Agriculture et produits phytosanitaires en milieu tropical
L’agriculture tropicale et les nouvelles normes phytosanitaire
Les principaux responsables de l’agriculture des DOM se sont réunis en séminaires, jeudi dernier à Paris, pour trouver des voies de survie après la fin de l’homologation des produits phytosanitaires.
« On est dans le creux de la vague et on ne voudrait pas s’y noyer. » La formule est du directeur de l’institut technique tropical (IT2), David Dural, à l’issue d’un séminaire organisé jeudi avec le ministère de l’Outre-mer et les principales filières agricoles des cinq départements d’Outre-mer. Les agriculteurs craignent pour leurs cultures en milieu tropical avec la fin des homologations de produits phytosanitaires par l’Europe, et alors que les nouvelles molécules et matières actives ne seront pas au bout de leurs parcours d’homologation avant 2014 ou 2015 pour les plus abouties. Tinos Dambas, président de l’IT2, Dani Salim, président de la chambre d’agriculture de Mayotte, Guillaume Insa et Alain Dambreville de l’ARMEFLHOR 974, Jean-Paul Mauranayapin du Centre technique de la canne à sucre de Guadeloupe et encore Louis-Daniel Bertome, président de la chambre d’agriculture de la Martinique craignent à l’unisson une chute drastique des productions agricoles locales, notamment vivrières, du fait de cette mutation phytosanitaire. Ils n’en sont pas tant à réclamer des dérogations pour prolonger encore la durée d’utilisation de produits ayant perdu leur homologation – « Nous sommes déjà dans le dérogatoire », témoigne M. Mauranyapin -, ils veulent sauver les petites productions, et au-delà des hommes, certaines variétés largement menacées comme celles des ignames endogènes des Antilles, celles des agrumes ou des dachines… Le rendement des ananas a été divisé par deux et les recherches sur les nouvelles variétés résistantes ne sont pas terminées…
S’ouvrir aux recherches australiennes, brésiliennes, sud-africaines
« Si on veut traiter le champignon qui attaque la christophine, explique David Dural, quelle firme va accepter de développer une recherche qui coûte au bas mot 100 millions d’euros pour un tout petit marché ? Quelles que soient les cultures, seuls 20 % des produits usités sont satisfaisants en milieu tropical contre un ratio de 80 % en milieu tempéré. Et sur ces 20 % deux tiers sont peu pourvus (un seul produit ne permet pas l’alternance) ou de faible efficacité. » « A Mayotte, regrette M. Salim, les décisions européennes peuvent engendrer la disparition de toute la production bananière avec la cercosporiose noire ». A la Réunion et aux Antilles, c’est la fin programmée de l’Azulox, herbicide des champs de cannes, qui inquiète. Tino Dambas crie à l’urgence : « Il protéger nos productions en fermant nos marchés aux produits cultivés avec des produits non homologués », mais aussi en ouvrant aux Domiens le fruit des recherches et développements effectués en Australie, au Brésil, en Afrique du sud où les problématique de culture tropicale sont partagées. Ce séminaire signe la marque d’une volonté d’union inter domienne au niveau européen, mais également inter filières pour être audible auprès des pouvoirs publics et des firmes capables de développer des produits adéquats. L’interaction, voilà l’enjeu nouveau que se sont donnés les agriculteurs français en milieu tropical. Ce séminaire voulait en marquer le premier pas.
FXG (agence de presse GHM)