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Publié par fxg

Roselyne Bachelot, ministre de la Santé
 « Les territoires ne sont pas un laboratoire d’expérience »
La communication sur la grippe A est-elle exagérée ? La ministre de la Santé s’en défend, tout en affirmant qu’il ne faut rien exagérer. Elle rappelle que le virus est peu sévère dans sa forme actuelle, mais très contaminant et tient à affirmer que l’Outre Mer n’est pas un terrain d’entraînement pour la métropole.

Avez-vous déjà tiré des leçons de l’épidémie de grippe A qui traverse la France de l’hémisphère sud ?
Le terme d’enseignement est certainement prématuré. On en est à un point de situation. Il y a des choses que nous savons, globalement, sur la grippe H1N1, avec sa diffusion dans l’hémisphère austral. C’est un virus qui est peu sévère dans sa forme actuelle, mais très contaminant. Ce qui se passe à La Réunion, par exemple, est conforme à ce que l’on a pu observer dans d’autres pays de l’hémisphère austral. Je tiens à dire que La Réunion, la Nouvelle-Calédonie ou la Polynésie ne sont pas des « laboratoires d’expériences ». Cette expression me choque. Ces départements et territoires affrontent avec maîtrise une alerte pandémique. La situation sanitaire fait que, comme partout, des mesures ont été prises. Je me rends à La Réunion, vendredi et samedi, car c’est le premier département  qui est touché de manière forte. Je souhaite faire le point sur la situation et apporter mon soutien à la population, aux professionnels de santé et à l’administration.
Est-ce que les Antilles et la Guyane sont susceptibles d’être touchées avant la métropole ?
Nous n’avons aucun élément permettant de répondre à cette question. Je ne suis pas devin. Je travaille en étroite collaboration avec les scientifiques et je les écoutent lorsqu’il me disent que beaucoup de choses sont encore inconnues. Aucun épidémiologiste n’est capable de l’affirmer. Ces territoires sont dans l’hémisphère septentrional. Je ne peux vous dire s’ils seront touchés avant la métropole.*
Quels sont les scénarios  retenus ?
En juin, il y avait quatre scénarios. Le scénario « rose » était que l’épidémie s’éteindrait d’elle-même. Il est d’ores et déjà abandonné. Un scénario plus « noir » était que le virus deviendrait plus dangereux. Il n’est pas abandonné, mais il est aujourd’hui moins probable. Le virus n’a pour le moment pas muté. Enfin, il y a deux scénarios « gris », avec une évolution continue du virus et une évolution par vagues. On est plutôt dans ces scénarios.
Quel pourcentage de la population doit être vacciné pour que la stratégie soit efficace ?
Il y a encore quelques inconnues. Quand aurons-nous l'autorisation de mise sur le marché (AMM) ? Il n’est pas question d’entamer une campagne de vaccination sans AMM. Les laboratoires continuent à affiner certains points : faudra-t-il une ou deux injections, ou une pour certaines personnes, deux pour d’autres ? Autant de questions encore en suspens, mais pour répondre précisément à votre question, on estime que lorsque 50 % de la population est vaccinée, on ralentit considérablement l’épidémie.
Lundi vous avez déclaré : « Il faut tout mettre en œuvre pour enrayer cette épidémie. En cas de malheur, les Français ne nous pardonneraient jamais de ne pas l'avoir fait ». La proportion de risque est-elle importante ?
Il faut d’abord faire part aux Français des informations qui sont en notre possession. Tout le monde sait bien que chaque fois qu’il y a une crise sanitaire, écologique, industrielle… rien n’est pire que les fausses informations. C’est mon rôle de tenir un langage de transparence sur ce sujet, de dire les choses avec précaution, sans céder à un pessimisme exacerbé, ni à un optimisme un peu naïf. Deuxième point, dans la gestion d’une pandémie, il y a un facteur de responsabilité, lié à attitude de la population. Il n’y a pas d’un côté un gouvernement actif et des citoyens passifs. Les citoyens peuvent prendre en main leur propre santé en mettant en œuvre ce qu’on appelle les gestes barrières : se laver les mains, utiliser des mouchoirs à usage unique pour tousser ou éternuer …
La grippe saisonnière touche entre 2 et 2,5 millions de personnes chaque année, pour entre 2 000 et 5 000 décès. On estime que la grippe pourrait toucher un tiers de la population française (soit 20 millions de personnes)…
Le virus est effectivement plus contaminant que celui de la grippe saisonnière et très peu de personne ont une immunité naturelle (c’est un nouveau virus), mais il est moins virulent. Des scénarios mathématiques sont donc établis. Nous les prenons avec beaucoup de prudence. On sait déjà que même si ce virus est moins sévère, le fait qu’il soit plus contaminant fait qu’il peut toucher plus de personnes fragiles, notamment les malades atteints de pneumopathie ou les femmes enceintes.
Une partie de la population pense qu’il existe une surenchère entre le gouvernement et la presse sur la question ? Certains, notamment dans l’opposition, affirment que le gouvernement parle de la grippe A pour faire oublier la crise économique…
Je n’ai pas l’impression que la presse ait baissé la garde sur les sujets économiques et sociaux. Se préparer à une crise se n’est pas tenir un discours catastrophique. Ce n’est pas quand la grippe est là que l’on s’y prépare.
Bernard Debré (député UMP et professeur de médecine) regrette que les spots télé ne disent pas que « cette grippe n’est pas dangereuse dans l’immense majorité des cas ». Il aurait aimé « un message moins dramatique »…
Cette campagne a été préparée avec des épidémiologistes, des virologues, des spécialistes de ces questions….
N’y a-t-il pas de craintes sur une éventuelle augmentation du prix du vaccin ?
Les marchés publics nous permettent d’avoir une clarté totale sur ce sujet. La campagne vaccinale coûte plus de 800 millions d’euros, 15 euros pour deux doses. On est dans les tarifs habituels. Nous les achetons en grande quantité, aux meilleures conditions commerciales possibles.
Propos recueillis par David Martin et François-Xavier Guillerm (Agence de presse GHM)
* Selon Françoise Weber, directrice de l’institut national de veille sanitaire, La Martinique et la Guadeloupe ont dépassé le seuil épidémique. L’activité grippale est en hausse à la Martinique et en baisse à la Guadeloupe.


Repères
Selon Brice Hortefeux, il y a 35 000 cas en Nouvelle-Calédonie, 10 000 en Polynésie, 9 000 à la Réunion dont 3 500 depuis début août.
Il y a eu 10 décès dont en 8 outre-mer à la date du 19 août.

Dans la semaine du 17 au 23 août, il y a eu 4 500 consultations pour la grippe A, 29 recours aux urgences (en hausse), 7 hospitalisations en soins intensifs dont 2 à la Réunion, et 1 décès.

94 millions de doses de vaccins ont été réservés par le gouvernement à 4 laboratoires différents. Les premiers millions seront disponibles à la mi-octobre.

La vaccination nécessite deux injections et ne sera pas obligatoire. Toute personne désireuse de se vacciner pourra le faire.
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F
EST CE QU'ELLE S'EST FAIT VACCINER ROSELYNE????
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