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Publié par fxg

Patrick Jean-Pierre, le Martiniquais de la Chaîne parlementaire

 

Audrey Pulvar sur France 3, Harry Roselmack sur TF1, Christine Kelly sur LCI… Et Patrick Jean-Pierre sur la LCP ! Tous les soirs à 19 h 30, une semaine sur deux, c’est un Martiniquais de 38 ans qui présente la journal parlementaire. A la veille des élections présidentielles et législatives, c’est un poste important qui voit passer tout ce que la France compte de décideurs politiques. Ceux qui le marquent sont les porte-parole des groupes dont Nadine Moreno, « très proche de Sarko », mais les plus intéressants sont les acteurs économiques et sociaux. « Quand on a parlé de l’esclavage, des sectes ‑ des sujets épineux ‑, Georges Fennec, un ancien magistrat spécialiste des sectes et habitué des média a été déstabilisé. Au-delà de la langue de bois, j’ai réussi à le faire parler ! » Patrick Jean-Pierre a su puiser dans son expérience de karatéka (il est première dan), pas forcément la maîtrise, mais des valeurs !

Voilà un an qu’il officie sur LCP en alternance avec Arnaud Ardouin. Avant d’en arriver là, Patrick a connu, comme nombre de journalistes, quelques moments d’errance et de galère et des débuts prometteurs à ATV. « Je suis rentré à ATV comme journaliste reporter d’images en 1990. C’était le début de la chaîne avec l’équipe phare : Barbara Jean-Elie, Olivier Laouchez… « Nous avions un pôle info avec nos correspondants, nos présentateurs et nous débutions une aventure ! » Mais au bout de quelques années, il a l’impression de ne plus avancer, « d’avoir fait le tour de la question ». « On avait tout fait pour la proximité et il fallait que je parte pour échapper au piège de la Martinique. » Au même moment, la vente de la chaîne au groupe Elisée le dérange. « On avait l’impression qu’il y avait une volonté d’instrumentaliser la chaîne. » Il part réaliser quelques reportages en Caraïbes pour la chaîne Voyage et, quand il rentre, il se décide à larguer les amarres et, au passage, d’attaquer aux prud’hommes ATV qui a alors du mal à appliquer la convention collective des journalistes. « Je suis parti quand Audrey Pulvar est arrivée. »

Arrivé à Paris, il monte « à l’assaut des grands média ». L’expérience est raide. Pour éviter l’isolement et comprendre comment ça fonctionne à Paris, il participe à des réunions, multiplie les contacts, décroche des piges à M6, chez Sinequanon productions... Il se lance alors dans le webjournalisme et parvient à décrocher du boulot à I-Télé. C’est alors qu’il rencontre Amrirouch Laïdi du cub Avéroès. Ils se sentent tout deux impertinents avec la pensée unique. « Je me souviens quand Balladur est venu en campagne électorale aux Antilles, je lui avais demandé s’il allait bien. C’était politiquement incorrect, mais nous avions le droit de connaître le bilan de santé d’un candidat à la présidentielle. » Il s’intéresse au populisme en politique et rêve de créer un site Whiteblack vison.com. Il se rend compte que la télé n’est pas à l’image de la population. « A l’époque, on m’a répondu qu’on avait le Cosby Show ! » Il se demande quelque fois s’il n’est pas aigri par rapport à ceux qui sont en place et il choisit, une fois encore, de répondre par l’impertinence : « La montagne Pelé gronde en moi… »

En 2003, il décroche une place de présentateur sur TV5 où il reste 18 mois. « Jusqu’à la mort de Serge Adda, le patron. Il avait un réel désir de colorer l’antenne. Mais la fronde des belles blondes a précipité mon départ ! » Après 4 à 5 mois de flottement et grâce au lobbying d’Avéroès, il rencontre Richard Michel à la LCP qui lui dit banco. C’est parti pour le journal parlementaire. « Les gens n’ont pas l’expérience du Noir et ils estiment que le monde leur appartient. Ils ne m’ont pas facilité la tâche. » Soutenu par sa direction, il a réussi, affirme-t-il, à faire de sa différence un atout. Et si, aujourd’hui, Patrick Jean-Pierre en agace quelques uns, ce n’est pas à cause de sa couleur de peau, mais parce qu’il est le grain de sable qui casse le ronron de la télé.

Photos Régis Durand de Girard

 PS : A la fin de l’entretien avec Patrick Jean-Pierre, réalisé dans un bar proche de l’Assemblée nationale, un homme, un peu vieilli, qui avait tout suivi avec attention de sa table voisine, a demandé : « Qui est cet homme que vous interviewez ? » C’était Frédéric Mitterrand. Pour une fois, le talentueux conteur qui a fait les grandes heures de la télé (et qui prépare un documentaire sur Grace Kely) était passé inaperçu, occulté par la faconde martiniquaise d’un Patrick Jean-Pierre au mieux de sa forme !

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