Frêche, Ségolène et la colère antillaise
Affaire Frêche
Ségolène Royal veut en rester là et le mécontentement gonfle dans la diaspora antillaise
Après la décision de Georges Frêche de se mettre en congé du PS suite à ses propos sur les « Blacks de l’équipe de France » et la réaction de Ségolène Royal qui estime qu’« on peut en rester là », les Antillais de métropole l’ont mauvaise.
Le 14 novembre 2006, lors du conseil de l’agglomération de Montpellier qu’il préside, Georges Frêche, par ailleurs président socialiste de la Région Languedoc-Roussillon, et déjà connu pour avoir traité des harkis de « sous-hommes », déclarait : « Bientôt, y aura onze Noirs sur onze en équipe de France. C'est une catastrophe pour le sport français…. Moi, ça me peine ! » Le Collectifdom a déposé aussitôt une plainte contre Georges Frêche. Jeanine Maurice-Bellay, conseillère régionale d’Ile de France, Martiniquaise et membre du PS, organise avec des militants socialistes depuis plusieurs semaines, des manifestations devant le siège de son parti pour demander l’exclusion de Georges Frêche.
Samedi prochain, la commission des conflits doit se prononcer sur cette affaire. Entre temps, le 16 janvier, le président de la Région Languedoc-Roussillon a écrit à François Hollande pour lui indiquer qu’il se « mettait en congé du parti socialiste » jusqu’à l’élection présidentielle pour « ne pas gêner la campagne de Ségolène Royal » dont il souhaite « ardemment » la victoire. Mercredi 17 janvier, Ségolène Royal s’est satisfaite de la décision de Georges Frêche sur RTL : « Ce qu’il a fait est bien, on peut en rester là », a-t-elle déclaré, précisant qu’elle n’était en désaccord qu’avec les « mots » de Georges Frêche.
« C’est nous qui prendrons la sanction »
Dès lors, le mécontentement de la diaspora antillaise et africaine « gonfle », selon les mots de Luc Saint-Eloy. « On nous méprise sans tenir compte du fait que nous avons été blessé », assure l’homme de théâtre qui s’insurge contre le fait qu’au début du XXIe siècle, « l’homme noir est toujours mal considéré » et qui se demande ce que veulent dire les mots « l’ordre juste ». « Je suis inquiet pour notre jeunesse à qui des élus donnent à voir un comportement condamnable. » Le dérapage d’Arnaud Montebourg qualifiant François Hollande, le compagnon de Ségolène Royal, comme son seul défaut, lui ont valu d’être suspendu illico de son rôle de porte-parole de la candidate socialiste. « Si elle est capable de le sanctionner, elle doit le faire avec Georges Frêche… » Le CRAN de Patrick Lozès, An nou allé de Louis-Georges Tin sont aussi monté au créneau contre cette attitude. Claude Ribbe, président du Collectifdom, se demande si « l’indication que Georges Frêche pourrait, une fois son congé terminé, devenir ministre de Ségolène Royal, et à la limite – pourquoi pas ? – ministre de l’Outre mer ou ministre des Sports ? » Quant à Janine Maurice-Bellay, très en colère, elle se demande pourquoi Georges Frêche ne s’est pas auto-suspendu dès le 16 novembre… « Ca veut dire quoi ? C’est vraiment nous prendre pour des imbéciles. Si le PS ne le sanctionne pas, alors c’est nous qui prendrons la sanction. »