Barny tournera Rose et le soldat en Martinique en novembre
Jean-Claude Barny filme la Martinique an tan Robert
En novembre, Lizland film, va tourner en Martinique Rose et le soldat, un téléfilm historique pour France Télévisions, réalisé par Jean-Claude Barny.
Après Tropiques amers, la fameuse série sur l’histoire de l’esclavage aux Antilles françaises, le réalisateur guadeloupéen Jean-Claude Barny et la productrice Elizabeth Arnac (Lizland production) s’apprêtent à tourner du 13 novembre au 13 décembre prochains, en Martinique, un téléfilm de 90 minutes pour France 2 et France Ô, Rose et le soldat. « Tropiques amers a eu un succès retentissant, mais France télévisions ne nous a pas commandé la suite, regrette Elizabeth Arnac. Notre rêve avec Jean-Claude, c’était d’en faire l’équivalent français de la série américaine Racines… » A défaut, ils ont jeté leur dévolu sur la période qui aurait dû clôturer Tropiques amers. Pas question pour autant de plagier Lauren Bacall et Humphrey Bogart dans Le port de l’angoisse ! Avec Rose et le soldat, on devrait voir à l’écran Fred Testot, Jean-Michel Martial, Pascal Légitimus, Lucien Jean-Baptiste et Jocelyne Béroard.
Ecrit avec Gilbert Pago, qui fût enseignant d’histoire à l’université des Antilles et de la Guyane, et Eric Jennings, professeur d’histoire coloniale et contemporaine à l’Université de Toronto, le scénario démarre sur un fait réel : le débarquement d’un soldat allemand blessé et venu d’un U-boot à Fort-de-France en février 1942,… Les tournages auront lieu essentiellement à Fort-de-France (la préfecture entre autres) et à Sainte-Luce où sera reconstitué un village de pêcheurs nommé Case-Navire, ancien nom de la ville de Schoelcher.
Rose et le soldat signera le retour dans la fiction de Jean-Claude Barny avant son vrai retour au cinéma (Neg maron est sorti en 2005) avec Le Gang des Antillais, actuellement en développement chez Les Films d’Ici et Syncroteam Films.
FXG, à Paris
L’histoire
La Martinique en 1942. Rose, jeune institutrice, est révoquée par le régime vichyste de l’amiral Robert. Révoltée, affamée par le blocus britannique, elle cherche à partir avec les dissidents, ces jeunes rebelles qui tentent au péril de leur vie, de fuir en bateau vers les îles anglaises. Mais un sous-marin allemand débarque un officier gravement blessé, le lieutenant Von Dem Borne, protégé par les autorités françaises… Rose rencontre à ce moment-là un capitaine de la marine, proche de l’amiral, qui tombe amoureux d’elle et sauve son frère… Leur passion pourra-t-elle surmonter les obstacles que la guerre et les ségrégations raciales mettent sur leur chemin ? Une étrange confrontation entre l’officier Allemand, le capitaine de la marine française et la jeune femme révoltée débute alors…
Interview Elizabeth Arnac, productrice
« France télévisions ne donne pas plus d’argent parce que l’on tourne aux Antilles »
Cela a été facile de convaincre France Télévisions ?
France Télé est vraiment dans sa mission de service public car nous proposons un travail de mémoire sur ce passé antillais très méconnu. Il faut saluer son effort… C’est une problématique antillaise qui devient fédératrice avec l’engagement des dissidents pour rejoindre les Forces françaises libres. France Zobda a d’autres histoires en développement qui se passent à la Martinique et qui ont séduit France 3, mais ce n’est pas très facile…
Quelle est la principale difficulté quand on tourne aux Antilles ?
Le vrai problème, c’est que ça coûte plus cher de tourner à la Martinique ou à la Guadeloupe. La Réunion est un peu moins chère parce qu’ils ont réussi à mettre sur pied un outil industriel et qu’on y trouve pas mal de chefs de poste, ce qui évite de devoir faire venir des professionnels. Aux Antilles, faute de tissu industriel, un film comme le nôtre coûte environ 3 millions d’euros, soit 250 000 de plus que si on tournait la même histoire dans le Limousin. il y a rien qu’en défraient régie 115 000 euros de transport et d’hébergement… Au final, France 2 et France 3 ne donnent pas plus d’argent parce que l’on tourne aux Antilles.
Pour autant, allez-vous embaucher sur place ?
la moitié de l’équipe technique est locale. Ce n’est pas assez, mais nous ne trouvons pas de chef de poste en Martinique et c’est dommage ! A Lyon, à Marseille, je trouve des chefs-déco, des régisseurs généraux, des chefs op… En Martinique, j’ai une directrice de casting, Nadia Charlery, car nous castons autant à Paris que sur place. Notre effort est de trouver le plus de talents possibles en Martinique et Guadeloupe.
Et vous insistez dans la difficulté puisque vous avez demandé à Jean-Claude Barny de réfléchir à un film antillais avec une problématique plus contemporaine comme il l’avait fait avec Neg maron…
J’aimerai beaucoup qu’on développe un sujet qui parlerait des Antilles à l’heure actuelle, de ce lien très complexe, parfois douloureux, entre les Antilles et la métropole. Il y a une population très jeune, que je trouve assez bouleversante à chaque fois que j’y vais. Il y a une énorme énergie et je crains que cette énergie ne soit pas utilisée véritablement à son mieux. Mais avant cela, Jean-Claude va tourner Le gang des Antillais qui revient sur une bande de braqueurs très politisés à l’époque du Bumidom…
Propos recueillis par FXG, à Paris