Black Kalagan aux Trois Baudets
Première grande scène parisienne pour le slameur Black Kalagan. Jeudi 22 mai, Black Kalagan, le slameur martiniquais était à l’affiche du Théâtre des Trois Baudets à Paris. De son vrai prénom, Victor, l’artiste de 36 ans vit à Didier?Fort-de-France. Interview.
« Exporter et enrichir mon art »
Où avez-vous trouvé votre nom de scène, Black Kalagan ?
J’ai retrouvé, à Paris, dans un studio, à l’occasion de l’enregistrement d’une compilation de reggae, un vieil ami. En entendant mes textes, il trouvait que j’étais tranchant, que je dégainais ! Il m’a appelé Callaghan, mais c’était un lapsus, il voulait m’appeler Callahan comme l’inspecteur Harry ! Du coup, on a trouvé ça tellement marrant que j’ai gardé Kalagan et j’ai mis le « black » devant par rapport à mon identité et histoire de personnaliser les choses.
Comment êtes-vous venu au slam ?
Ça s’est passé en Martinique. J’ai vécu un petit peu en région parisienne, mais là, je m’intéressais au rock, au jazz, au pop, au blues, vraiment de tout… Et c’est quand je suis revenu en Martinique que j’ai vraiment découvert le slam. Il n’a pas cette limitation de barrières musicales qui nous oblige à rentrer dans tel ou tel genre. C’est pour ça que j’ai bien aimé le slam. Du coup, on est vraiment libre à travers son écriture.
Vous vous souvenez de votre premier texte ?
Mon premier texte en slam remonte à six ans déjà. J’étais dans un restaurant et il y avait des gars qui parlaient sans micro, avec de beaux textes. Fabrice Théodose, de Martinique 1ere, celui qui a ramené le slam en Martinique, m’a dit : « Essaye aussi… » Du coup, j’ai enlevé toute la musicalité que j’avais à la base. J’ai dit un texte, ça a plu ; j’en ai fait un deuxième et Fabrice a pris mes coordonnées. A chaque fois qu’il y avait une scène slam, il m’appelait et je suis entré dans l’aventure. C’était il y a six ans, mais ça fait quatre ans que je vis de mon art.
Avec l’onction qu’a dû représenter pour vous votre première partie de Grand corps malade ?
C’était une scène importante. J’étais alors avec le collectif Sous le ground. J’avais déjà l’album de Grand corps malade, mais c’est toujours intéressant de voir un artiste en live. Et là, j’ai vraiment vu comment ça jouait avec les lumières, la musique… Comment ça montait. Ça m’a conforté pour perfectionner mon art…Depuis, j’anime des ateliers slam dans les établissements scolaires, des associations pour des jeunes en difficulté ou en échec scolaire, à la prison de Ducos également… On est vraiment dans un échange constant avec son auditoire…
Vous slamez en français et en créole. Est-ce que le créole est une langue qui se prête bien à la scansion ?
Je suis à l’aise dans les deux langues, mais avec le flow qui existe dans le creole, il y a des choses plus agréables à entendre ou alors plus percutante en créole qu’en français. Mais dans une même phrase, on peut tres bien retrouver deux mots créoles avant que je n’enchaîne en français. Je n’ai pas de langue de prédilection, pour moi les deux sont liées.
Votre écriture semble inspirée par la vie...
Avec un grand V ! Ça parle aussi bien des gamins et de l’éducation, de l’individu et son positionnement, du conjoint puisqu’on sera tôt ou tard dans une famille, des parents, des voisins… C’est de la vie de tous les jours : la société, les injustices, les faits-divers…
Est-ce que ca a été compliqué pour le slameur martiniquais que vous êtes de décrocher une affiche parisienne ?
Décrocher une scène parisienne, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé ! Je sais que les programmateurs des Trois baudets ont trouvé mon travail original parce qu’on retrouve dans mon slam du jazz, du blues, du rock, de la musique antillaise. Le mélange leur a plu et c’est ma première vraie scène parisienne. J’en ai bien fait une, il n’y a pas si longtemps, dans la salle de l’Entrepôt, mais les Trois Baudets, c’est ma première vraie salle parisienne !
Qu’est-ce que ca siginifie pour vous ?
J’ai besoin de faire decouvrir mon art et de le conforter à l’extérieur de la Martinique où je suis bien assis, bien implanté. J’ai besoin de l’exporter pour voir ce qui se fait ailleurs, pour enrichir mon art, tout simplement.
Propos recueillis par FXG, à Paris