Babette de Rozieres
Babette de Rozière
« La culture de chacun se lit dans son assiette »
C’est dans la cuisine du plateau de l’émission C à vous (France 5) que Babette de Rozière nous reçoit. Elle prépare, pour l’invitée du jour, un confit de bœuf aux épices et légumes bio et une mousse à la noix de coco dans un rhum vieux…
Ca fait combien de temps maintenant que vous cuisinez pour Alessandra Sublet et ses invités ?
Ca fait trois ans. Je suis là depuis le début de l’émission et je me porte bien ! L’émission évolue de plus en plus et maintenant on est vraiment en concurrence avec France 4 puisqu’on les dépasse au niveau de l’audimat et c’est très bien !
Comment vous sentez-vous au milieu de cette équipe ?
Ils m’aiment bien parce que je suis quelqu’un qui aime le travail et parce qu’ils savent qu’ils peuvent se reposer, tout va rouler ! C’est très important pour un producteur ou une animatrice de savoir que jamais sa chroniqueuse ne sera en panne ! Moi quand j’arrive, même s’il n’y a pas de commis pour m’aider, je mets la main à la patte, je passe le balai, je fais la vaisselle, je fais mon repas. Je suis toujours à l’heure ! Donc je suis appréciée mais il n’empêche, j’ai mon caractère bien trempé et quand j’ai envie de dire quelque chose, je le dis !
Vous êtes aussi sur France Ô avec Emmanuel Maubert…
Oui, j’ai pris un complice parce que je n’aime pas l’idée de faire une émission toute seule. Il faut qu’il y ait de la vie ! Emmanuel est un médiateur entre moi et le spectateur parce qu’il ne connaît pas la cuisine. On fait un bon tandem dans les Petits plats de Babette (tous les jours à 11 h 30 et le dimanche à 11 h 45 sur France Ô).
Que ressentez-vous à l’idée d’avoir été hissée sur la troisième marche du podium des meilleurs chefs médiatiques de France ?
J’ai été très surprise parce qu’on ne m’a jamais fait cadeau de rien ! Alors quand je vois qu’il y a en première position Cyril Lignac de Top chef, en deux Anton et Camdeborde de Master chef, et moi derrière alors que eux ils ont leur propre émission et que je n’ai qu’une petite fenêtre sur C à vous, je me dis : « Babette, tu as bien travaillé ! » Mon rêve est d’avoir ma propre émission sur France 2 ou France 3.
Quand vous avez débuté votre carrière à la télévision, il y a quarante ans, vous imaginiez avoir un tel parcours ?
Quand j’ai commencé à l’ORTF, j’étais toute petite, j’étais dans ma coquille… J’ai vu comment était le monde de la télé et j’ai pensé que je ne pourrai pas m’adapter et j’y suis quand même restée dix ans… Assistante de production, j’ai travaillé sur des émissions de variété de Maritie et Gilbert Carpentier ou de magazine comme Secret des chefs d’œuvre… Et le soir, j’allais travailler dans les cuisines du grand hôtel de l’Opéra. J’ai fini par quitter l’ORTF pour me lancer dans la restauration, parce qu’il fallait choisir et j’ai choisi la cuisine ! Je suis revenue à la télévision en 1989 et, depuis, je n’ai plus quitté l’antenne.
Quelle est la marque de fabrique de Babette de Rozières ?
La cuisine créole ! Toute ma vie, je n’ai fait que de la cuisine créole ! je pense même avoir été à l’origine du fait que les gens utilisent aujourd’hui des épices et des produits exotiques. Quand j’ai commencé à parler de la cuisine à la télévision, on me disait surtout de ne pas parler de la Guadeloupe, ni de la Martinique, ni des épices. En 1992, on ne voulait pas que j’en parle ! Comment ? La Guadeloupe et la Martinique sont des régions de France et je n’en parlerai pas ? C’est ma culture ! Tout doucement, de temps en temps, j’ai commencé à parler de produits, de piments, d’épices et maintenant, c’est l’explosion ! Ils découvrent le gingembre maintenant ? Alors que la France a été le premier pays à utiliser le gingembre, depuis l’antiquité ! Et les bananes, les mangues, les christophines ? Tous les grands chefs les utilisent désormais… J’ai été la première chef à la télé qui a osé les épices et les fruits exotiques !
Où puisez-vous votre inspiration ?
Tu l’as dans tes tripes ! Après tu acquières la technique. J’aime bien rencontrer des produits que je ne connais pas, je pose des questions et j’essaie de m’imaginer quelle recette est possible. Avec qui puis-je l’accommoder et que puis-je en faire ? Tout vient de ma curiosité. Je goûte tout le temps et il est rare que je me trompe.
Et vous sortez un nouveau livre, Hop, en cuisine avec Babette, chez Orphie…
Je revisite des classiques de la cuisine française : une blanquette de veau au lait de coco ; un vol au vent aux fruits de mer safranés. Je marie des produits et je vois qu’ils s’entendent bien !
On nous annonce aussi un ouvrage avec les recettes d’Alexandre Dumas ?
C’est prévu pour mars 2013 aux éditions Le chêne. J’ai pris cent recettes d’Alexandre Dumas tirées de son dictionnaire de cuisine qu’il a déposé chez son éditeur peu avant sa mort. Il cuisinait comme il écrit ! Ca va s’appeler Les recettes d’Alexandre Dumas par Babette de Rozières. Mais le mieux, c’est qu’on m’a promis que je cuisinerai pour Barak Obama ! J’ai reçu Rose, une personne proche de sa famille, dans mon restaurant au mois d’octobre. C’est elle qui m’en a parlé. Je lui ferai de la cuisine guadeloupéenne parce que la culture de chacun se lit dans son assiette.
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)
Photos Alfred Jocksan