Marie-Luce Penchard et le prix des carburants
Interview Marie-Luce Penchard
La secrétaire d'Etat à l'Outre-mer se rend en Martinique puis en Guadeloupe mardi et mercedi pour présider deux réunions de l'observatoires des prix.
" On ne peut pas être dans un système où les prix ne correspondent pas aux coûts "
La hausse du prix de l’essence semble inéluctable et logique et pourtant, certains pensent qu’elle pourrait raviver la crise. Comment comptez-vous gérer cette difficulté ?
Je sais que le LKP veut se servir de la hausse du carburant pour relancer les conflits sociaux en Guadeloupe et peut-être le Collectif du 5 février en Martinique… Je fais confiance aux Guadeloupéens et aux Martiniquais. Je crois qu’ils mesurent qu’aujourd’hui, avec un prix du baril qui passe de 40 à 70 $US, on ne peut pas rester dans le statu quo. Il faut donc une solution pour sortir du gel des prix, c’est la raison de mon déplacement. Quand on a décidé de geler le prix des carburants, au moment du conflit, il y avait une inquiétude, une suspicion parce qu’on ne comprenait pas comment les prix des carburants étaient fixés en outre-mer. Il y avait une volonté de transparence. Le gouvernement a toujours dit qu’il apportera des réponses sur la transparence des prix administrés en outre-mer pour les carburants. Il y a des rapports diligentés par le gouvernement pour faire toute la lumière sur la composition des prix et le président de la République a rappelé lors de son déplacement qu’il rendrait publique la fixation des prix du carburant. Il n’y a aucune volonté de protéger qui que ce soit ! Aujourd’hui, nous avons trois rapports ( et nous attendons encore celui sur la fixation des prix dans la grande distribution), le rapport de Mme Bolliet, celui de l’autorité de la concurrence qui est remarquable, va très loin et qui est public, et nous attendons le rapport parlementaire de Patrick Ollier, même si nous en connaissons les grandes lignes. A partir de là, je pense que nous avons des éléments pour discuter des modalités de sortie du gel. Parce qu’aujourd’hui, que se passe-t-il dans les faits ? C’est la communauté nationale qui va payer…
Comme elle l’a déjà fait avec les 44 millions d’euros à Total ?
Non ! Pas encore. Ces 44 millions, je sais qu’on a beaucoup dit, alors que j’étais à peine nommée, que j’étais à l’origine du décret… Sans faire de polémique, ces 44 millions effectivement pris par décret n’ont pas été soustraits du budget de l’Outre-mer. On est dans un Etat de droit et il faut respecter les accords passés. Maintenant, on est en discussion avec les pétroliers sur cette question, mais je pense que cette question ne va pas impacter la nouvelle formule des prix.
Revenons sur les suites des trois rapports…
Sur la base de ces rapports, on a la possibilité d’échanger avec les observatoires des prix pour voir sur quel niveau de prix on peut actionner pour arriver à une réponse qui permette à la fois de satisfaire le consommateur ¬– je ne cherche pas à aggraver les difficultés de pouvoir d’achat des Guadeloupéens et des Martiniquais ; je sais la situation économique difficile, compliquée et la situation de l’emploi puisque dans le mode de distribution, le choix qui a été fait par les gérants de station a consisté à privilégier l’emploi alors qu’il y avait d’autres formes de distribution qui auraient permis de faire baisser les prix. Je le respecte, mais simplement, il faut trouver un juste équilibre qui permet de préserver, à la fois, l’intérêt des consommateurs et l’emploi. Aujourd’hui, la situation ne nous permet pas d’être dans une démarche qui viserait à supprimer des emplois.
Vous avez le même point de vue sur l’avenir de la SARA ?
C’est une question beaucoup plus complexe et il faut attendre les résultats des états généraux. Mais à partir des recommandations de ces trois rapports, nous avons les moyens de sortir du gel.
Qu’attendez-vous des réunions de l’observatoire des prix ?
J’attends qu’il y ait un certain nombre de propositions, qu’on puisse en débattre, parce que dans une fourchette de réduction des marges, il peut y avoir des éléments qui n’ont pas été clairement identifiés dans le rapport et puis on est dans cette volonté de concertation, d’échange. Il ne s’agit nullement d’imposer, mais de dire la vérité. On ne peut pas être dans un système où les prix ne correspondent pas aux coûts. Il faut le dire aux Guadeloupéens et aux Martiniquais. A l’issue de ces échanges, je prendrai une décision et, à partir de là, le préfet prendra le nouvel arrêté en expliquant une deuxième fois cet arrêté et on fixera le prix des carburants aussi bien pour le super que pour le gasoil.
On ne parlera que carburant ?
Oui, c’est la raison pour laquelle on dit que je ne viens pas longtemps car je ne viens que pour ce dossier dont il est urgent de sortir du gel, mais bien évidemment je serai amenée à revenir, début octobre, pour aborder des thématiques plus larges comme le logement social, le tourisme, la relance de l’activité et puis pour préparer les états généraux qui vont s’achever prochainement.
Que pensez-vous des brigades des prix que veut lancer le LKP en Guadeloupe pour vérifier la baisse effective des prix ?
Je pense que c’est particulièrement dangereux. Je trouve que c’est inadmissible qu’on puisse implanter des brigades alors qu’il y a une direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes qui a en charge le contrôle des prix. Ce qu’on est en train de mettre en place, je vais le dire très clairement, c’est une structure parallèle. Ce n’est pas acceptable. La demande pour plus de contrôle des prix a été prise en compte puisque les moyens de cette direction ont été renforcés. Qu’on soit vigilants sur la régularité des contrôles, sur les conclusions, ça ne me gène nullement mais mettre en place un système parallèle comporte un risque de dérives. Là, on n’est plus dans l’action syndicale, c’est un mélange entre une action syndicale et une orientation politique avec ce que ça peut générer demain si une autre organisation décide de mettre en place une brigade de ce type, je qu’on peut avoir un conflit et vous savez ce que ça veut dire ? Il y a un philosophe qui a fait récemment une très bonne analyse en disant que c’est la porte ouverte demain à une guerre civile. Il faut revenir à la raison, dans les structures de l’Etat. Pour le moment les Guadeloupéens ont fait le choix d’appartenir à la République française. Il y a une organisation à respecter ; on ne peut pas tolérer ce type de comportement.
Concernant toujours le carburant, quelle est la teneur de la lettre que vous avez adressée à Bruxelles et qu’Antoine Karam, président de la Région Guyane, vous reproche d’avoir gardée secrète ?
Je peux vous en parler très librement parce que j’ai eu un échange avec Antoine Karam. Il y a eu des quiproquos… Je dirais très simplement que la lettre a été préparée avec l’équipe d’Yves Jégo. Le remaniement a fait qu’il y a eu une période de flottement. Antoine Karam a eu raison de dire que ce courrier existait, mais compte tenu du remaniement, il n’est parti que le 2 juillet. Nous avions raison tous les deux… Il y a eu un échange d’explication et l’incident est clos. Cette lettre est une demande à la Commission pour envisager des dérogations pour se fournir en carburant qui ne serait pas aux normes européennes avec les conséquences que ça peut entraîner sachant que là-dessus, je ne suis pas persuadée qu’il y ait un consensus pour aller vers une dérogation. Maintenant, si certains le souhaitent, je les accompagnerai mais j’attends les premières réactions de la Commission sur cette proposition.
Le document de synthèse des états généraux de l’outre-mer est attendu. Que va-t’il advenir de ses préconisations ? N’oublie-t-on pas que ces sont ces EGOM qui devaient mettre un point final à la crise de l’hiver dernier ?
On est toujours dans le respect de la méthode. Les préconisations remontent au secrétariat d’Etat. Richard Samuel, le coordonateur a réceptionné un certain nombre de rapports de synthèse accompagnés de délibérations des collectivités locales qui ont souhaité émettre un avis. A partir de là, il y a un travail interministériel qui va se mettre en place. Chaque ministère est consulté en fonction des thématiques pour voir les questions de faisabilité, les impacts financiers et réglementaires. Cette restitution va avoir lieu fin septembre et, à partir de là, on va dégager les grands axes de développement qui vont être soumis au comité interministériel de l’Outre-mer qui sera présidé par le président de la République, probablement fin octobre ou tout début novembre.
On dit que vous avez profité de vos vacances en Guadeloupe pour faire des consultations en vue des régionales…
Je suis une femme politique, je suis conseiller politique à l’UMP auprès de Xavier Bertrand. Je conseille le secrétaire général sur des problèmes qui concernent plus vraisemblablement les questions politiques en outre-mer. A ce titre, et pendant ma période de vacances, il était tout à fait normal que je puisse rencontrer les élus de ma majorité. C’est vrai, je n’ai pas à le cacher. J’ai rencontré l’ensemble des élus qui étaient ravis que nous ayons pu faire ces réunions de travail ensemble. Mais ça ne préjuge nullement des décisions qui seront prises par la suite. Je crois que la famille politique doit être réunie. Cette majorité présidentielle, elle existe et doit continuer d’exister. Elle a sa place en outre-mer et il n’y a pas de raisons qu’on puisse laisser cet espace politique à d’autres.
Propos recueillis par FXG, agence de presse GHM
La secrétaire d'Etat à l'Outre-mer se rend en Martinique puis en Guadeloupe mardi et mercedi pour présider deux réunions de l'observatoires des prix.
" On ne peut pas être dans un système où les prix ne correspondent pas aux coûts "
La hausse du prix de l’essence semble inéluctable et logique et pourtant, certains pensent qu’elle pourrait raviver la crise. Comment comptez-vous gérer cette difficulté ?
Je sais que le LKP veut se servir de la hausse du carburant pour relancer les conflits sociaux en Guadeloupe et peut-être le Collectif du 5 février en Martinique… Je fais confiance aux Guadeloupéens et aux Martiniquais. Je crois qu’ils mesurent qu’aujourd’hui, avec un prix du baril qui passe de 40 à 70 $US, on ne peut pas rester dans le statu quo. Il faut donc une solution pour sortir du gel des prix, c’est la raison de mon déplacement. Quand on a décidé de geler le prix des carburants, au moment du conflit, il y avait une inquiétude, une suspicion parce qu’on ne comprenait pas comment les prix des carburants étaient fixés en outre-mer. Il y avait une volonté de transparence. Le gouvernement a toujours dit qu’il apportera des réponses sur la transparence des prix administrés en outre-mer pour les carburants. Il y a des rapports diligentés par le gouvernement pour faire toute la lumière sur la composition des prix et le président de la République a rappelé lors de son déplacement qu’il rendrait publique la fixation des prix du carburant. Il n’y a aucune volonté de protéger qui que ce soit ! Aujourd’hui, nous avons trois rapports ( et nous attendons encore celui sur la fixation des prix dans la grande distribution), le rapport de Mme Bolliet, celui de l’autorité de la concurrence qui est remarquable, va très loin et qui est public, et nous attendons le rapport parlementaire de Patrick Ollier, même si nous en connaissons les grandes lignes. A partir de là, je pense que nous avons des éléments pour discuter des modalités de sortie du gel. Parce qu’aujourd’hui, que se passe-t-il dans les faits ? C’est la communauté nationale qui va payer…
Comme elle l’a déjà fait avec les 44 millions d’euros à Total ?
Non ! Pas encore. Ces 44 millions, je sais qu’on a beaucoup dit, alors que j’étais à peine nommée, que j’étais à l’origine du décret… Sans faire de polémique, ces 44 millions effectivement pris par décret n’ont pas été soustraits du budget de l’Outre-mer. On est dans un Etat de droit et il faut respecter les accords passés. Maintenant, on est en discussion avec les pétroliers sur cette question, mais je pense que cette question ne va pas impacter la nouvelle formule des prix.
Revenons sur les suites des trois rapports…
Sur la base de ces rapports, on a la possibilité d’échanger avec les observatoires des prix pour voir sur quel niveau de prix on peut actionner pour arriver à une réponse qui permette à la fois de satisfaire le consommateur ¬– je ne cherche pas à aggraver les difficultés de pouvoir d’achat des Guadeloupéens et des Martiniquais ; je sais la situation économique difficile, compliquée et la situation de l’emploi puisque dans le mode de distribution, le choix qui a été fait par les gérants de station a consisté à privilégier l’emploi alors qu’il y avait d’autres formes de distribution qui auraient permis de faire baisser les prix. Je le respecte, mais simplement, il faut trouver un juste équilibre qui permet de préserver, à la fois, l’intérêt des consommateurs et l’emploi. Aujourd’hui, la situation ne nous permet pas d’être dans une démarche qui viserait à supprimer des emplois.
Vous avez le même point de vue sur l’avenir de la SARA ?
C’est une question beaucoup plus complexe et il faut attendre les résultats des états généraux. Mais à partir des recommandations de ces trois rapports, nous avons les moyens de sortir du gel.
Qu’attendez-vous des réunions de l’observatoire des prix ?
J’attends qu’il y ait un certain nombre de propositions, qu’on puisse en débattre, parce que dans une fourchette de réduction des marges, il peut y avoir des éléments qui n’ont pas été clairement identifiés dans le rapport et puis on est dans cette volonté de concertation, d’échange. Il ne s’agit nullement d’imposer, mais de dire la vérité. On ne peut pas être dans un système où les prix ne correspondent pas aux coûts. Il faut le dire aux Guadeloupéens et aux Martiniquais. A l’issue de ces échanges, je prendrai une décision et, à partir de là, le préfet prendra le nouvel arrêté en expliquant une deuxième fois cet arrêté et on fixera le prix des carburants aussi bien pour le super que pour le gasoil.
On ne parlera que carburant ?
Oui, c’est la raison pour laquelle on dit que je ne viens pas longtemps car je ne viens que pour ce dossier dont il est urgent de sortir du gel, mais bien évidemment je serai amenée à revenir, début octobre, pour aborder des thématiques plus larges comme le logement social, le tourisme, la relance de l’activité et puis pour préparer les états généraux qui vont s’achever prochainement.
Que pensez-vous des brigades des prix que veut lancer le LKP en Guadeloupe pour vérifier la baisse effective des prix ?
Je pense que c’est particulièrement dangereux. Je trouve que c’est inadmissible qu’on puisse implanter des brigades alors qu’il y a une direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes qui a en charge le contrôle des prix. Ce qu’on est en train de mettre en place, je vais le dire très clairement, c’est une structure parallèle. Ce n’est pas acceptable. La demande pour plus de contrôle des prix a été prise en compte puisque les moyens de cette direction ont été renforcés. Qu’on soit vigilants sur la régularité des contrôles, sur les conclusions, ça ne me gène nullement mais mettre en place un système parallèle comporte un risque de dérives. Là, on n’est plus dans l’action syndicale, c’est un mélange entre une action syndicale et une orientation politique avec ce que ça peut générer demain si une autre organisation décide de mettre en place une brigade de ce type, je qu’on peut avoir un conflit et vous savez ce que ça veut dire ? Il y a un philosophe qui a fait récemment une très bonne analyse en disant que c’est la porte ouverte demain à une guerre civile. Il faut revenir à la raison, dans les structures de l’Etat. Pour le moment les Guadeloupéens ont fait le choix d’appartenir à la République française. Il y a une organisation à respecter ; on ne peut pas tolérer ce type de comportement.
Concernant toujours le carburant, quelle est la teneur de la lettre que vous avez adressée à Bruxelles et qu’Antoine Karam, président de la Région Guyane, vous reproche d’avoir gardée secrète ?
Je peux vous en parler très librement parce que j’ai eu un échange avec Antoine Karam. Il y a eu des quiproquos… Je dirais très simplement que la lettre a été préparée avec l’équipe d’Yves Jégo. Le remaniement a fait qu’il y a eu une période de flottement. Antoine Karam a eu raison de dire que ce courrier existait, mais compte tenu du remaniement, il n’est parti que le 2 juillet. Nous avions raison tous les deux… Il y a eu un échange d’explication et l’incident est clos. Cette lettre est une demande à la Commission pour envisager des dérogations pour se fournir en carburant qui ne serait pas aux normes européennes avec les conséquences que ça peut entraîner sachant que là-dessus, je ne suis pas persuadée qu’il y ait un consensus pour aller vers une dérogation. Maintenant, si certains le souhaitent, je les accompagnerai mais j’attends les premières réactions de la Commission sur cette proposition.
Le document de synthèse des états généraux de l’outre-mer est attendu. Que va-t’il advenir de ses préconisations ? N’oublie-t-on pas que ces sont ces EGOM qui devaient mettre un point final à la crise de l’hiver dernier ?
On est toujours dans le respect de la méthode. Les préconisations remontent au secrétariat d’Etat. Richard Samuel, le coordonateur a réceptionné un certain nombre de rapports de synthèse accompagnés de délibérations des collectivités locales qui ont souhaité émettre un avis. A partir de là, il y a un travail interministériel qui va se mettre en place. Chaque ministère est consulté en fonction des thématiques pour voir les questions de faisabilité, les impacts financiers et réglementaires. Cette restitution va avoir lieu fin septembre et, à partir de là, on va dégager les grands axes de développement qui vont être soumis au comité interministériel de l’Outre-mer qui sera présidé par le président de la République, probablement fin octobre ou tout début novembre.
On dit que vous avez profité de vos vacances en Guadeloupe pour faire des consultations en vue des régionales…
Je suis une femme politique, je suis conseiller politique à l’UMP auprès de Xavier Bertrand. Je conseille le secrétaire général sur des problèmes qui concernent plus vraisemblablement les questions politiques en outre-mer. A ce titre, et pendant ma période de vacances, il était tout à fait normal que je puisse rencontrer les élus de ma majorité. C’est vrai, je n’ai pas à le cacher. J’ai rencontré l’ensemble des élus qui étaient ravis que nous ayons pu faire ces réunions de travail ensemble. Mais ça ne préjuge nullement des décisions qui seront prises par la suite. Je crois que la famille politique doit être réunie. Cette majorité présidentielle, elle existe et doit continuer d’exister. Elle a sa place en outre-mer et il n’y a pas de raisons qu’on puisse laisser cet espace politique à d’autres.
Propos recueillis par FXG, agence de presse GHM