Rhum
BILLET
Quand le soleil se pointe à l’horizonLa mer fourmille d’activité mais on ne voit rien, ce dimanche matin dans la baie de Saint-Malo. Les derniers coursiers passent les écluses sous un crachin breton. La purée de pois s’est installée et la température a chuté. C’est la douche écossaise après une semaine de véritable été indien. Comme pour rappeler aux skippers que ça y est, maintenant, ça ne rigole plus. Ils vont partir, seuls et on ne les verra même pas tant le temps est maussade. Ca en devient presque contagieux sur cette mer « où plane l’ombre de la mort », comme dit la chanson « Les âmes des marins ». La présence de Téura Colas nous rappelle son mari, Caradec, Vatine… Mais voilà que l’heure du départ s’approche, le voile se lève, les voiles se gonflent dans le vent du départ et… le soleil. Quand la Guadeloupe se pointe à l’horizon…
Toto top chrono
A bord du Pont-Aven, 1 600 VIP ont assisté au départ de la course donné par Victorin Lurel, René Couanau, le maire de Saint-Malo, et Jean-Yves Le Drian, le président de la région Bretagne.
Les hôtes du Pont-Aven ont été invités par Groupama, la ville de Saint-Malo ou Brittany Ferries, l’armateur. On y retrouve les politiques, les partenaires, les sponsors. Le menu de la journée s’annonce luxueux. Philippe Gallouedec, directeur de la communication de Brittany Ferries indique que la compagnie a mis 300 personnes sur le pont, dimanche. Le commandant Pascal Saludeau et son homologue Yvon Talarmin sont à la manœuvre. A 13 h 02, c’est du poste de barre tribord que doit être donné le top départ. Un premier coup de corne de brume à moins 8. La première phase de la procédure de départ. C’est Victorin qui actionne le bouton. A moins 4, c’est Jean-Yves Le Drian, président de la Région Bretagne, qui klaxonne, puis à 02, René Couanau envoie le départ de la Route du Rhum 2006 ! Les trois élus, sous la houlette de M. Gallouadec, répètent leurs rôles. Autour d’eux les photographes, la télé et les radios qui assurent leur « en direct de la passerelle du Pont-Aven ». Couanau, le maire, entouré des deux président, ironise sur le sandwich à l’UMP entre de tranches de socialistes qu’ils forment. Le premier vice-président de la Région Poitou-Charente, vêtu d’une veste de quart rouge, Jean-François Fontaine, représente Ségolène Royal retenue en débat socialiste interne au Zénith de Paris... Téura Colas, l’épouse d’Alain Colas est très à l’aise au milieu, très heureuse aussi. Fontaine et Lurel s’entretiennent de la fédération des industries nautiques et de la responsable de la formation, Catherine Legoff qui est venue en Guadeloupe à la mi-octobre, rencontrer les acteurs du nautisme et les élus. « Je veux structurer cette filière et ne pas me contenter d’un événement tous les quatre ans ! », assure Lurel. Il est enthousiaste le président. Marie-Jo Pérec est allée voir Claude Thélier sur son bateau hier soir. « Elle est la marraine de Région Guadeloupe, c’est normal, raconte-t-il mais elle est aussi allée encourager Fiston. C’est bien de sa part. »Dans les coursives du navire, des montagnes d’huîtres de Cancale, des étalages de foie gras, des petits fours façon nouvelle cuisine, des crêpes bretonnes faite par des Bretonnes en tenue et, partout, open bar ! La Compagnie créole assure une tonalité antillaise à l’ambiance du bord. Perchée à 25 mètres au-dessus des flots, le pont supérieur offre un panorama sur le plan d’eau, les 74 voiliers alignés et les quelques 800 embarcations de tous ordres qui encadrent la flotte des rhumiers et le fameux cap Fréhel au loin.Lurel envoie la trompe le premier. La Route commence maintenant. « J’aimerai bien donner le départ de la Triskell cup, vendredi, s’amuse le président, j’ai pris goût à ça ! » CANAILLE La rue de la soif n’est plus ce qu’elle était On l’a cherché la rue de la Soif, on a même traversé tout Saint-Malo sans la trouver, la rue de la soif. On y était passé devant sans le savoir, dix fois même, en rentrant des bassins à l’hôtel, rue des Marins. La rue de la soif, en fait, c’est la rue Jacques Cartier. De ces rues qui vous donnent l’impression d’être au Cap d’Agde ou aux Saintes en pleine saison. Sauf que les gens, ils portent des blousons ! On a fini par nous le dire où ce qu’elle était la rue de la Soif. »Sous les remparts de Saint-Malo », comme dans la chanson de Renaud. « On y mange plus qu’on y boit » qu’on nous a prévenu. Et elle n’offre pour seul repère que le nom d’un restaurant qui indique celui d’une rue qui n’a jamais réellement existé. Car la rue de la Soif a longtemps été le surnom d’une rue de Rennes, la rue de Saint-Malo ! Ce sont d’autres boug, malouins ceux-là, qui ont fait les beaux jours des nuits malouines, rue Jacques Cartier. La rue est désormais une succession d’établissements impersonnels, à vocation touristique que n’empruntent plus guère les marins et les étudiants. En revanche, on y a croisé Ernest Moutoussamy, entourés de nombreuses représentantes de la délégation guadeloupéenne, tandis qu’à l’autre bout de la rue, près de la place Chateaubriand, le président Lurel dînait avec le reste de la délégation. « Nous allons nous encanailler dans les quartiers chauds de Saint-Malo », ironisait le président Lurel. Lequel sait sans doute déjà que la rue de la soif n’est plus ce qu’elle était. Il est tout simplement dommage que le maire de Saint-Malo ne soit pas, pour l’arrivée de la course, à Pointe-à-Pitre, Victorin Lurel aurait pu lui faire les honneurs d’une visite à Carénage.« Rue de la Soif, sous les remparts de Saint-Malo, on y mange plus qu’on y boit… »