Analyse du vote en outre-mer
L’outre-mer n'a pas pardonné
62 % en Guyane, 65 % à Saint-Pierre et Miquelon, 68 % en Martinique, 72 % à la Guadeloupe. Sans surprise, le vote Hollande a été écrasant dans les territoires français des Amériques. Nicolas Sarkozy a cru que célébrer tous azimuts Aimé Césaire pouvait suffire… Mais sa politique de développement endogène (le fameux « démerdez-vous » de Victorin Lurel, député PS, président de la Région Guadeloupe et chef du pôle outre-mer de François Hollande) et les coups de rabot successifs passés sur la défiscalisation n’ont pas été compris. Qui plus est, le choix de nommer Marie-Luce Penchard au ministère de l’Outre-mer après Yves Jégo, qui avait su malgré un abord hautain, lors de la crise de 2009, se faire apprécier des Antillais, n’a pas été porteur au point de vue électoral. Dès les élections intermédiaires (européennes 2009 et régionales 2010), l’UMP prenait une claque aux Antilles.
Durant sa campagne, Nicolas Sarkozy s’est vanté de ce que la France n’ait jamais été paralysée par un quelconque mouvement social. Les électeurs des quatre vieilles colonies (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion) lui ont ainsi rappelé que les crises sociales de 2009 et 2012 contre la vie chère n’étaient pas une chimère. La Réunion qui avait pourtant mis une majorité UMP à la Région en 2010, s’offre même le luxe d’améliorer de huit points le score de Ségolène Royal en 2007. Elle devient le deuxième département de France pro-Hollande avec 71,5 %, derrière la Guadeloupe. Même à Mayotte, où les électeurs ont remercié le président sortant pour avoir accompli la départementalisation de leur territoire, François Hollande parvient à atteindre 49 %. Là aussi, les émeutes de novembre dernier contre la vie chère ont parlé… Et si Saint-Barthélemy, comme Neuilly-sur-Seine, a placé Sarkozy à plus de 80 %, sa voisine, Saint-Martin, a mis Hollande en tête (51,5 % contre 53,63 % à Nicolas Sarkozy en 2007).
603 220 voix pour Hollande
Dans le Pacifique, tout en restant fidèle à l’accord de Nouméa, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à sortir du traditionnel rôle d’arbitre de l’Etat pour apporter son soutien à la Calédonie française. Cela a été payant.
En Polynésie française, les autonomistes ont une nouvelle fois joué sur l’alliance électorale entre le PS et le Tavini d’Oscar Temaru pour laisser croire que voter Hollande c’était voter pour l’indépendance. Dans ces deux collectivités, le président sortant améliore ses scores par rapport à 2007 (respectivement + 0,11 % et + 1,3 %).
Dans la région, Wallis et Futuna fait exception. Le rapport s’inverse avec François Hollande à 56 % contre 49,83 à Ségolène Royal en 2007.
Tous territoires confondus, l’outre-mer a conforté la victoire de François Hollande en lui apportant 63,69 % des suffrages (soit 603 220 voix pour un écart entre les deux candidats, au niveau national, de 1 128 225 voix). Le désamour est fort. Il signe l’échec de Marie-Luce Penchard. Dans sa ville de Basse-Terre, chef-lieu de la Guadeloupe que Lucette Michaux-Chevry, sa mère, dirige, Hollande a récolté 64,1 %. Imparable et surtout rédhibitoire pour celle qui entend se présenter contre Victorin Lurel aux législatives de juin.
FXG (agence de presse GHM)