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Publié par fxg

Il y a un an, nous faisions un portrait de Dominique Maximin, un jeune Guadeloupéen installé à Paris, oeuvrant dans la haute finance. Il avait promis de donner une contribution à ce blog. La voici. Elle n'engage que son auteur mais supportera les contradicteurs volontaires !
Audere Est Facere
L'économie agricole traditionnelle héritée de l'esclavage est morte. Elle ne correspond plus aux ambitions des jeunes forces vives de la Guadeloupe.
La canne à sucre et la banane sont en déclin prononcé depuis plusieurs décennies et représentent aujourd'hui moins de 5 % de la valeur ajoutée produite en Guadeloupe. Je concède volontiers que ce discours n'est pas novateur et pourtant les pouvoirs publics continuent d'injecter plusieurs dizaines de millions d'euros de subventions dans un secteur agricole essentiellement tourné vers l'export. Car il est bien la le problème, alors qu'il faudrait que nos leaders planchent sur des stratégies de réduction de notre dépendance alimentaire, notre agriculture est dominée par des intérêts particuliers et ne répond nullement aux défis posés par la récente crise alimentaire mondiale.
L’économie mondiale est confrontée a une tendance lourde de prix agricoles élevés résultant de la "food crisis" qui ne disparaîtra pas de sitôt compte tenu de l'accent mis par les États-Unis et l'Europe sur la production de biofuels (en particulier l'éthanol), ces derniers s'accaparant une part croissante des terres cultivables mondiales.
Quid de la compétitivité de nos produits agricoles à l'export : notre banane subventionnée est en moyenne 20 centimes d'euros plus chère que celle produite par les pays ACP. Où est notre avantage comparatif ?
En outre, la pression concurrentielle des bananes en provenance des pays d'Amérique du Sud pèse de tout son poids sur des marges déjà très faibles. Le jeu en vaut-il la chandelle ? La réallocation des subventions agricoles est devenue une nécessité. J'irai même plus loin, les capacités de production à l'export de la banane et de la filière canne-sucre-rhum dans une certaine mesure doivent être revues a la baisse. Il faut réduire la voilure ! Cet embryon de reformulation stratégique ne suffira pas à résoudre le problème démographique posé par une main-d’oeuvre agricole vieillissante (plus de 50% ont plus de 55 ans). Alors, certes la faible attractivité d'un métier de plus en plus difficile doit retenir notre attention, mais il y a surtout l'image "rhum banane" à laquelle les jeunes Antillais ne veulent plus être identifiés. L'immigration est une des solutions qui, à mon avis, doit être promue par nos décideurs pour pallier le problème démographique, il en va de de la survie d'une agriculture guadeloupéenne que j'espère a l’avenir tournée essentiellement vers le marché local.
No pain, no gain : cette maxime illustre le dilemme auquel nous sommes confrontés. Oui, une part non négligeable des quelques 25 000 agriculteurs guadeloupéens sera touchée par la redéfinition de notre politique alimentaire. Par conséquent, des efforts financiers devront être consentis pour adapter notre agriculture et en particulier sa main-d’oeuvre. Il s'agit d'une transition vers une nouvelle donne économique qui ne peut se faire sans souffrances et résistance des lobbys concernés. Aurons-nous un leadership assez courageux pour proposer et mettre en oeuvre ces reformes ? J'en doute, mais j'encourage nos décideurs à méditer ce passage tiré de « Capitalisme, socialisme et
démocratie » de Joseph Schumpeter:
« L’impulsion fondamentale qui met en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d’organisation industrielle... un même processus de mutation industrielle révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de destruction créatrice ... »
Il s’agit ici d’une analogie pure et simple tant il est vrai que la « destruction » proposée dans ces lignes n’est pas le fruit du processus d’innovation décrit par Schumpeter mais résulte plutôt d’une adaptation de type Ricardienne. Néanmoins, l’impulsion fondamentale doit être imprimée par notre capacité à innover et à renouveler notre économie.
Aujourd’hui, de nombreux guadeloupéens excellent dans les NTIC et constituent un capital humain sur lequel il faut parier. D’autres deviennent des acteurs de la coopération naissante entre notre Archipel et nos voisins de la Caraïbe et sont également des forces vives sur lesquelles il faut miser.
Le pari économique est l’essence du message de Schumpeter. L’innovation, l’esprit d’entreprise sont également des piliers de ce « New Deal » que nous devons mettre en oeuvre en Guadeloupe. Les pouvoirs publics locaux devraient à mes yeux se muer en « venture capitalistes », parier sans relâche sur nos innovateurs et jeunes entrepreneurs et encourager ainsi la prise de risque. De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace !
Dominique Maximin
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H
50 % des personnes qui travail dans la canne ont plus de 50 ans .... Est il vrais que pendant la coupe de la canne , certaines personnes font venir des gents de haitie et que au momment de les payer , ils appellent les gendarmes pour les denoncer comme clandestins? Par ce que si c est le cas , cela s appelle de l esclagisme.
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