’un bouleversement. Un cultivateur est expulsé de sa terre, sa source alimentaire mais aussi identitaire. Il ne s’est jamais préoccupé de ses titres de propriété, du droit écrit, du droit français et il ne comprend pas ce qui lui arrive. Contrairement à sa famille, il n’arrive pas à s’adapter à la nouvelle réalité d’un monde qu’il n’a jamais adopté. Il passe par toutes les phases de la déchirure : la colère, rentrée, le silence, sa manière de dire sa douleur… Il rencontre dans cette errance un personnage symbole de son identité mahori, symbole de la terre qui lui a été arrachée… C’est un personnage énigmatique qu’il est le seul à voir. De mal en pis, ça aboutit à un dénouement dont je ne veux pas parler !
Avez-vous envie de le réaliser vous-même ?
J’ai complètement envie ! Ce qu’il y a d’intéressant dans l’écriture d’un scénario, c’est que c’est toujours visuel. Ca rejoint l’esprit d’Hohoa qui veut dire image en tahitien. J’aimerai beaucoup que ce soit un film et je vais tout faire pour que c’en devienne un ! J’espère que c’est le début d’une belle histoire.
Vous deviendriez une des premières cinéastes polynésiennes ?
Ce n’est pas tout de devenir la première… Ce qui compte, c’est de participer à l’émergence d’un cinéma polynésien avec tout ce dont c’est porteur, c’est-à-dire véhiculer des idées, des sensations, des émotions et dire par là qu’en Polynésie, on a une certaine richesse qui peut se traduire par un projet cinématographique.
Quand revient-on à Cannes pour le voir ?
C’est une bonne question ! (rires)
« Participer à l’émergence d’un cinéma polynésien »
Comment êtes-vous entrée dans cette aventure des Hohoa ?
C’est une belle histoire ! J’écris depuis longtemps, des nouvelles, des romans, des poèmes… Là, un ami scénariste qui s’appelle Airbone, me suggère de m’essayer à ce genre. Et en même temps, j’apprends l’existence de ce concours. Je me suis mis à travailler sur l’histoire de Tané. Une déchirure, l’histoire d’un bouleversement. Un cultivateur est expulsé de sa terre, sa source alimentaire mais aussi identitaire. Il ne s’est jamais préoccupé de ses titres de propriété, du droit écrit, du droit français et il ne comprend pas ce qui lui arrive. Contrairement à sa famille, il n’arrive pas à s’adapter à la nouvelle réalité d’un monde qu’il n’a jamais adopté. Il passe par toutes les phases de la déchirure : la colère, rentrée, le silence, sa manière de dire sa douleur… Il rencontre dans cette errance un personnage symbole de son identité mahori, symbole de la terre qui lui a été arrachée… C’est un personnage énigmatique qu’il est le seul à voir. De mal en pis, ça aboutit à un dénouement dont je ne veux pas parler !
Avez-vous envie de le réaliser vous-même ?
J’ai complètement envie ! Ce qu’il y a d’intéressant dans l’écriture d’un scénario, c’est que c’est toujours visuel. Ca rejoint l’esprit d’Hohoa qui veut dire image en tahitien. J’aimerai beaucoup que ce soit un film et je vais tout faire pour que c’en devienne un ! J’espère que c’est le début d’une belle histoire.
Vous deviendriez une des premières cinéastes polynésiennes ?
Ce n’est pas tout de devenir la première… Ce qui compte, c’est de participer à l’émergence d’un cinéma polynésien avec tout ce dont c’est porteur, c’est-à-dire véhiculer des idées, des sensations, des émotions et dire par là qu’en Polynésie, on a une certaine richesse qui peut se traduire par un projet cinématographique.
Quand revient-on à Cannes pour le voir ?
C’est une bonne question ! (rires)
Interview Olivier Sagne, lauréat 2009
« Le cinéma, ce n’est pas que le côté pipol, Croisette et compagnie »
C’est votre premier festival de Cannes ?
Non, j’ai eu la chance de pouvoir venir en 2002 pour participer à un concours. J’étais déjà le lauréat guyanais du concours 40 à Cannes. Sept ans plus tard, Hohoa, c’était inattendu même si j’avais beaucoup d’espoir.
Comment a commencé cette aventure Hohoa ?
J’ai rencontré des lauréats Hohoa au festival Cinamazonia et j’ai pu voir ce que ce concours pouvait apporter en termes de perspectives pour faire émerger un cinéma naissant, de nouveaux talents.
Que raconte votre scénario, Sweet Micky ?
Je raconte l’histoire d’une collégienne d’origine haïtienne, issu d’un quartier populaire de Cayenne, très dégourdie, énergique et bourrée de talent. Par un concours de circonstances, après une petite bagarre avec une autre collégienne, elle est collée en salle de permanence. Au cours de cette permanence, elle rencontre un professeur qui va détecter chez elle un don pour les échecs. Donc, on va l ‘inscrire pour un concours régional où elle va défendre dignement les couleurs de la Guyane. Ce court-métrage est la petite épopée de ce personnage haut en couleur, Billie Francilus alias Sweet Micky.
Hohoa accompagne ses lauréats pour la réalisation, comment appréhendez-vous la chose ?
Je ne me suis pas encore projeté… Pour moi, l’objectif était de ficeler un scénario qui tienne la route, qui fasse rêver, qui est une dimension à la fois locale, que le Guyanais puisse s’y retrouver, et à la fois universelle parce que quand on fait du cinéma, on s’adresse à tout le monde. Mais oui, je souhaite bien sûr le réaliser et me mettre au travail dès 2010, ce serait génial. Mais pour l’instant on n’est pas encore là.
Qu’y a-t-il à faire en attendant ?
Il faut trouver un producteur en qui on puisse reposer toute sa confiance, des moyens, ça prend du temps, puis entrer en phase de développement, de préparation…
Vous savez déjà tout ce qu’il y a à faire…
Oui… J’ai déjà eu la chance d’exercer en tant qu’assistant réalisateur sur plusieurs types de projet, notamment, sur le film de Marc Barrat, Orpailleur, où j’ai été stagiaire mise en scène. Pendant huit semaines entières, j’ai pu toucher de très près tous les aspects du métiers.
Le long-métrage, vous y pensez ?
Ce serait vraiment brûler les étapes ! Ce serait vraiment un rêve et pourquoi pas se donner rendez-vous à Cannes dans… Sept ans si j’ai assez de chances. Le cinéma dépend beaucoup des rencontres… Mais pour l’instant, je suis très chanceux, très heureux d’être là, mais je garde les pieds sur terre. Sinon, on se détourne de l’objectif premier qui est de raconter des histoires. Le cinéma, ce n’est pas que le côté pipol, croisette et compagnie, c’est vraiment un métier de terrain.
« Le cinéma, ce n’est pas que le côté pipol, Croisette et compagnie »
C’est votre premier festival de Cannes ?
Non, j’ai eu la chance de pouvoir venir en 2002 pour participer à un concours. J’étais déjà le lauréat guyanais du concours 40 à Cannes. Sept ans plus tard, Hohoa, c’était inattendu même si j’avais beaucoup d’espoir.
Comment a commencé cette aventure Hohoa ?
J’ai rencontré des lauréats Hohoa au festival Cinamazonia et j’ai pu voir ce que ce concours pouvait apporter en termes de perspectives pour faire émerger un cinéma naissant, de nouveaux talents.
Que raconte votre scénario, Sweet Micky ?
Je raconte l’histoire d’une collégienne d’origine haïtienne, issu d’un quartier populaire de Cayenne, très dégourdie, énergique et bourrée de talent. Par un concours de circonstances, après une petite bagarre avec une autre collégienne, elle est collée en salle de permanence. Au cours de cette permanence, elle rencontre un professeur qui va détecter chez elle un don pour les échecs. Donc, on va l ‘inscrire pour un concours régional où elle va défendre dignement les couleurs de la Guyane. Ce court-métrage est la petite épopée de ce personnage haut en couleur, Billie Francilus alias Sweet Micky.
Hohoa accompagne ses lauréats pour la réalisation, comment appréhendez-vous la chose ?
Je ne me suis pas encore projeté… Pour moi, l’objectif était de ficeler un scénario qui tienne la route, qui fasse rêver, qui est une dimension à la fois locale, que le Guyanais puisse s’y retrouver, et à la fois universelle parce que quand on fait du cinéma, on s’adresse à tout le monde. Mais oui, je souhaite bien sûr le réaliser et me mettre au travail dès 2010, ce serait génial. Mais pour l’instant on n’est pas encore là.
Qu’y a-t-il à faire en attendant ?
Il faut trouver un producteur en qui on puisse reposer toute sa confiance, des moyens, ça prend du temps, puis entrer en phase de développement, de préparation…
Vous savez déjà tout ce qu’il y a à faire…
Oui… J’ai déjà eu la chance d’exercer en tant qu’assistant réalisateur sur plusieurs types de projet, notamment, sur le film de Marc Barrat, Orpailleur, où j’ai été stagiaire mise en scène. Pendant huit semaines entières, j’ai pu toucher de très près tous les aspects du métiers.
Le long-métrage, vous y pensez ?
Ce serait vraiment brûler les étapes ! Ce serait vraiment un rêve et pourquoi pas se donner rendez-vous à Cannes dans… Sept ans si j’ai assez de chances. Le cinéma dépend beaucoup des rencontres… Mais pour l’instant, je suis très chanceux, très heureux d’être là, mais je garde les pieds sur terre. Sinon, on se détourne de l’objectif premier qui est de raconter des histoires. Le cinéma, ce n’est pas que le côté pipol, croisette et compagnie, c’est vraiment un métier de terrain.
Interview Olivier Beaudot-Montezume, réalisateur de Au nom du père, prix Hohoa 2003
« J’essaie d’apprendre le cinéma »
Prix Hohoa en 2003, vous projetez votre film cette année à Cannes. Parlez-nous de votre idée…
C’est une allégorie qui part de l’idée un peu surréaliste d’un homme qui, au moment de sa mort, décide de ne pas mourir avant son pire ennemi. C’est la troisième partie d’un triptyque composé de trois courts-métrages qui parle d’un sujet important chez nous, la filiation naturelle. Parce que son fameux pire ennemi est son père. C’est un des drames de la société martiniquaise, une des conséquences de notre histoire… Dans le parcours de cet homme, dans sa folie, une sorte de quête sans retenue, de grande drive carnavalesque par moment, on va voir des aspects de notre société : le carnaval avec un grand vidé qui peut ressembler à un défilé mortuaire, le domino, un espace de parole, et le conte. Le héros devient aussi le propre conteur de son histoire. Ce sont mes intentions… Le reste ne m’appartient plus. Mais j’ai voulu effleurer certains aspects qui me dérangent chez moi mais que j’aime aussi… C’est un tableau.
Ce film qui vient aboutir ce scénario représente quoi pour vous ? Un début de carrière ?
Pour parler de cinéma, je ne sais pas si je pourrais vivre sans, mais je pense que j’essaye d’apprendre le cinéma. Ca a l’air simple, mais c’est quelque chose qu’il faut maîtriser parce que très vite, on peut basculer dans quelque chose qui peut être un échec. Au point de vue du rythme, de la narration… Ce prix fait partie de mon parcours. Je ne suis pas peintre, j’aime la musique mais le cinéma semble me correspondre le plus. J’avance très tranquillement et très sereinement. Peut-être que je serai un cinéaste un jour, peut-être pas, je n’en mourrais pas.
Vous pensez tout de même au long-métrage ?
J’en écris trois ! Ce prix Hohoa est devenu un prix important. J’avais beaucoup de mal à trouver une production et à faire comme les autres, tourner en 35 mm. Il y a même un jeu politique fort derrière. J’en ai voulu beaucoup à mes élus de ne pas jouer le jeu du cinéma qui pour moi participe à la construction de l’identité de tous les pays, de toutes les civilisations. Et je me suis accroché à cette idée de me dire que je ne serai pas le seul Hohoa à ne pas tourner en 35 mm ! Donc on a monté une production et on a fait ce film avec 70 000 euros pour 26 minutes. Chapeau pour toute l’équipe ! C’est une étape importante de ma vie, mais ça n’est qu’une étape.
En tout cas vous êtes à Cannes…
Et je vais revenir… Avec un long ! (rires)
« J’essaie d’apprendre le cinéma »
Prix Hohoa en 2003, vous projetez votre film cette année à Cannes. Parlez-nous de votre idée…
C’est une allégorie qui part de l’idée un peu surréaliste d’un homme qui, au moment de sa mort, décide de ne pas mourir avant son pire ennemi. C’est la troisième partie d’un triptyque composé de trois courts-métrages qui parle d’un sujet important chez nous, la filiation naturelle. Parce que son fameux pire ennemi est son père. C’est un des drames de la société martiniquaise, une des conséquences de notre histoire… Dans le parcours de cet homme, dans sa folie, une sorte de quête sans retenue, de grande drive carnavalesque par moment, on va voir des aspects de notre société : le carnaval avec un grand vidé qui peut ressembler à un défilé mortuaire, le domino, un espace de parole, et le conte. Le héros devient aussi le propre conteur de son histoire. Ce sont mes intentions… Le reste ne m’appartient plus. Mais j’ai voulu effleurer certains aspects qui me dérangent chez moi mais que j’aime aussi… C’est un tableau.
Ce film qui vient aboutir ce scénario représente quoi pour vous ? Un début de carrière ?
Pour parler de cinéma, je ne sais pas si je pourrais vivre sans, mais je pense que j’essaye d’apprendre le cinéma. Ca a l’air simple, mais c’est quelque chose qu’il faut maîtriser parce que très vite, on peut basculer dans quelque chose qui peut être un échec. Au point de vue du rythme, de la narration… Ce prix fait partie de mon parcours. Je ne suis pas peintre, j’aime la musique mais le cinéma semble me correspondre le plus. J’avance très tranquillement et très sereinement. Peut-être que je serai un cinéaste un jour, peut-être pas, je n’en mourrais pas.
Vous pensez tout de même au long-métrage ?
J’en écris trois ! Ce prix Hohoa est devenu un prix important. J’avais beaucoup de mal à trouver une production et à faire comme les autres, tourner en 35 mm. Il y a même un jeu politique fort derrière. J’en ai voulu beaucoup à mes élus de ne pas jouer le jeu du cinéma qui pour moi participe à la construction de l’identité de tous les pays, de toutes les civilisations. Et je me suis accroché à cette idée de me dire que je ne serai pas le seul Hohoa à ne pas tourner en 35 mm ! Donc on a monté une production et on a fait ce film avec 70 000 euros pour 26 minutes. Chapeau pour toute l’équipe ! C’est une étape importante de ma vie, mais ça n’est qu’une étape.
En tout cas vous êtes à Cannes…
Et je vais revenir… Avec un long ! (rires)
Interview Imanou Petit, réalisateur de Guyane, prix Hoha 2006
« Je suis content d’avoir ce regard d’Antillais »
Comment êtes-vous entré dans l’aventure du cinéma ?
J’ai commencé le cinéma en tant que chargé de production. On a fait un tournage en Martinique… Ca m’a tellement donné envie d’écrire que l’année d’après j’ai présenté un scénario. Je n’étais jamais allé en Guyane et j’ai écrit cette histoire sur un petit garçon qui va chercher des médicaments pour sa grand-mère à Cayenne et qui rentre tard la nuit parce qu’il a traîné…
N’est-ce pas un conte ?
C’est un peu un conte, le passage de l’enfance à l’âge adulte et la découverte d’un espace incroyable, la Guyane… Et puis, j’ai dû me confronter à la réalité après avoir écrit le scénario. C’est un espace encore plus incroyable que je ne l’avais imaginé.
Votre film illustre bien cette maxime sur la Guyane : les pieds dans la marigot et la tête dans les étoiles…
C’est exactement cela. Aller tourner dans la communauté Hmong, ça avait aussi tout son sens pour moi, c’est une part de la Guyane qui, en même temps, donne une image poétique de ce pays.
Comment avez-vous monté la production ? Est-ce facile de faire du cinéma en outre-mer ?
Deux ans de genèse par ce que c’est un premier film… Il faut trouver les financements et puis, mieux vaut aller patiemment pour que le résultat soit le plus soigné possible. Je n’ étais pas pressé et, au final, je vois le résultat et je suis assez content d’avoir été si patient.
Avez-vous envie de continuer ? Des projets ?
Je crois que j’ai pris le virus de l’écriture, j’ai définitivement l’envie de réaliser. Donc avec la production, on va enchaîner sur de nouveaux projets. Toujours du court. Je vais encore faire quelques courts-métrages avant d’éventuellement penser à faire du long !
Ce sera où ?
J’ai un faible pour la Guyane, mais je ne m’interdis pas d’aller tourner dans d’autres DOM ou ailleurs. Le monde est un espace assez vaste pour placer de petites idées de ci delà. Je ne retournerai pas tout de suite en Guyane, mais c’est un espace qui nourrit pas mal mon imagination. Le prochain projet sera sans doute une partie de foot entre copains.
En Martinique ?
Je pensais plus à la communauté Rom d’Europe. J’essaie d’utiliser cette vision d’Antillais sur le monde, c’est comme un prisme que j’ai sur le monde. Je suis content d’avoir ce regard d’Antillais.
« Je suis content d’avoir ce regard d’Antillais »
Comment êtes-vous entré dans l’aventure du cinéma ?
J’ai commencé le cinéma en tant que chargé de production. On a fait un tournage en Martinique… Ca m’a tellement donné envie d’écrire que l’année d’après j’ai présenté un scénario. Je n’étais jamais allé en Guyane et j’ai écrit cette histoire sur un petit garçon qui va chercher des médicaments pour sa grand-mère à Cayenne et qui rentre tard la nuit parce qu’il a traîné…
N’est-ce pas un conte ?
C’est un peu un conte, le passage de l’enfance à l’âge adulte et la découverte d’un espace incroyable, la Guyane… Et puis, j’ai dû me confronter à la réalité après avoir écrit le scénario. C’est un espace encore plus incroyable que je ne l’avais imaginé.
Votre film illustre bien cette maxime sur la Guyane : les pieds dans la marigot et la tête dans les étoiles…
C’est exactement cela. Aller tourner dans la communauté Hmong, ça avait aussi tout son sens pour moi, c’est une part de la Guyane qui, en même temps, donne une image poétique de ce pays.
Comment avez-vous monté la production ? Est-ce facile de faire du cinéma en outre-mer ?
Deux ans de genèse par ce que c’est un premier film… Il faut trouver les financements et puis, mieux vaut aller patiemment pour que le résultat soit le plus soigné possible. Je n’ étais pas pressé et, au final, je vois le résultat et je suis assez content d’avoir été si patient.
Avez-vous envie de continuer ? Des projets ?
Je crois que j’ai pris le virus de l’écriture, j’ai définitivement l’envie de réaliser. Donc avec la production, on va enchaîner sur de nouveaux projets. Toujours du court. Je vais encore faire quelques courts-métrages avant d’éventuellement penser à faire du long !
Ce sera où ?
J’ai un faible pour la Guyane, mais je ne m’interdis pas d’aller tourner dans d’autres DOM ou ailleurs. Le monde est un espace assez vaste pour placer de petites idées de ci delà. Je ne retournerai pas tout de suite en Guyane, mais c’est un espace qui nourrit pas mal mon imagination. Le prochain projet sera sans doute une partie de foot entre copains.
En Martinique ?
Je pensais plus à la communauté Rom d’Europe. J’essaie d’utiliser cette vision d’Antillais sur le monde, c’est comme un prisme que j’ai sur le monde. Je suis content d’avoir ce regard d’Antillais.
Interview Gary Pierre-Victor, réalisateur de Négropolitain, prix hohoa 2007
« Ca n’a pas été évident pour Alex Descas de dire Négro dans le film »
Poser une ambiance, installer les personnages dedans et convaincre les spectateurs, c’est ça un bon film. Avez-vous conscience d’y être parvenu avec ce court-métrage ?
J’en ai conscience par ce que c’est ce que je voulais vraiment. 18 minutes, on n’a pas de temps à perdre pour raconter l’histoire et on doit installer les choses de façon forte. C’est ce qu’on a fait avec Alex Descas et Julien Beramis, même dès les répétitions. On a bossé à mort pour que les gens ne s’ennuient pas et avoir ce côté un peu rèche et sec. Ce film a fait pas mal de festival, à Montréal, à Beaune où il y avait Tavernier, Chabrol, il a été acheté par France 2… et les retours qu’on a, c’est que les gens sont très contents par rapport à ça. Ils ont envie de voir la suite.
La suite ?
J’ai fini d’écrire un long-métrage, Daron. Ca se passe en Guadeloupe et j’espère le faire avec Alex. Un film noir qui se passe en Guadeloupe ! Pour Négropolitain, j’ai envie de faire une extension du film dans le milieu des CRS, mais tout de suite après le long. On va prendre ces personnages et les mettre dans un autre contexte. Les CRS sont un milieu qu’on ne connaît pas vraiment… Moi, j’ai envie de coller au film noir, au film policier dans la France des années 2000, avec les changements qui se passent en France en ce moment. Ca peut être une belle histoire et un vrai contexte. Mais là, ce qui m’intéresse, c’est de raconter une histoire en Guadeloupe.
Pour revenir à Négropolitain, c’est vous aussi, un regard sur vous-même, vos parents ?
Forcément ! Je vous rassure, mon père n’est pas aussi énervé qu’Alex ! (rires) Un peu moins aigri. Pour cette génération, c’est important de le faire. Je ne me suis jamais disputé avec mon père comme on peut le voir entre Julien et Alex, mais ce sont des sujets qui reviennent souvent, dont les gens ont envie de parler. Mais pour autant, ce qui est intéressant, c’est qu’il y a deux réactions. La première, ce sont les gens qui ne connaissent pas vraiment le problème mais qui sont touchés parce que c’est une histoire de générations et de famille. L’autre, c’est celle de la deuxième génération, ma génération, qui est extrêmement touchée. C’est une histoire qui n’a pas été vraiment racontée, sans dire que ça n’a jamais été fait. On a tendance à avoir une image beaucoup plus folklorique du cinéma antillais et je pense qu’il faut être frontal et oser dire les choses. Ca n’a pas été évident pour Alex Descas de dire Négro dans le film. Je n’ai pas hésité pour ça et pendant les répétitions, je lui disais que c’était nécessaire pour la noirceur du personnage. Il faut aller jusqu’au bout et montrer que cet homme souffre. Alex l’a compris et la séquence a pris beaucoup de temps ! J’ai tout blindé au niveau des répétitions. Le jeu d’acteur est super important. Je viens du documentaire et je suis à l’aise avec l’image, la lumière… Les acteurs, c’était la découverte et le plaisir du cinéma. Alex m’a donné tout dans ce film.
A la fin du film, le drame qui survient vient comme une façon de parler d’une génération gâchée…
Je ne suis pas Spike Lee, je veux montrer une image de la France un peu diversifiée et je veux montrer que parmi les gens qui souffrent en France, il n’y a pas que des Noirs. Le brigadier Meunier (Gilles Treton) est le personnage typique…En banlieue parisienne, il y a des gens q’une quarantaine d’années qui ont tout perdu… C’était très important pour moi de faire une fenêtre, d’ouvrir sur ces seconds rôles. On n’a pas fait un film belliqueux, mais un film sur les gens qui souffrent, sur la France des années 2000. Là, c’est fait. Mais là, mon envie c’est de tourner en Guadeloupe. J’y ai fait un documentaire l’an passé, Cases créoles, et là je veux tourner là-bas. Avec ce qui s’est passé, il y a trop de choses à dire et j’ai envie de montrer l’envers du décor.
Studio M à CannesGérard Lemoal à la caméra devant le palais du festival et Marie-Josée Alie et Jacques Martial, président du jury Hohoa (Photos : RDG)
Marie-Josée Allie présente ce week-end sur les antennes de RFO une édition spéciale Cannes. Au sommaire de cette édition, on retrouveraOsange Silou et Jacques Martial pour parler des prix Hohoa mais aussi Juliette Binoche, Abderramane Sissako et Jacky Ido, acteur dans le dernier Tarentino.
Vus à Cannes
Auriana AnnonayAncienne miss météo sur Télé Guadeloupe, Auriana Annonay interprête le rôle de Christine Désirée dans Le Retour d'Elsa de Mariette Monpierre.
Du gros !
Les éternels pipols, PPDA et Jack Lang... (Photo Activilong)
Jean-Marie Gigon
« Ca n’a pas été évident pour Alex Descas de dire Négro dans le film »
Poser une ambiance, installer les personnages dedans et convaincre les spectateurs, c’est ça un bon film. Avez-vous conscience d’y être parvenu avec ce court-métrage ?
J’en ai conscience par ce que c’est ce que je voulais vraiment. 18 minutes, on n’a pas de temps à perdre pour raconter l’histoire et on doit installer les choses de façon forte. C’est ce qu’on a fait avec Alex Descas et Julien Beramis, même dès les répétitions. On a bossé à mort pour que les gens ne s’ennuient pas et avoir ce côté un peu rèche et sec. Ce film a fait pas mal de festival, à Montréal, à Beaune où il y avait Tavernier, Chabrol, il a été acheté par France 2… et les retours qu’on a, c’est que les gens sont très contents par rapport à ça. Ils ont envie de voir la suite.
La suite ?
J’ai fini d’écrire un long-métrage, Daron. Ca se passe en Guadeloupe et j’espère le faire avec Alex. Un film noir qui se passe en Guadeloupe ! Pour Négropolitain, j’ai envie de faire une extension du film dans le milieu des CRS, mais tout de suite après le long. On va prendre ces personnages et les mettre dans un autre contexte. Les CRS sont un milieu qu’on ne connaît pas vraiment… Moi, j’ai envie de coller au film noir, au film policier dans la France des années 2000, avec les changements qui se passent en France en ce moment. Ca peut être une belle histoire et un vrai contexte. Mais là, ce qui m’intéresse, c’est de raconter une histoire en Guadeloupe.
Pour revenir à Négropolitain, c’est vous aussi, un regard sur vous-même, vos parents ?
Forcément ! Je vous rassure, mon père n’est pas aussi énervé qu’Alex ! (rires) Un peu moins aigri. Pour cette génération, c’est important de le faire. Je ne me suis jamais disputé avec mon père comme on peut le voir entre Julien et Alex, mais ce sont des sujets qui reviennent souvent, dont les gens ont envie de parler. Mais pour autant, ce qui est intéressant, c’est qu’il y a deux réactions. La première, ce sont les gens qui ne connaissent pas vraiment le problème mais qui sont touchés parce que c’est une histoire de générations et de famille. L’autre, c’est celle de la deuxième génération, ma génération, qui est extrêmement touchée. C’est une histoire qui n’a pas été vraiment racontée, sans dire que ça n’a jamais été fait. On a tendance à avoir une image beaucoup plus folklorique du cinéma antillais et je pense qu’il faut être frontal et oser dire les choses. Ca n’a pas été évident pour Alex Descas de dire Négro dans le film. Je n’ai pas hésité pour ça et pendant les répétitions, je lui disais que c’était nécessaire pour la noirceur du personnage. Il faut aller jusqu’au bout et montrer que cet homme souffre. Alex l’a compris et la séquence a pris beaucoup de temps ! J’ai tout blindé au niveau des répétitions. Le jeu d’acteur est super important. Je viens du documentaire et je suis à l’aise avec l’image, la lumière… Les acteurs, c’était la découverte et le plaisir du cinéma. Alex m’a donné tout dans ce film.
A la fin du film, le drame qui survient vient comme une façon de parler d’une génération gâchée…
Je ne suis pas Spike Lee, je veux montrer une image de la France un peu diversifiée et je veux montrer que parmi les gens qui souffrent en France, il n’y a pas que des Noirs. Le brigadier Meunier (Gilles Treton) est le personnage typique…En banlieue parisienne, il y a des gens q’une quarantaine d’années qui ont tout perdu… C’était très important pour moi de faire une fenêtre, d’ouvrir sur ces seconds rôles. On n’a pas fait un film belliqueux, mais un film sur les gens qui souffrent, sur la France des années 2000. Là, c’est fait. Mais là, mon envie c’est de tourner en Guadeloupe. J’y ai fait un documentaire l’an passé, Cases créoles, et là je veux tourner là-bas. Avec ce qui s’est passé, il y a trop de choses à dire et j’ai envie de montrer l’envers du décor.
Studio M à CannesGérard Lemoal à la caméra devant le palais du festival et Marie-Josée Alie et Jacques Martial, président du jury Hohoa (Photos : RDG)
Marie-Josée Allie présente ce week-end sur les antennes de RFO une édition spéciale Cannes. Au sommaire de cette édition, on retrouveraOsange Silou et Jacques Martial pour parler des prix Hohoa mais aussi Juliette Binoche, Abderramane Sissako et Jacky Ido, acteur dans le dernier Tarentino.
Vus à Cannes
Sotigui KouyatéA côté de Sandra Bisson, l'ancienne miss Guadeloupe et ambassadrice d'Activilong, Sotigui Kouyaté (Photo Activilong), acteur de théâtre et de cinéma malien et burkinabè, né en 1936 à Bamako. Il a commence par être griot dans le pays mandingue avant de devenir joueur international de football (joueur professionnel jusqu'en 1966 et capitaine de l'équipe du Burkina Faso), enseignant puis acteur. En 1966, il accepte de jouer une pièce de théâtre à la demande de son ami Boubacar Dicko. Il est connu pour sa collaboration avec Peter Brook dans l'adaptation du Mahabharata en 1989. Ses rôles dans les films La Genèse de Cheick Oumar Sissoko et Little Senegal de Rachid Bouchareb le font connaître au grand public. En 1997, il s’associe à Jean-Louis Sagot-Duvauroux, Alioune Ifra Ndiaye et Habib Dembélé pour fonder une structure de promotion et de création littéraire et artistique, le Mandeka Théâtre. En 1998, il met en scène avec lcette compagnie une adaptation d’Antigone. Il est le père du réalisateur Dani Kouyaté et du conteur Hassane Kassi Kouyaté. En 2009, il est sacré meilleur acteur pour son rôle dans le film London River, au Festival de Berlin.
Euzhan PalcyPhoto ActivilongAuriana AnnonayAncienne miss météo sur Télé Guadeloupe, Auriana Annonay interprête le rôle de Christine Désirée dans Le Retour d'Elsa de Mariette Monpierre.
Du gros !
Les éternels pipols, PPDA et Jack Lang... (Photo Activilong)
Jean-Marie Gigon
Il prépare avec Sanosi prod une collection de dix films sur des artistes contemporains du Pacifique (Australie, Nouvelle-Zélande, Papouasie, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Fidji, Vanuatu...). C'est sa rencontre en 2007 avec Henri Gama qui créait alors le fonds Jean-Marie Tjibaou qui l'a convaincu de la nécessité de ce travail. Parmi les artistes sélectionnés, les Kanaks Jean-Michel Boéné et Teddy Diaiké, et le Plynésien André Detloff. Après il s'attaquera à l'Amérique du Sud et à l'Afrique, là où l'art s'émancipe des traditions.
Alix VernezeAlix Verneze, originaire de Guadeloupe, présentait au Sort film corner Les retrouvailles, pilote de son futur long-métrage qui s'intitulera Sentiment inconnu. Installé à Paris XXe, il est entré dans le cinéma par le clip chez le rapmeurs de 113 et a été élu Afro-talent de l'année en Grande-Bretagne chez Vox Africa, une webtélé.
Les filles de la com' de RFOLaurence Zaksas, Chantal Néret, Sally Cissé et Christelle Lefrançois ou les filles qui organisent et communiquent. Les drôles de dames de RFO, désormais orphelines de Charly, parti (retourné) sur France 5.
Alix VernezeAlix Verneze, originaire de Guadeloupe, présentait au Sort film corner Les retrouvailles, pilote de son futur long-métrage qui s'intitulera Sentiment inconnu. Installé à Paris XXe, il est entré dans le cinéma par le clip chez le rapmeurs de 113 et a été élu Afro-talent de l'année en Grande-Bretagne chez Vox Africa, une webtélé.
Les filles de la com' de RFOLaurence Zaksas, Chantal Néret, Sally Cissé et Christelle Lefrançois ou les filles qui organisent et communiquent. Les drôles de dames de RFO, désormais orphelines de Charly, parti (retourné) sur France 5.