Deuxième jour du procès Brigitte
Willy Brigitte était-il le « Tchétchène » chargé d’activer les charges ?
Avant le réquisitoire et les plaidoiries qui auront lieu aujourd’hui, le tribunal a évoqué les six mois de Willy Brigitte en Australie.
La deuxième journée du procès de Willy Brigitte s’est poursuivie hier après-midi avec une longue évocation de son séjour en Australie, de mai à octobre 2003. La présidente Ribeyrolles s’est une fois de plus heurtée au silence du prévenu qui a renouvelé sa méfiance de la justice et ses convictions religieuses, antinomiques du terrorisme. Reste que la présidente a longuement expliqué comment Willy Brigitte a fait financer par le chef du Lashkar-e-Toiba, Sajid Mir et ses réseaux britanniques les 2 000 euros nécessaires à ce voyage, et comment il a été accueilli et logé par le responsable du LET en Australie, le dénommé Lohdi. Celui-ci lui avait remis un téléphone portable au nom de John Buck. C’est ce Lohdi qui aurait orienté le prévenu vers la mosquée salafiste de Sydney dans laquelle il s’est marié en septembre 2003, soit un mois à peine après avoir rencontré Melany Jocksbrown, une ancienne militaire juive convertie à l’islam.
Une épouse manipulée ?
La lecture des dépositions de cette dernière a donné un autre ton à l’audience : « Il ne s’intéressait qu’à mon passé militaire… » Comme elle avait détruit des documents photographiques d’installations militaires lui appartenant, il s’était mis en colère. « J’ai eu le sentiment d’être manipulée », a-t-elle déclarée aux enquêteurs de la DST. Pourtant, les déclarations de Willy Brigitte laissent entendre que ce mariage aurait dérangé les plans de Lohdi et de Sajid Mir qui souhaitaient qu’il héberge un Tchétchène, spécialiste en explosifs, qui devaient venir à Sydney avec des supporters géorgiens à l’occasion de la coupe du monde Rugby. C’était le spécialiste en explosif chargé de préparer l’attentat contre une installation militaire, un centre d’enfouissement de déchets nucléaires ou le réseau électrique. Mais pour les enquêteurs et le juge Bruguière, « les connexions croisées entre l’Australie et le Pakistan sont parfaitement établies et le rôle de Willy Brigitte dans ces projets d’attentat était prépondérant ». Ils vont même jusqu’à penser que le Tchétchène n’était autre que Willy Brigitte lui-même. Un sentiment renforcé par sa capacité à dessiner un déclencheur lors de sa garde à vue… « Voilà l’ensemble des éléments qui semblent rattacher Willy Brigitte à la cellule terroriste du LET en Australie », a conclu la présidente qui a invité le procureur et la défense à s’exprimer aujourd’hui, à partir de 13 h 30.
Une mise en scène, selon la défense
« C’était une mise en scène avant la mise à mort qu’on nous promet, a déclaré Harry Jawad Durimel, à la sortie de l’audience. La présidente fait parler M. Bruguière sans apporter sa touche personnelle. » Selon les avocats, le témoignage de l’épouse australienne de Willy Brigitte est partiel, hors contexte et relaté dans des conditions de garde à vue. Quant aux accusations visant à faire de cemariage un mariage d’intérêt, Harry Durimel a retourné l’argument, déclarant : « J’ai bien envie d’y voir une opération de la DST. »