Lurel en a marre de l'affaire Casimir
Victorin Lurel exige d’être jugé avant les élections
L’affaire Casimir/Lurel agace au plus haut point le président Lurel qui attaque RCI, Casimir et interpelle le garde des Sceaux.
« Compte tenu de l’instrumentalisation de cette affaire, je porte plainte contre RCI et Harry Casimir pour diffamation et je demande au garde des sceaux que cette affaire soit jugée avant les élections. » Les dernières déclarations d’Harry Casimir, sur RCI, le 30 novembre, dans le journal de Rodolphe Beppo, ont poussé Victorin Lurel à briser le silence de la justice dans l’affaire qui oppose le député à son ancien assistant parlementaire. Harry Casimir l’accuse d’avoir falsifié un contrat de travail en usurpant sa signature afin de l’employer fictivement. « Les violations du secret de l’instruction, selon le président de Région, ont été nombreuses, impliquant notamment des autorités de l’Etat et des militaires. » Retour sur une affaire.
Histoire d’une embauche
Harry Casimir, éducateur social au chômage, vient trouver Lurel en 2002 pour un emploi. Celui-ci lui propose de travailler à l’association de lutte contre la délinquance de Vieux-Habitants à partir de janvier 2003. En attendant Victorin Lurel lui promet de le recruter pour deux mois, en novembre 2002, comme assistant parlementaire. Mais Harry Casimir a déjà signé un contrat avec l’adjoint au maire, président de l’association, à compter du 1er septembre 2002. Il y a eu de fait deux contrats et un seul employé entre novembre et décembre. En janvier, Casimir est nommé directeur de l’association, pour en être licencié en février 2003. En octobre 2003, Casimir assigne Lurel devant le procureur, pour emploi présumé fictif. En février 2004, il porte une nouvelle plainte avec constitution de partie civile juste avant de retrouver un emploi de chargé de mission à la CCSBT que préside Michaux-Chevry.
Deux instructions pour une affaire
Le juge Roger instruit l’affaire et confie l’enquête à la BRD de Guadeloupe. Le président de l’association de Vieux-Habitants est mis en examen pour complicité de faux, Lurel est témoin assisté. L’adjudant-chef Jean-Jacques Dalichoux est le directeur d’enquête. Des commissions rogatoires sont lancées. L’une d’elle atterrit à la préfecture en avril 2004. Dalichoux la découvre inopinément dans une photocopieuse de la préfecture. Il connaît le gendarme qui l’a emmenée du bureau du Comgend au préfet. Dalichoux est muté d’office dans le Gers.
Une seconde instruction est ouverte, confiée au juge Bertomieu. Elle concerne la fuite. Le juge n’entend pas le préfet (absent lors de la fuite) et le colonel Han voit sa mise en examen levée pour vice de forme, deux mois avant sa mutation. Bertomieu s’en va à son tour. L’affaire attend dans une pile de dossier chez son remplaçant… Un ancien responsable de la préfecture a admis devant le président Lurel qu’« ils » avaient reçu « des instructions ». « L’emploi fictif, c’est pour vous éliminer de la vie politique », aurait même ajouté le haut-fonctionnaire. « L’affaire devait éclater juste avant les régionales », témoigne pour France-Antilles, un professionnel du renseignement.
Les réquisitions du parquet en attente
Aujourd’hui, Dalichoux a fait annuler sa mutation devant le tribunal administratif de Pau. MAM a été condamnée, en tant que ministre de la Défense, à lui verser des indemnités. Harry Casimir a perdu son poste de chargé de mission en avril dernier. Il s’est retourné contre le CCSBT pour harcèlement moral et rupture de contrat. Il a été débouté devant le tribunal administratif, comme devant la chambre sociale qu’il avait saisie en vain, tout comme les prudhommes, contre l’association de Vieux-Habitants et Victorin Lurel. Le juge Roger, lui, a bouclé son dossier et l’a transmis au parquet. « Le dossier est vide, assure le président de Région, et le procureur général le sait ! » C’est à lui qu’il appartient de décider de la date du jugement. Mais cette affaire est ce qu’on appelle dans le jargon judiciaire une « affaire suivie », alors forcément le procureur général hésite. On est en campagne électorale et personne ne sait encore à qui se vouer… D’où le coup de sang du président.