Quéré au finish, out of time
INTERVIEW. Philippe Quéré, skipper d'Îles de la Région Guadeloupe, arrivé lundi 23 avril à 5 heures.
« Un goût de trop peu »
Pourquoi avoir fait ce choix de route orthodromique ?
C’était la route directe et les conditions s’y prêtaient. Ces bateaux ne vont pas suffisamment vite pour devoir rallonger la route… Dans le groupe des nordistes, je connaissais Armel Tripon et Eric Defert. Je savais qu’ils avaient autant de potentiel que moi. On a été opportuniste ! Par rapport à Morvan et aux figaristes qui suivaient, on a essayé. Le groupe me plaisait et la météo s’y prêtait.
Quand est-ce qu’il s’est agi de changer le cap ?
n a fait de l’ouest et on ne s’est pas rendu compte que plus on faisait de l’ouest, plus ça serait difficile de faire du sud. J’ai viré le premier au sud parce qu’il y avait une dépression à l’ouest des Açores. Je ne voulais pas trop jouer là-dedans. On était devant et on n’avait pas de solution. Il fallait choquer. Armel Tripon et Eric Defert sont rentrés dedans, Daniel Dupont et Thierry Duprey y sont entrés plus modérément. Je me suis dit que ça ne passerait pas et j’ai pris sud plus tôt qu’eux. A un moment donné, j’ai envoyé le spi pour tenter la route directe, ça refusait… Cette nuit-là, j’ai perdu sur Dupont qui me précédait, mais j’étais sud. Je suis parti au près tandis que les autres ont continué la route directe. Je me suis demandé si je n’avais pas fait une connerie, mais après 24 heures de près, j’ai repris 70 milles sur Armel qui tirait des bords. J’étais gagnant et c’est le matin où j’ai cassé.
La rupture du hauban s’est passée comment ?
Ca s’est passé de nuit, il y avait de l’air et je plantais des pieux dans une mer courte. Le bazar a pété. Je n’avais déjà plus de génois. C’était un génois d’occaz', une couture a lâché… Je suis monté au mât. Il y avait 25 nœuds de vent. Je savais que je pouvais réparer mais je redoutais le mauvais temps à venir. Je n’ai pas voulu courir le risque de démâter. Et puis, je n’avais plus de feux et beaucoup de petits ennuis. J’ai fait demi-tour aux Açores pour réparer. J’ai calculé que ça me prendrait cinq jours, mais je n’ai pas hésité. J’ai déplombé le moteur. Je savais que la régate était terminée pour moi mais j’avais de l’air et j’en ai profité pour remettre le bateau en ordre.
L’escale a été longue ?
Je suis resté dix-huit heures aux Açores et je suis reparti avec l’idée de simplement ramener le bateau. J’avais 700 milles de retard sur Tripon le leader. Je savais que ça serait long, mais je ne voulais pas faire demi-tour. L’anticyclone n’était pas trop étendu et me donnait du portant. J’étais optimiste et j’avais la patate même si je savais que j’arriverai dans les choux !
À la fin, vous n’êtes plus que deux en mer…
Eric Defert m’a appelé. Il déprimait un peu et me demande ce que je fais. Sud ? Sud ! Il a mis dix jours à faire ce que j’ai fait en cinq jours. Il est arrivé vendredi et j’étais 700 milles derrière. Mais d’aller au sud, même doucement, m’a sorti du pétrin sinon, aujourd’hui, je serais dans le nord des grandes Antilles !
Philippe Quéré, Victor Jean-Noël et Jean-Claude Malo
C’est dur d’être la lanterne rouge ?
Ca ne fait rien car j’ai fait ce que j’avais à faire, réparer aux Açores. Je suis reparti et ça a pris le temps que ça a pris. Pendant deux ou trois jours, j’ai eu le moral à zéro, je comptais mon eau. J’étais content de voir les copains à l’arrivée.
Quelle leçon tirer de cette transat ?
Je suis parti dans l’esprit d’une régate à la journée ! J’ai eu mon budget dix jours avant le départ. C’est n’importe quoi pour bien se préparer. Tout était en devis, mais rien n’était commandé. J’ai reçu mes commandes entre le 13 et le 25 mars… La veille du départ, on était encore à travailler sur le bateau. C’est quand même une super expérience. Sur le plan humain, c’est éprouvant et raide pour le moral. mais j’ai un goût de trop peu. Je n’ai régaté que dix jours, j’étais dixième… C’est un peu court !
« Un goût de trop peu »
Pourquoi avoir fait ce choix de route orthodromique ?
C’était la route directe et les conditions s’y prêtaient. Ces bateaux ne vont pas suffisamment vite pour devoir rallonger la route… Dans le groupe des nordistes, je connaissais Armel Tripon et Eric Defert. Je savais qu’ils avaient autant de potentiel que moi. On a été opportuniste ! Par rapport à Morvan et aux figaristes qui suivaient, on a essayé. Le groupe me plaisait et la météo s’y prêtait.
Quand est-ce qu’il s’est agi de changer le cap ?
n a fait de l’ouest et on ne s’est pas rendu compte que plus on faisait de l’ouest, plus ça serait difficile de faire du sud. J’ai viré le premier au sud parce qu’il y avait une dépression à l’ouest des Açores. Je ne voulais pas trop jouer là-dedans. On était devant et on n’avait pas de solution. Il fallait choquer. Armel Tripon et Eric Defert sont rentrés dedans, Daniel Dupont et Thierry Duprey y sont entrés plus modérément. Je me suis dit que ça ne passerait pas et j’ai pris sud plus tôt qu’eux. A un moment donné, j’ai envoyé le spi pour tenter la route directe, ça refusait… Cette nuit-là, j’ai perdu sur Dupont qui me précédait, mais j’étais sud. Je suis parti au près tandis que les autres ont continué la route directe. Je me suis demandé si je n’avais pas fait une connerie, mais après 24 heures de près, j’ai repris 70 milles sur Armel qui tirait des bords. J’étais gagnant et c’est le matin où j’ai cassé.
La rupture du hauban s’est passée comment ?
Ca s’est passé de nuit, il y avait de l’air et je plantais des pieux dans une mer courte. Le bazar a pété. Je n’avais déjà plus de génois. C’était un génois d’occaz', une couture a lâché… Je suis monté au mât. Il y avait 25 nœuds de vent. Je savais que je pouvais réparer mais je redoutais le mauvais temps à venir. Je n’ai pas voulu courir le risque de démâter. Et puis, je n’avais plus de feux et beaucoup de petits ennuis. J’ai fait demi-tour aux Açores pour réparer. J’ai calculé que ça me prendrait cinq jours, mais je n’ai pas hésité. J’ai déplombé le moteur. Je savais que la régate était terminée pour moi mais j’avais de l’air et j’en ai profité pour remettre le bateau en ordre.
L’escale a été longue ?
Je suis resté dix-huit heures aux Açores et je suis reparti avec l’idée de simplement ramener le bateau. J’avais 700 milles de retard sur Tripon le leader. Je savais que ça serait long, mais je ne voulais pas faire demi-tour. L’anticyclone n’était pas trop étendu et me donnait du portant. J’étais optimiste et j’avais la patate même si je savais que j’arriverai dans les choux !
À la fin, vous n’êtes plus que deux en mer…
Eric Defert m’a appelé. Il déprimait un peu et me demande ce que je fais. Sud ? Sud ! Il a mis dix jours à faire ce que j’ai fait en cinq jours. Il est arrivé vendredi et j’étais 700 milles derrière. Mais d’aller au sud, même doucement, m’a sorti du pétrin sinon, aujourd’hui, je serais dans le nord des grandes Antilles !
Philippe Quéré, Victor Jean-Noël et Jean-Claude Malo
C’est dur d’être la lanterne rouge ?
Ca ne fait rien car j’ai fait ce que j’avais à faire, réparer aux Açores. Je suis reparti et ça a pris le temps que ça a pris. Pendant deux ou trois jours, j’ai eu le moral à zéro, je comptais mon eau. J’étais content de voir les copains à l’arrivée.
Quelle leçon tirer de cette transat ?
Je suis parti dans l’esprit d’une régate à la journée ! J’ai eu mon budget dix jours avant le départ. C’est n’importe quoi pour bien se préparer. Tout était en devis, mais rien n’était commandé. J’ai reçu mes commandes entre le 13 et le 25 mars… La veille du départ, on était encore à travailler sur le bateau. C’est quand même une super expérience. Sur le plan humain, c’est éprouvant et raide pour le moral. mais j’ai un goût de trop peu. Je n’ai régaté que dix jours, j’étais dixième… C’est un peu court !