Affaire Elisor - 18 ans de prison et un acquittement
Affaire Elisor : le principal suspect condamné à 18 ans de prison
A l’issue de 5 jours d’audience et de trois heures et demi de délibéré, le jury populaire de la cour d’assises de Bobigny (93) a reconnu hier Amadou Fall coupable du meurtre de Claudy Elisor et l’a condamné à 18 ans de réclusion criminelle. Son co-accusé, Alassane Diop, a été acquitté.
Jusqu’au bout, la stratégie de Mes Julien et Portejoie (photo), avocats d’Amadou Fall, aura été de plaider l’innocence de leur client malgré les nombreuses contradictions de ce dernier, mais en s’appuyant sur les imprécisions des témoins cités par Me Benaiem et Tacita, partie civiles, et l’accusation. Auparavant, l’avocate générale, Mme Brutin, avait requis une peine de vingt ans contre Amadou Fall et de huit ans contre Alassane Diop. Citant son confrère Benaïem, Me Portejoie, dans sa plaidoirie, a insisté sur le fait que la cour d’assises ne disposait que « d’une seule certitude, une seule vérité : Claudy Elisor est mort sans raison, stupidement le 5 janvier 2011, apres avoir été roué de coups le 1er janvier ». Pour autant, tout son travail, comme celui de sa consoeur, aura été de crier l’innocence d’Amadou Fall : « Les innocents ne savent pas se défendre ! » Il a cité l’intervention de Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur, disant qu’il n’y avait eu aucun incident lors de cette nuit de la saint Sylvestre, puis celle du président Sarkozy, recevant la famille Elisor et assurant que l’enquête serait exemplaire… « Cette enquête, c’est du braconnage procédural ! », a-t-il lancé à la cour après en avoir énuméré tous les couacs, jusqu'à la libération d’Amadou Fall pour cause de rupture de tonner dans le fax de la prison… Quant à Me Julien, elle n’a pas hésité à parler des 200 innocents libérés depuis 2009 des couloirs de la mort au Etats-Unis. « 50 d’entre eux avaient fait des aveux ! » Puis elle a continué sur ce registre en citant les grandes erreurs judiciaires françaises : Richard Roman, Patrick Dills, Loïc Sécher, Marc Machin et même Daniel Legrand d’Outreau.
Cela n’aura pas a suffi à convaincre les jurés qui, comme argumentaient l’avocate générale et les parties civiles, ont privilégié la logique des faits à la stratégie de déni de la défense : C’est Amadou Fall qui a voulu entrer dans la salle où se tenait le réveillon de la famille Elisor. C’est lui qui a avisé ses amis de la cité voisine qu’il en avait ete refoulé… Et si un éventuel doute pouvait persister quant au fait de sa présence à la tête du commando vengeur, c’est bien lui qui s’est teint en blond, qui s’est débarrassé de son portable et de sa puce dès lors qu’il a su que la police enquêtait dans son entourage. Si les jurés n’ont pas été dupes des dénis d’Amadou Fall, ils ont en revanche considéré qu’il n’existait pas de preuves suffisantes pour condamner celui que trop peu de témoins ont vu tenant le pitbull en laisse lors de la soirée, ou su reconnaître lors des « tapissages » organisés par les enquêteurs, Alassane Diop.
Après l’annonce du verdict, des policiers ont été appelés en renfort, tant la colère se lisait sur le visage des proches et amis d’Amadou Fall.
Me Julien a déclaré à la presse que son client allait d'abord accuser le coup, mais probablement aussi faire appel de ce verdict.
FXG, à Paris