Carnaval tropical de Paris
Vaval à Paname
Place Léon Blum, Paris, samedi 14 heures. George Pau-Langevin, députée PS de Paris, Patrick Bloche, député maire PS du 11e, et Jean-Claude Cadenet, délégué général à l’Outre-mer à la mairie de Paris, accueillent les invités et membres du jury du 9e Carnaval tropical de Paris. Sylviane Cédia présidee un jury où l’on retrouve entre autres Rony Théophile, le styliste Michel Denis, Firmine Richard, Krys ou le coiffeur ambassadeur de Loréal, Eric Alexis-Rosso… C’est une première pour le chanteur Krys. « C’est une manifestation caribéenne, je me sens concerné. C’est un honneur pour moi d’être juré. Ils ont bien choisi, je suis amateur. » Le défilé du carnaval tropical de Paris quitte la place de la Nation. Dans la tribune d’honneur, Suzanne Cabit, miss Reine-mère du sud de la Martinique et du Marin, accompagnée de sa fille Edwige Anton sont devant la délégation des « résidents français originaires d’Indochine » conduite par son président d’origine cambodgienne, Chan Chei. Ils défileront aux couleurs des 56 peuples minoritaires que compte la Chine. « Il y aura aussi un dragon ! », rassure-t-il. Vers 15 heures, le char de la reine du Carnaval ouvre le défilé. 42 groupes vont se succéder devant le jury jusqu’à 18 heures. Choukaj mas Paris défile au pas bien cadencé, sous les couleurs du drapeau rouge et vert de la Gwadloup, puis viennent les premiers invités.
Point d’interrogation
Les Point d’interrogation. Ils sont 60 de Lapwent, sous la houlette de Sébastien Soupraïen, maître de musique. « C’est la première fois qu’on vient, raconte le président de l’association, Jacques Songeons. On ne peut pas rester tout le temps dans le même carcan à Pointe-à-Pitre. » Leur costume représente l’habit de deuil des Dogons. Ils sont arrivés l’avant-veille, logent dans un Etap hôtel du nord de Paris et ils ont pu faire une répétition au lewoz de Choukaj. « On veut faire connaître notre culture à travers le monde ! » Ce sont encore des Guadeloupéens qui déboulent : Mas ka klé. Ils étaient la veille au Bataclan. Ils sont une soixantaine arborant des couleurs vives ou des habits blancs. C’est la deuxième fois que le groupe des Zabym vient. La dernière fois remonte à sept ans. « Entre les deux, nous n’avons pas été invités », justifie le président de l’association et maître de musique, Jean-Michel Samba. Arrivent les premiers Guyanais. Le MEJOM, association d’Ile de France, conduite par Xavier Laurent, aux couleur de la Guyane et d’Air Caraibes ; passe Difé Kako, la compagnie de danse de Chantal Loïal, habituée à récolter le prix de la meilleure chorégraphie. Bel effet ensuite de Sinnamary, les touloulous d’Ile de France. Accompagnées d’un char, les danseuses exécutent une chorégraphie fessière au son d’une chanson intitulée Ventilateur. Deux prix : meilleur char invité et meilleure ambiance char !…
Cou bouillon et Nou pa sav
Les Anglais ont débarqué ! Hétéroclite, ce Yaa Youth carnival group. Des vaches, des libellules et des papillons… « Ils ne sont pas dans la liste », s’inquiète une dame de l’organisation… C’est Lucy in the sky version Nothing Hill ! Premiers Martiniquais invités, Cou bouillon (« Oué misé pa mô »), du Prêcheur, une petite trentaine malgré des renforts venus d’Ile de France. « On est là pour participer et montrer la Martinique à Paris », lâche Michel Marcey entre deux coups de souffle dans sa conque à lambi… Alizés 78 des Yvelines, Bwa bandé et K Raïb de Gagny, puis c’est Aroma de Samba. Costumes et hauts-de-forme blancs, cravates et boléros dorés, danseuses en satin rouge, bleu… Dentelles blanches. Et surgissent deux reines, rouge et blanche, paillettes et bas résilles. Le Brésil éternel… De nouveaux Martiniquais déboulent. Nou pas sav, du Lamentin. Ils sont une cinquantaine. « Une première participation pour montrer notre savoir faire », Martine Mansion, la trésorière de l’association est fière de l’effet de son groupe sur la place. Elle tient la bannière. « On s’est débrouillé pour venir à temps ! Notre force, c’est notre musique ; elle a sa couleur, elle n’est pas comme les autres… »
Cirque, opéra et capoeira
Ti mass Paname enchaîne. Des Martiniquais d’Ile de France, vert et marron, chorégraphie jeune et fraîche et mas makak. Beaucoup d’humour... Puis, viennent les guest de ce carnaval, Kassialata, invités de Guyane. Arrivés plein d’ambition, ils repartiront bredouilles… Explosion V arrive, du Moule en Guadeloupe. Tout en plumes, magenta, oranges, jaunes, bleues ou de faisan. Ses 70 membres ignorent encore qu’Explosion V va faire un carton en remportant quatre prix ! Après Woulib d’Ile de France, ombrelles de dentelles et madras, les Martiniquais de Baryl band. « La machine à swing ». Ils sont une trentaine du Lorrain. Vert, rouge et cocotier. « Aucun renfort extérieur », assure fièrement Charles Manyri. Tous les ans, ils viennent faire une tournée d’été dans l’Hexagone. Ils seront à Menton, fin juillet, pour le festival créole. « On est des amateurs, mais on a un agent ! » Tropic groove, de Strasbourg, précède West Inval et Bwa dressé, un métissage de cirque et de Vaval… Nouvel invité : Lasauss, de Schoelcher. Caisses claires et conques, costume bleu, bakwa ou casque colonial, et… capoeira. Succès assuré. C’est leur 4e présence à Paris. Roulo dor, des Guyanais de Sarcelles, affichent des costumes guyano-vénitiens de belle facture, en rouge et or, les musiciens en blanc, mais cravate rouge ! Le roi chausse sa Cendrillon et le bal nuptial peut commencer. Ils achèvent leur show en pyramide humaine. Ici, la chorégraphie tient de l’opéra !
Aladin et la Schtroumpfe merveilleuse
Arrive Siguine, des Martiniquais de Gentilly. Femmes voilées tendance Shéhérazade, couleurs guimauve, fés doré sur la tête pour les hommes et Aladin, transformé en Schtroumpf à la lampe merveilleuse. Mas Mélé, des Guadeloupéens d’Ile de France débarquent telle une horde sauvage. Déguisements de flics, de nonnes et de curé, de militaires, de squelettes, de fantômes, de diables et de griots. Un semeur de farine sévit… C’est l’irrévérence dans le meilleur esprit du Carnaval. Insurrection sur un air de gwo ka ! Après BKB, « Pawol la sé ta zot, mizik la sé ta nou », Karib’K de Grigny (91) arrivent et repartent, poing levé avant le passage des Caméléon Youth wave de Saint-Martin qui décrochent le prix du meilleur char. Viennent les Haïtiens de Rasine Ginen. Une présence sobre aux couleurs du pays meurtri sous les airs des tambours et des trompettes. La Colombie, feu et rouge, or et noir… assure la fin de la fiesta. Un petit groupe d’ados, Sept danseuses et un danseur profitent de l’attention encore présente du jury pour faire un petit show hip hop. Ils sont les Afrocaribéens Djo’school. Mais déjà la tête du défilé arrive à la Villette, terminus du carnaval de Paris 2010.
FXG (agence de presse GHM)
Photos : Regis Durand de Girard
Le palmarès du carnaval tropical de Paris 2010
Meilleur costume Ile de France : West Inval
Meilleur costume groupe invité : Explosion V (Guadeloupe)
Meilleur char Ile de France : Sinnamary-Gaïana
Meilleur char invité : Cameleon Youth Wave (Saint-Martin)
Meilleur groupe invité : Explosion V
Meilleur groupe à peau : Point d’interrogation (Guadeloupe)
Meilleur groupe à caisses claires : Siguine
Meilleure ambiance char : Sinnamary-Gaïana
Meilleure ambiance groupe : Explosion V
Prix spécial de la Fédération du Carnaval de Paris : Explosion V
Le grand roi cornu rentre sans couronne à Cayenne
Le grand roi cornu et la reine du carnaval de Cayenne 2010, dans son costume de libellule, ouvert la parade de Kassialata avec sa soixantaine de musiciens et danseurs. « Nous étions là, il y a trois ans, mais c’est la première fois que nous emmenons le roi et la reine », témoigne Raphaël Césaire, président du comité du carnaval de Guyane. Leur déplacement a été cofinancé par la Région Guyane, la mairie de Cayenne et quelques sponsors. « Il y a des groupes guyanais à Paris, mais la source est quand même venue pour prêter main-forte ! » Avec son chef de musique, Myrto Dubois, ils espéraient bien décrocher un prix pour la musique… « C’est notre force ! », lançait Raphaël Césaire, le sifflet encore autour du cou, quand Kassialata a affronté le jury. « Je rends hommage à Kassialata, qui a été consacré meilleur groupe de Guyane », disait Sylviane Cédia en ouverture de défilé, mais qui leur a préféré les Guadeloupéens d’Explosion V.
La razzia d’Explosion V
Sylviane Moudat est la secrétaire de l’association Explosion V. La Région, la mairie et l’office du tourisme les ont aidés pour ce déplacement lourd. « Nous avons déjà été invités l’an dernier. Les gens apprennent à reconnaître notre savoir faire, particulièrement pour nos costumes. » Elle pensait à la réelle possibilité de recevoir ce prix pendant le passage devant le jury, mais elle vitupérait l’organisation : « On ne devrait pas passer derrière les groupes à masques et les groupe à peaux. Ils nous empêchent de nous exprimer car nous n’avons que des caisses claires… Ca fait 27 ans que je rabâche la même chose ! » La cacophonie ambiante brouille l’écoute, mais les plumes font mouche dans l’œil des jurés au point de décerner à Explosion V, outre ses trois prix du jury, le prix spécial de la Fédération du carnaval de Paris.
Paroles de jurés
« Il y avait beaucoup d’idées, de recherches artistiques, même une mise en scène avec Chayé Yo », commente Firmine Richard. « Nous, on a envie de rêver, reprend Sylviane cédia, et là, j’ai été dépaysée ! » « Cette manifestation prend de l’ampleur, fait remarquer Rony Théophile, il y a plus de groupes et plus d’invités des îles… » « Nous l’avons vu évoluer… », dit Sylviane Cédia. « C’est une réussite, poursuit le chanteur, et ça sera un rendez-vous incontournable tant pour les Parisiens que pour les Caribéens. »
Eric Alexis-Rosso, Michel Denis et Rony Theophile
Alizés 78
Aroma de Samba
Aye cheche
Baryl band
BKB
Bwa bandéCabo Verde
Chayé Yo
La Chine des ethnies
La Colombie
La Colombie bis
Cou Bouillon, du Prêcheur
Difé Kako
Ethnik 97
Explosion V, du Moule
Fleshkan Panier
Hibiscus, de Saint-Malo
Kassialata de Cayenne
Lasauss, de Schoelcher
Mas ka klé de Pointe-à-Pitre
Mas mélé
Le Mejom
Mi yo
Nou pa sav, du Lamentin
Pikan, de Vieux-Habitants
Point d'interrogation, de Chauvel/Abymes
Rasine Ginen, Haïti
Roulo dor
Siguine
Sinnamary-Gaïana
Souf Kreyol
Ti mass Paname
Tropic groove, de Strasbourg
West Inval, le cracheur de feu
West Inval, les jongleurs
Woulib
Yaa Youth, d'Angleterre
Yes we pan, façon Trinidad