Analyse du vote en outre-mer
Le scrutin en outre-mer éclaire le bilan de Nicolas Sarkozy
malgré un volontarisme évident, le président n'a pas obtenu en outre-mer les résultats escomptés. Le vote en sa faveur s'en est cruellement ressenti.
L’Outre-mer a été emporté par un tsunami rose. François Hollande obtient la majorité absolue à la Guadeloupe (57 %), à la Réunion (53 %), en Martinique (52 %), la frôle à Wallis et Futuna (48 %) et reste au-dessus de 40 % en Guyane. Seuls les bastions traditionnels de la droite en Outre-mer résistent au choc. En Polynésie, Nicolas Sarkozy est naturellement arrivé en tête (45,21 %) devant Hollande (32,43 %) qui fait moins bien que Royal (41,68 %) en 2007. Mais, l’époque où les Polynésiens suivaient Gaston Flosse pour voter Chirac en masse, comme en 2002 (62,38 %), est révolue. La Nouvelle-Calédonie offre 49,7 % au président et les chics îles de Saint-Barth et Saint-Martin (avec 63 % d’abstention !), 43,6 %.
Ces chiffres constituent sans doute la meilleure illustration des résultats de la politique outre-mer du président Sarkozy depuis 2007 : échec dans les départements et demi-succès dans les collectivités. Malgré leur hyperactivité en outre-mer (12 déplacements revendiqués en cinq ans), Nicolas Sarkozy et son conseiller outre-mer, Olivier Biancarelli, n’ont pas récolté ce qu’ils pensaient avoir semé. Car s’il y a eu trois ministres en cinq ans - Christian Estrosi, Yves Jégo et Marie-Luce Penchard -, Sarkozy et Biancarelli n’ont jamais cessé d’en être les marionnettistes… Loi de développement économique de l’Outre-mer et ses zones franches, réforme électorale en Polynésie, collectivité unique en Guyane et Martinique, Césaire au Panthéon, reconnaissance de la République à l’esclave révolté, nomination d’une Guadeloupéenne au ministère de l’Outre-mer, année des outre-mer… Ca devait être un beau bilan…
"Le vote légitimiste a vécu"
Sauf que les électeurs de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Réunion ont surtout gardé en mémoire les émeutes contre la vie chère en 2009... Localement, les relais politiques locaux de l’Elysée : Nassimah Dindar à la Réunion, Gabrielle Louis-Carabin en Guadeloupe se sont senties lâchées et ont viré de bord. La ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, fille de l’ancienne ministre de Chirac, Lucette Michaux-Chevry, a accumulé les échecs électoraux, aux Européennes (20 %) et aux régionales (14 %). Seul, le département de Mayotte a su récompenser ce président qui a su honorer une promesse jusqu’alors jamais tenue : en faire le 5e DOM.
Si dans le Pacifique, les îles de Wallis et Futuna ont basculé à gauche par rapport à 2007 (Sarkozy avait alors obtenu 43,5 %, Hollande en obtient désormais 48.2 %), le député PS Albert Likuvalu y avait déjà piqué le seul siège de député à l’UMP dès juin 2007. En Polynésie, l’alliance de François Hollande avec l’indépendantiste Oscar Temaru n’a pas payé dans ce scrutin national qui intéresse peu la population locale (50 % d’abstention). Là-bas comme en Nouvelle-Calédonie, les électeurs ont le sentiment que le maintien de leur territoire dans la République passe par la droite. Car c’est bien sur le Caillou que l’Elysée peut avoir le sentiment d’avoir réussi. Lors de son déplacement en août 2011 à Nouméa, Nicolas Sarkozy s'est imposé comme le garant d'une Calédonie dans la France. Et avec le référendum d’autodétermination à venir d’ici deux ans, au plus tôt, sa posture a donné au bulletin de vote à son nom la valeur d’un vote refuge.
Reste la vérité des chiffres : sur les 972 745 électeurs qui se sont déplacé dans l’ensemble des bureaux de vote outre-mer, 45,2 % se sont prononcés pour François Hollande, 26,4 % pour Nicolas Sarkozy. La Fédération des entreprises d’outre-mer, observatrice avisée de la vie politique ultramarine, résume ce premier tour en une formule éloquente : « Le vote légitimiste des ultramarins a vécu… »
FXG (agence de presse GHM)