Scandale au chlordécone
Confiant et Boutrin dénoncent la scandale du chlordécone
Raphaël Confiant et Louis Boutrin ont présenté, vendredi, à l’Assemblée nationale, leur livre d’investigation : Chronique d’un empoisonnement annoncé, le scandale du chlordécone aux Antilles françaises 1972-2002. C’est un brûlot qui veut faire la démonstration que la pollution des sols, de l’eau, des poissons et des légumes, par le chlordécone s’est faite avec la participation de l’Etat et de ses services déconcentrés, des importateurs et vendeurs de pesticides, et des « latifundistes békés », les grands planteurs. Confiant et Boutrin estiment que la parade de l’Etat a été de faire mine de découvrir le danger en 1999 alors qu’ils ont retrouvé les rapports Stégaroff de 1977 et Kermarec de 1979 qui préviennent les autorités des dangers pour l’homme de l’utilisation du chlordécone. Ils dressent la liste de tous ministres de l’Agriculture ayant autorisé ce produit aux Antilles malgré son retrait du marché américain dès 1976 : Jacques Chirac qui autorise en 1972 le pesticide, Edith Cresson qui renouvelle cette autorisation en 1981, Henri Nallet, en 1990, Louis Mermaz, en 1992, et Jean-Pierre Soissons, en 1993, qui prorogent les dérogations avant de prononcer l’interdiction. Les deux auteurs attendent beaucoup de l’action en justice menée en Guadeloupe par Harry Durimel et 21 avocats contre l’Etat pour mise en danger de la vie d’autrui, le 5 avril à Basse-Terre. Ils annoncent d’ailleurs une action équivalente en Martinique. Ils ont la certitude qu’il existe une contrebande de chlordécone et n’hésitent pas à cibler leurs accusations. « Il faut établir les responsabilités et ordonner une enquête épidémiologiques indépendante internationale », avance Louis Boutrin. L’ancien conseiller régional réclame encore la décontamination des sols, l’indemnisation des agriculteurs.
Raphaël Confiant et Louis Boutrin assurent que cette affaire est comme le scandale de l’amiante ou du sang contaminé.
Chronique d’un empoisonnement annoncé, le scandale du chlordécone aux Antilles françaises 1972-2002, Raphaël Confiant et Louis Boutrin, Lharmattan, mars 2007.
Ils ont dit
Corinne Lepage (ancienne candidate à la présidentielle, ralliée à Bayrou)
"Avec Cap 21 Antilles, nous avons saisi, il y a environ un an, le Conseil d’Etat sur la question du chlordécone aux Antilles françaises. Je suis venue apporter mon témoignage de soutien aux auteurs."
Alain Lipietz, député européen Vert
"J’ai une très grande honte… Ce qui se passe est monstrueux ! A Bruxelles, je me bats pour défendre notre banane et pourtant, la banane antillaise est produite de façon aussi dégueulasse que les autres."
Claude Ribbe, président Collectifdom
"Des Français ont été empoisonnés. On a cassé l’omerta qui pèse sur nous dès lors qu’il s’agit de faire connaître nos problèmes."
Marie-Dominique Aeschlimann, secrétaire nationale UMP
"Je ressens un malaise et de l’indignation en découvrant le diagnostic de M. Boutrin. Il faut établir les responsabilités, l’outre-mer ne doit pas bénéficier d’un traitement à part !"