Affaire Elisor
Les suspects dans l’affaire Elisor seront jugés le 16 mai prochain
Si la date du procès aux assises des deux principaux suspects du meurtre de Claudy Elisor sont fixées, la famille de la victime réclame un procès équitable avec la présence de tous les acteurs du drame survenu le soir du réveillon 2010 au Blanc-Mesnil.
Après la marche, samedi à Paris, contre les dysfonctionnements de la justice dans l’affaire Claudy Elisor, après que le ministre des Outre-mer a recu la famille Elisor et une délégation du Conseil représentatif des Français d’Outre-mer (CReFOM), mardi dernier, l’avocat de la famille Elisor, Me Bernard Benaïem, soutenu par le CReFOM, entend encore lancer des actions pour faire « bouger les choses politiquement et médiatiquement ». Christiane Taubira, qui a rappelé qu’une enquête administrative était ouverte, devrait être sollicitée à son tour pour recevoir la famille… Deux éléments sont en jeu : faire la lumière sur les conditions de la remise en liberté de la personne soupçonnée du meurtre de Claudy Elisor ; avoir, le 16 mai prochain, un procès équitable avec l’ensemble des personnes mises en cause.
Comment un simple fait divers, aussi odieux soit-il, a-t-il pu mobiliser un tel élan de solidarité et d’indignation ? C’est d’abord l’émotion suscitée par ce qui s’est passé le 31 décembre 2010 au Blanc-Mesnil (93). Ce soir de réveillon, un père de famille Claudy Elisor décédait à la suite de coups violents portés par un groupe d’Africains qui s’étaient introduits dans une soirée privée antillaise. Une trentaine de participants avaient été menacés et frappés violemment, tandis qu’un chien de combat positionné à la sortie empêchait toute fuite. Tous les témoins ont pointé le retard des forces de l'ordre à intervenir ce fameux soir alors même qu'un dispositif particulier avait été mis en place en Seine-Saint-Denis. Puis les déclarations du ministre de l’Intérieur de l'époque qui avait déclaré que la soirée du nouvel an s'était déroulée sans incident majeur, avaient révolté la communauté antillaise. Et si moins d’une semaine après, la police interpellait cinq suspects, une enquête de l’IGS était ouverte. Ses conclusions n’ont jamais été rendues publiques et ne sauraient couvrir l’ampleur des dysfonctionnements ultérieurs de ce dossier.
Une procédure emaillee d’incidents
Dès le début de la procédure judiciaire, l’un des deux suspects arrêtés bénéficiait du statut de témoin assisté et était remis en liberté par un juge d’instruction de Bobigny. Après l’appel du parquet, le suspect était incarcéré et le juge d'instruction dessaisi. Mais le suspect était déjà parti au Sénégal. Le mandat d'arrêt international n'a pas été suivi d'effet... De retour en France deux ans plus tard, le suspect a résidé huit mois chez sa mère en région parisienne, percevant le RSA et disposant d’un téléphone portable en dépit d’un mandat d’arrêt valide. Il n’a été interpellé que plus de deux ans et demi après les faits quand il s’est présenté de lui-même à un commissariat.
Quant au principal accusé, il a été remis en liberté le 5 février 2014 à la suite d'un invraisemblable imbroglio. Sa demande de libération ayant été rejetée en juin 2013 par le juge des libertés et de la détention de Bobigny, il interjette appel le 4 juillet. Faute de décision dans les 20 jours, dès le 30 juillet, l'avocat de l'accusé dépose une demande pour faire constater la détention sans titre de son client. Le 5 août, la demande est rejetée. Les magistrats considèrent que le dysfonctionnement du 26 juin au 16 juillet du serveur informatique de télécopies du tribunal de Bobigny, attesté par le parquet, était bien « une cause insurmontable et imprévisible » ayant entraîné le dépassement des délais. Cette decision est cassée par la Cour de cassation qui renvoie l'affaire devant la cour d'appel. Celle-ci diligente une enquête pour justifier « la cause insurmontable et imprévisible ». Le procureur de la République de Bobigny, dans un courrier en date du 3 février 2014, explique qu'il s'agit en fait d'une banale rupture de stock de toner…
C’est donc libre que le principal mis en cause attend d’être juge aux assises. Avec cette question qui angoisse la famille Elisor : viendra-t-il à son procès ?
FXG, à Paris