Bureau des RUP a Bruxelles
Les quatre DOM ouvrent un bureau de lobbying à Bruxelles
Le bureau de représentation des Régions ultrapériphérique a été inauguré vendredi à Bruxelles, au cœur du quartier des institutions européennes.
Les quatre régions d’Outre-mer, Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane rejoignent ainsi les 230 régions (sur les 270 que compte l’Europe) ayant une représentation institutionnelle à Bruxelles. En présence de l’ambassadeur de France près des institutions européennes et du commissaire de l'Union européenne pour la Politique régionale, Johanes Hahn, le président de la Région Réunion, Didier Robert, la présidente de la Région Guadeloupe, Josette Borel-Lincertin, le président de la Région Martinique, Serge Létchimy et le 1er vice-président de la Région Guyane, Jocelyn Ho Ti Noé ont dévoilé une plaque commémorative de l’ouverture du bureau. Le président du conseil général de Mayotte et le président de la Collectivité de Saint-Martin étaient là aussi. Ils devraient très prochainement rejoindre cette représentation. « Il faut se rappeler, justifie Alain Richgardson, président de Saint-Martin, que nous sommes sur une île où la collectivité française est en RUP et la partie hollandaise et en PTOM alors que nous avons une frontière ouverte. Nous avons aussi du retard d’infrastructures par rapport aux autres RUP et leur manière d’utiliser les fonds européens. Nous devons faire entendre cette réalité mais aussi, mener en commun la bataille pour les dotations financières européennes. »
Ce bureau doit servir, selon Serge Létchimy, la gouvernance politique à l’échelle de l’Europe. « Il ne s’agit pas seulement d’essayer d’obtenir des fonds à droite, à gauche, c’est une véritable ingénierie financière qu’il faut monter de telle sorte qu’on tire le meilleur profit du marché européen et des dynamiques financières de l’Europe. »
Tandis qu’Eurodom, lobby privé ultramarin à Bruxelles est là depuis longtemps, les Régions ont pris leur temps. « Pourquoi avoir attendu, s’interroge Josette Borel. L’association des RUP a vu le jour il y a une bonne vingtaine d’années puis les précédents présidents ont formulé le vœu de cette représentation et, pas à pas, nous y voilà. » « Il était temps d’ouvrir cette représentation », a déclaré le commissaire Hahn qui a jugé le moment bien choisi. Le prochain conseil européen doit se tenir le 7 février. A l’ordre du jour, dégager un accord sur le budget de l'UE pour la période 2014-2020, appelé cadre financier pluriannuel. « Nous allons pouvoir mieux faire entendre notre voix au moment des derniers arbitrages », s’est réjoui Didier Robert qui préside la conférence des présidents des RUP jusqu’en octobre. Le bureau sera animé par quatre chargés d’affaires. Trois sont déjà nommés, le chargé de mission guyanais est en cours d’embauche. « Celui ou celle qui aura le poste devra faire un travail de veille stratégique et économique, assurer des liaisons et surtout, faire respecter l’esprit du traité et particulièrement de l’article 349 qui concerne les RUP », Prévient Jocelyn Ho Ti noé.
Laurent Dindar (photo) est le nouveau chargé d’affaires de la Réunion. Il vient du conseil régional. Il a eu une formation universitaire de juriste et de sciences politiques, est spécialiste en droit public et droit communautaire européen. « On a des dossiers qui sont fondamentaux pour l’économie de notre île, explique-t-il, et cette année 2013 est dédiée à l’Europe. Nous avons des négociations extrêmement importantes qui sont en cours et beaucoup de challenges. »
Christèle Allaud, chargée d’affaires pour la Martinique est originaire du Diamant. A 40 ans, elle est juriste en affaires européennes, a étudiée le droit à Toulouse, puis en Allemagne. Pendant deux ans, elle a déjà travaillé à Bruxelles.
Cyrielle Cuirassier (photo) représente la Guadeloupe. Dipômée d’un master 2 de ressources humaines, gestion des projets et des compétences, elle a déjà vécu à Bruxelles et connaît bien son milieu européen. « Networking ! lance-t-elle, c’est le mot à Bruxelles ! »
FXG, à Bruxelles
Gérard Bally, patron d’Eurodom
« Nécessité d’une plateforme commune »
Vous représentez le lobby privé des DOM à Bruxelles depuis 25 ans, comment voyez-vous l’installation de ce bureau de représentation des RUP ?
Je l’ai toujours appelé de mes vœux. J’en ai parlé avec tous les présidents successifs de nos institutions régionales et ça a été toujours été pour moi une nécessité qu’elles aient une plateforme commune.
Ont-elles vraiment un rôle à jouer ?
Oui ! Et d’ailleurs, on a un rôle à jouer, commun, en complémentarité parce que l’interlocuteur institutionnel est un interlocuteur reconnu. Nous, nous sommes des lobbys, nous sommes des interlocuteurs qui nous imposons. Nous passons entre les colonnes du temple pour pouvoir lancer des messages.
Croyez-vous à l’efficacité du lobby institutionnel ?
Mais l’institutionnel et le privé sont une complémentarité nécessaire pour être plus efficaces. Donc, je suis ravi.
Propos recueillis par FXG