Carburants
Lurel refuse de « mettre un genou à terre »
« Les représentants des gérants demandent à reprendre d'une main ce qu'ils auront dû concéder, dans un jeu qu’ils sont seuls à maîtriser avec les pétroliers. » Victorin Lurel s’est montré inflexible à la sortie du conseil des ministres, hier, lorsqu’il a été interrogé sur l’annonce de grève illimitée des gérants de stations-service des départements d’outre-mer à partir de ce matin. Pas question pour le ministre de laisser « vider le décret de sa substance », ni d’accepter une manœuvre « dilatoire ». Il s’est encore déclaré « étonné, choqué » : « On fait mine de croire que la filière est en danger, nous en doutons. Ce n’est pas vrai. Les pompistes n’ont jamais été menacés ; leur reprise [par les pétroliers]… C’est un jeu ! » Alors Victorin Lurel a choisi de tenir, de ne pas « mettre un genou à terre », autrement dit, ne pas accepter l’ultimatum des gérants qui exigeaient le report de la signature des arrêtés de méthodes prévus au 1er février. Le ministre a rappelé que sur les 99 millions de profits des pétroliers sur les deux zones concernées, le décret vise à les diminuer de 13 millions tout en justifiant les frais.
Les parlementaires d’outre-mer y sont allés de leur soutien. Ainsi, 24 députés et sénateurs d'outre-mer (Bruno Nestor Azerot n’a pas signé mais s’est dit solidaire) appellent « le gouvernement à ne pas céder face au chantage de la filière carburant en outre-mer ». Le fait qu’ils parlent de « filière » montre à quel point ils pensent que les gérants sont encore le jouet des pétroliers.
On peut d’ailleurs remarquer que les gérants ont éprouvé le besoin d’être accompagnés, mardi à Bercy, par trois représentants des pétroliers : MM. Soulas (SMSPP) et Cousineau (GPP) et Francis Jan, directeur général délégué de Total Marketing Services.
« Nous avons étudié les propositions écrites des gérants », a encore affirmé le ministre, mais en posant leur ultimatum, ils ont, selon lui, montré leur véritable objectif : s’opposer au décret Lurel sur les carburants. Une idée bien arrêtée alors même que Christophe de Margerie a déjà laissé entendre, lors de son audition par les députés, qu’il était prêt à lâcher un peu de lest sur ses bénéfices aux Antilles et a la Réunion.
Si les expertises interministérielles qui ont fait suite aux réunions de concertation sont terminées, rien ne s'oppose plus à ce que le gouvernement prenne la décision de signer les arretés de méthodes.
FXG, à Paris