Air Caraïbes et Haïti
Interview Marc Rochet, président d’Air Caraïbes
« Nous étions à Port-au-Prince, nous y resterons »
Quel dispositif avez-vous mis en place pour vos liaisons avec Haïti ?
Pour l’instant, on ne peut pas opérer de vols commerciaux sur Port-au-Prince, la priorité étant pour l’aide humanitaire, l’acheminement des hommes spécialisés dans ces interventions et celui du matériel, mais nous avons prévu un plan d’action en trois phases. La première fonctionne d’ores et déjà. Nous facilitons toutes les connexions via Santo Domingo qui permet, grâce à nos bases de Saint-Martin ou de Pointe-à-Pitre, d’arriver jusqu’à Saint-Domingue et là, nous coordonnons des navettes routières qui vont jusqu’à Port-au-Prince. Le transfert par route prend habituellement quatre heures, en ce moment il prend six heures compte tenu de la situation globale. Nous avons déjà acheminé 250 personnes avec beaucoup de matériel par cette voie là. Nous n’avons pas ouvert de trafic dans l’autre sens puisqu’il n’y a pas de demande en l’état actuel. Sur cet acheminement d’urgence, nous avons mis en place des politiques tarifaires adaptées. Ca fonctionne au départ de Paris jusqu’à Saint-Martin puis Saint-Domingue puis navette routière ou au départ des Antilles bien évidemment.
Quelle est cette politique tarifaire ?
Nous mettons en place une politique tarifaire qui soit en cohérence avec cette énorme problématique. Je vais même plus loin ; j’ai sollicité auprès de l’Aviation civile la possibilité pour ces gens-là de ne pas être redevables des charges et taxes aéroportuaires. L’effort ne doit pas être que celui des compagnies, il doit être partagé. C’est à tout le monde d’essayer de faire le maximum.
Quelle sera la deuxième phase ?
C’est celle qui va sans doute commencer dans quelques jours : prévoir la réouverture des vols pour Port-au-Prince à partir de notre réseau régional. C’est-à-dire qu’on va essayer d’éviter la navette routière qui, en plus, doit se faire impérativement de jour. Ce sera la séquence février en quelque sorte.
Et la troisième séquence ?
Ce sera la réouverture du long courrier, probablement à un horizon d’un mois de plus. Nous sommes la compagnie qui avait décidé d’ouvrir, en 2009, la liaison Port-au-Prince, Saint-Martin et Paris parce que nous croyons à ce pays, à l’énergie colossale de ses habitants. Mêmes frappés par le drame et la douleur, ils le montrent. Et nous, nous sommes conscients de notre responsabilité d’entreprise citoyenne en ce domaine. Nous étions à Port-au-Prince, nous y resterons et nous continueront à nous développer dès que, bien entendu, on pourra soit posé des avions du réseau régional, soit nos longs courriers.
Au sein de la compagnie, des personnels ont fondé avant le séisme une association humanitaire, Solid’Air Caraïbes, en faveur d’Haïti. La soutenez-vous ?
Solid’Air Caraïbes est une association différente d’Air Caraïbes mais elle est animée par quelqu’un de chez nous, Marie-Claire Roux qui s’engage de tout son cœur et de toute son énergie. Solid’Air Caraïbes existait avant les événements d’Haïti. Bien entendu nous l’avons aidée et nous allons continuer à le faire. On lui a autorisé certaines opérations qu’on ne fait pas en temps normal comme mettre des bons de souscription sur nos comptoirs de vente et puis on va surtout essayer de l’accompagner dans le temps.
Propos recueillis par FXG, agence de presse GHM