Armand Budan
Les toiles rescapées d’Armand Budan
Sur l’ensemble de son œuvre peinte dans la 2e moitié du XIXe siècle, seules deux toiles du Guadeloupéen Armand Budan ont été retrouvées.
Il a laissé son nom à la section Fond Budan à Baie-Mahault, au moulin Budan à Anse-Bertrand (où il est né), mais de ses œuvres, il ne reste presque plus rien. Armand Budan, Guadeloupéen né en 1827 dans l’habitation sucrière d’une famille blanche créole d’origine angevine, et décédé en 1874 à Saint-Pierre (Martinique), était artiste peintre mais aussi l'un des premiers photographes des Antilles. On lui doit la décoration de l’église Saint-Pierre Saint-Paul et du théâtre à Pointe-à-Pitre qu’il exécute entre 1860 et 1862. Toutes ces peintures ont aujourd’hui disparu et il ne reste plus rien de l’œuvre de ce peintre guadeloupéen. Plus rien ou presque… On est parvenu à localiser une toile fameuse, Le Centaure, à Saint-Denis de la Réunion, mais elle est aujourd’hui manquante à l’inventaire… En 1994, les époux Ibre, marchands d’art parisiens, acquièrent dans une vente aux enchères deux de ses toiles dont le « bouquet de fleurs dans une corbeille ». Chaque toile est adjugée 72 000 francs. Presque vingt ans plus tard, les époux Ibre sont en retraite et cherchent à se défaire de ces oeuvres. Ils sont entrés en contact avec Matthieu Dussauge, conservateur du musée Schoelcher à Pointe-à-Pitre. Celui-ci s’est montré intéressé mais son budget est actuellement entièrement destiné aux travaux d’extension. « Il en veut le prix de l’adjudication, regrette M. Ibre, alors qu’il a été rentoilé conservatoirement et encadré… Le musée le veut mais on m’a suggéré de trouver du mécénat. » L’ancien marchand d’art l’a déjà mis à prix entre 8 et 10 000 € et il comprend mal que personne, en Guadeloupe, ne cherche à mettre la main sur ce patrimoine. « Si Armand Budan avait été un Noir, je pense que nous aurions eu moins de difficulté… », constate son épouse. Ils se sont tournés en vain vers le Conseil général de la Guadeloupe, la fondation Clément en Martinique, mais aussi vers les descendants d’Armand Budan comme les Longueteau. « Ils ignorent tous qu’il était peintre… » Et pourtant, Armand Budan a connu ses grandes heures. Entre 1863 et 1867, il est en France et expose chaque année au Salon des portraits, des peintures historiques, des paysages… En 1867, il sollicite la direction d’un musée de province, en vain. De retour aux Antilles, il meurt à Saint-Pierre où participe à la décoration de la cathédrale. « Il est impossible de se faire une idée de son œuvre peinte antillaise », indique Danielle Bégot, critique d’art, qui doit se contenter d’un ouvrage avec lithographies, La Guadeloupe pittoresque », publié en 1863, pour se faire une idée de son art. Ses deux natures mortes réapparues en 1994 témoignent selon la même critique « d’un métier très classique, aux antipodes des recherches impressionnistes, ignorées de sa facture. Mais son sens de la composition et la riche palette qui joue de l’alternance de couleurs vives et du rabattu des feuillages témoignent d’une incontestable élégance et d’un réel talent de coloriste ». Voilà pour la forme. Sur le fond, Mme Ibre, est plus pragmatique : « Qui se rappelle d’Amand Budan et qui peut aider le musée Schoelcher à l’acheter ? »
Les amateurs d’art créole du XIXe siècle peuvent toujours faire une offre en écrivant à intertableau@orange.fr
FXG (agence de presse GHM)